L’occasion fait rire les larrons du TCE
L’Atelier lyrique de Tourcoing proposait il y a peu une nouvelle production de L’Occasion fait le larron de Rossini, dans une mise en scène de Laurent Serrano. Le Théâtre des Champs-Elysées et Jeanine Roze Production accueillent la même équipe pour une version mise en espace (quelques chaises et deux tables pour tout décor, des costumes simplifiés) pour un spectacle réjouissant, dans le cadre des concerts du dimanche matin qui accueillent un public de tous âges. L’œuvre, qui correspond aux standards rossiniens, enchaîne les quiproquos et les échanges d’identité afin de créer des situations rocambolesques : alors qu’Alberto s’apprête à retrouver sa promise Berenice (qu’il n’a jamais rencontrée), il croise la route de Don Parmenione qui parvient à prendre son identité dans l'espoir d'obtenir la main de la demoiselle. Mais parallèlement, Berenice, souhaitant tester son fiancé, échange son costume avec celui de sa camériste.
Dirigé par Emmanuel Olivier, au geste souple, l’orchestre de La Grande Ecurie et la Chambre du Roy découpe un phrasé structuré, précis et nuancé (mais manquant du coup parfois d’ampleur), à l’aise dans les codes rossiniens, avec sa tempête explosive et ses crescendos bien préparés.
Christian Senn chante le rôle de Don Parmenione avec dynamisme et beaucoup d’humour dans les postures et les mimiques. Son timbre corsé au beau legato s’exprime dans un phrasé véloce et charmant. Pauline Sabatier, en Ernestina, se montre coquette à souhait. Sa voix moelleuse offre un timbre moiré et des aigus pointus au très léger vibrato. Ses interventions manquent toutefois de volume, notamment dans son premier duo.
Dans le rôle de Berenice, la pétillante Clémence Tilquin présente une voix charnue, finement émise et épanouie, bien qu’elle fatigue sur la fin de la représentation et doit alors baisser le menton pour trouver ses mediums. Investie, elle offre une prestation théâtrale enthousiaste et séduisante. Son promis, Alberto, prend les traits de Jérémy Duffau, qui tarde à se trouver à son aise scéniquement. Sa voix au timbre riche et ensoleillé manque encore d’architecture, notamment dans l’aigu, ce qui provoque parfois un léger défaut de justesse. Bien projetée, elle apporte une ligne chantante aux ensembles, et sait se faire tendre dans son duo d’amour avec Berenice.
Sergio Gallardo est un Martino impliqué, à la voix (et au vibrato) large et ample, tout comme son souffle, et au phrasé haché. Enfin, Nicolas Rivenq interprète un oncle Eusebio flegmatique et de noble consistance, tant dans le port que dans le timbre.
Le public s’en retourne ravi, concluant qu’une bonne mise en espace est finalement plus appréciable qu’une mise en scène moyenne.