Concert Fortissimo ! La jeunesse prend le pouvoir à l’Opéra de Marseille
L’Opéra de Marseille a lancé cette année le programme Fortissimo ! pour mieux se faire connaître d’un public plus jeune. Il inclut notamment une tarification à moindre coût des places invendues pour les moins de 28 ans. Dans le cadre de ce même programme, la maison phocéenne organise pour la première fois de l’histoire de l’institution une soirée réservée à cette tranche d’âge, à 9€ en tarif unique. L’ambiance n’est pas sans rappeler celle des très courues avant-premières jeunes de l’Opéra de Paris.
Le programme de la soirée a été conçu comme une mise en bouche assez éclectique. Il alterne ainsi très grands tubes du classique avec d’autres œuvres moins connues du grand public mais durablement inscrites au répertoire. Le concert fait la part belle aux duos : à la Barcarolle des Contes d’Hoffmann répond le « Duo des Fleurs » de Lakmé, sur lesquels le timbre piquant de Valentine Lemercier et celui plus léger et aérien d’Amélie Robins bâtissent une belle complicité vocale. Le baryton Philippe Ermelier les rejoint pour « Soave sia il vento » issu de Cosi fan tutte, tout en douceur.
Amélie Robins interprète seule l’air devenu standard de jazz qu’est Summertime de George Gershwin, avec justesse et application. Après l’entracte, elle retrouve un répertoire qu’elle connaît mieux avec « Deh vieni non tardar » issu des Noces de Figaro. La diction est excellente et le phrasé très musical, sa voix a toute la malice de Susanna. Sur le très céleste « Sul fil d'un soffio etesio » extrait de Falstaff de Verdi, elle change de registre et fait étalage de sa tessiture dans le suraigu, avec toutefois un vibrato allant croissant en fin d’air. La mezzo-soprano Valentine Lemercier, quant à elle, déploie de beaux aigus libérés sur la « Romance à l’étoile » d’Emmanuel Chabrier, peut-être l’œuvre la plus méconnue de la soirée.
L’Orchestre Philharmonique de Marseille, vedette du spectacle, fait preuve de toute sa versatilité et passe de l’Ouverture du Vaisseau Fantôme de Wagner à Mozart avec la même maîtrise dans l’exécution. La direction délicate et dynamique de Victorien Vanoosten met en avant le timbre feutré des bois et les changements de rythme impeccablement négociés, en particulier sur les valses bien connues de Casse-Noisette et du « Beau Danube Bleu ».
Après un très théâtral « Air du Toréador » par Philippe Ermelier, la soirée s’achève sur les miaulements du « Duo des Chats », où Valentine Lemercier et Amélie Robins laissent libre champ à leur fantaisie, tout en restant solides vocalement. Le public, amusé par le changement de registre, a visiblement apprécié et accompagne ses applaudissements d’une standing ovation.