Les premières à ne pas louper cette semaine
Pas moins de quinze maisons d'opéra françaises et une suisse vont faire revivre Les Caprices de Marianne, opéra composé par Henri Sauguet et créé au Festival d'Aix-en-Provence en 1961. Après le succès de son premier projet, Le Voyage à Reims de Rossini, le Centre Français de Promotion Lyrique, à l'initiative du projet, se lance le pari de faire découvrir cet opéra méconnu, coproduit ici par 17 institutions. Incompris de son vivant et encore aujourd'hui peu représenté, le compositeur s'était inspiré de la pièce homonyme d'Alfred de Musset datant de 1833. Une œuvre profondément romantique dans laquelle se joue un triangle amoureux liant Marianne, Octave et Coeli, qui ira jusqu'à causer la perte de ce dernier. Si le livret de Jean-Pierre Grédy situe l'action dans le Naples du XVIe siècle, le metteur en scène Oriol Tomas projette l'œuvre dans les années 50 et placent ses acteurs sous le décor d'une voute arachnéenne, véritable métaphore du piège fatal dans lequel s'entraînent les protagonistes. Au total, ce sont 40 représentations et une double distribution sur deux saisons qui seront données. De multiples occasions, pour ne pas passer à côté de cette œuvre du compositeur français, qui permet notamment à de jeunes chanteurs de s'illustrer. Le coup d'envoi avait été donné à Reims en octobre dernier. L'Opéra de Rennes est la 6e étape de cet opéra, qui ira le mois prochain à Avignon.
Les Caprices de Marianne d'Henri Sauguet mis en scène par Oriol Tomas © Rolan Le Menn
Autre œuvre exhumée, Le Pré aux clercs de Ferdinand Hérold sera jouée à l'Opéra Comique jusqu'au 2 avril. Sur un livret d'Eugène de Planard, d'après Chronique du règne de Charles IX -seul roman du poète de Prosper Mérimée-, l'œuvre a été représentée à l'Opéra Comique le 15 décembre 1832, un mois avant la mort du compositeur. Véritable succès, elle atteignait sa 1000e représentation en 1871. Oscillant entre légèreté et drame, cet ultime chef-d'œuvre, dont la mise en scène a été confiée à Érik Ruf, comédien fraîchement nommé Administrateur général de la Comédie française, décline habilement les facettes du jeu d'acteur. Les duels et drames amoureux du baron de Mergy mis en perspective par les amours contrariés de Nicette, sont ici offerts à la verve de jeunes interprètes. L'Orchestre Gulbankian a été placé sous la direction du chef d'orchestre anglais Paul McCreesh. Après avoir donné Zampa, premier succès de Hérold, et avant sa fermeture à la fin de saison pour travaux, l'Opéra Comique, offre ainsi une seconde occasion de se replonger dans le répertoire trop méconnu du compositeur français. À noter que France Musique offrira une diffusion le samedi 11 avril 2015 à partir de 19h08 dans son émission “Samedi soir à l'opéra".
Le Pré aux Clercs de Ferdinand Hérold ressuscité à l'Opéra Comique de Paris © Pierre Grobois
Œuvre résolument contemporaine tant dans ses gènes que dans sa transposition, Solaris arrive à l'Opéra de Lille demain soir après avoir foulé les planches du Théâtre des Champs-Élysées de Paris et avant d'atterrir à Genève. Roman de science-fiction écrit en 1961 par Stanislas Lem, les thèmes abordés par Solaris ont intéressé nombre de mains expertes. Porté à l'écran successivement par Andrei Tarkovski en 1972, puis en 2002 par Steven Soderbergh, Solaris se voit transposé en opéra par trois fois. Accueilli à Munich en 1996, puis de Turin en 2011, il ouvre le Festival de Bregenz en 2012. Honorant la commande faite conjointement par le Théâtre des Champs-Élysées, l'Ircam, ainsi que les opéras de Lille et Genève, le compositeur Dai Fujikura s'allie au metteur en scène Saburo Teshigawara. Les deux créateurs nippons s'approprient ce monument du genre dans la simplicité. Lumières aériennes, présence sur scène réduite, décors à l'esthétique minimale, les ingrédients sont là et composent la formule propre à restituer l'ambiance aliénante élaborée par Lem. Tandis que les réalisations 3D créées par l'artiste visuel Ulf Langheinrich en amorcent la plongée, le dispositif électronique de l'Ircam module la voix des interprètes et s'attache à rendre compte de la folie dans laquelle le docteur Kris Kelvin, protagoniste clé de la pièce, s'apprête à tomber. Sous la baguette d'Erik Nielsen, l'Ensemble intercontemporain, donne corps à l'océan, être intelligent matérialisant les peurs enfouies de chacun. Une transposition qui dans son appareil le plus simple et son orchestration savamment étudiée, renvoie le spectateur à lui-même.
Solaris de Dai Fujikura et Sabura Teshigawara à l'Opéra de Lille © Vincent Kunes
Informations pratiques :
Les Caprices de Marianne d'Henri Sauguet, Opéra de Rennes
Pl. de la Mairie, 35 000 Rennes
Dates : lundi 23 mars à 20h, mercredi 25 à 20h, vendredi 27 à 20h
Tarif : de 11 à 50 €
Durée : 2h20
Calendrier :
Reims les 17 et 18 octobre : Metz les 23 et 23 novembre, Massy les 5 et 7 décembre, Marseille les 29, 30, 31 janvier et 1er février 2015, Tours les 13, 15 et 17 février, Rennes les 23, 25 et 27 mars, Avignon les 12 et 14 avril, Saint-Etienne les 14, 16 et 18 octobre, Nice en novembre, Rouen les 11, 13 et 15 décembre, Toulouse les 22, 24, 26, 29 et 31 janvier 2016, Bordeaux les 19, 21, 22 et 23 février, Limoges les 10 et 12 mai, et Neuchâtel (date à définir).
Bande-annonce de l'opéra Les Caprices de Marianne d'Henri Sauget à l'Opéra de Rennes
Le Pré aux clercs de Ferdinand Hérold, Opéra Comique de Paris
Opéra Comique, Salle Favart, 1 pl. Boieldieu, 75002 Paris
Dates : lundi 23, mercredi 25, vendredi 27, mardi 31 mars et jeudi 2 avril à 20h. dimanche 29 mars à 15h.
Tarif : de 6 à 120 €.
Durée : 2h30 environ, entracte compris.
Extraits du Pré aux clercs à l'Opéra Comique de Paris
Solaris de Dai Fujikura et Saburo Teshigawara, Opéra de Lille
Opéra de Lille, 2 rue des Bons Enfants, 59 001 Lille
Dates : mardi 25, jeudi 26 à 20h (suivi d'une rencontre avec l'équipe artistique), samedi 28 mars à 18h.
Tarif : de 5 à 34 €.
Durée : 1h40
Bande-annonce de Solaris de Dai Fujikura et Saburo Teshigawara