La musique d’Hector Berlioz resplendit sous les ors de l’Opéra Royal de Versailles
L’année 2019 marquera les célébrations du 150ème
anniversaire de la disparition d’Hector Berlioz. En lien avec la
grande exposition sur Louis-Philippe qui s’ouvre au Château,
l’Opéra Royal de Versailles a souhaité d’ores et déjà
anticiper cet événement en programmant sur la saison 2018/2019, un
cycle Berlioz. Le concert dirigé par Sir John Eliot Gardiner en
constitue la première étape.
Il y a 170 ans, précisément le dimanche 29 octobre 1848, dans une salle rénovée et enfin ouverte au grand public, Hector Berlioz dirigeait l'un de ces immenses concerts dont il détenait le secret : 400 musiciens sur scène alternant les compositions de Gluck, Beethoven, Rossini, Weber et Berlioz bien entendu ("Grande fête chez les Capulet" du Roméo et Juliette, "La Marche Hongroise" de La Damnation de Faust). Ce concert marquait avec faste l’avènement de la Seconde République naissante.
Grand défenseur de la musique de Berlioz et admirateur passionné du compositeur, la présence de Sir John Eliot Gardiner à la tête de son Orchestre Révolutionnaire et Romantique s’imposait plus que tout autre. Le chef anglais avait donné des représentations de tout premier ordre des Troyens à Carthage avec son orchestre au Théâtre du Châtelet, il y a maintenant quinze ans.
En première partie du programme, l’Ouverture du Corsaire puis des extraits flamboyants des Troyens à Carthage –La Chasse Royale et l’Orage-, donnent le ton et mettent en valeur un orchestre en parfaite osmose avec son chef. Les cuivres et les bois resplendissent de précision et de beauté, sans un accroc, sans une défection. Avec une voix de mezzo-soprano profonde aux riches harmoniques, dotée d’un timbre très particulier, Lucile Richardot livre une interprétation brillante et toute vibrante de la scène lyrique Cléopâtre, composée en 1829 par Berlioz -sur un texte imposé de Pierre-Ange Vieillard à la prosodie complexe-, pour le Prix de Rome qu’il n’obtint d’ailleurs pas avant sa quatrième tentative. Dans la scène et l’air de Didon des Troyens, "Ah, je vais mourir… Adieu fière cité", Lucile Richardot démontre ses évidentes affinités avec cette musique et sa dimension dramatique, malgré quelques aigus encore un peu fixes que le temps saura assouplir.
En seconde partie, Sir John Eliot Gardiner offre une lecture toute en majesté et en maîtrise de la Symphonie Fantastique. Cette œuvre qu’il a si souvent dirigée semble comme revivre sous sa baguette, sans aucune lassitude de sa part. Il émane de son interprétation un plaisir éternellement renouvelé que le chef communique chaleureusement tant à son orchestre qu’au public présent.
Le 6 novembre prochain, François-Xavier Roth dirigera La Damnation de Faust avec son Ensemble Les Siècles et le concours d’Anna Caterina Antonacci, Mathias Vidal et Nicolas Courjal. Une seconde soirée Berlioz qui augure de précieux moments (à réserver ici).
Rendez-vous dans quelques jours sur Ôlyrix pour découvrir une grande interview de Laurent Brunner, Directeur de Château de Versailles Spectacles, qui revient sur ces productions, les célébrations anniversaires, avec bien d’autres annonces !