Opéra Junior au Festival de Montpellier : une fraicheur de rose
Opéra Junior offre à des enfants et adolescents l’opportunité de découvrir l’opéra en le pratiquant par le chant, la danse et le théâtre. Cette troupe se produit au Corum dans le cadre du Festival Radio France Occitanie Montpellier, dans un programme centré sur l’émoi amoureux, où la rose est au centre des métaphores. Une cinquantaine de choristes (à 95% féminins) œuvre donc sous la direction de Vincent Recolin et Caroline Comola, qui alternent au pupitre (y compris au milieu d’un morceau) et guident leurs ouailles de gestes précis et didactiques, traçant de la main les lignes musicales. La seconde rejoint même à la flûte traversière Marie Arnaud qui accompagne le spectacle au piano.
Quatre séquences s’enchaînent. La première a trait à la mise en musique de textes sur l’amour courtois, par Heinrich Poos (notamment le célèbre « Belle qui tient ma vie », interprété ici dans une rythmique de comédie musicale) et John Dowland. Une jeune artiste entre seule et entonne « L’Amour de Moy », a cappella. Ainsi, au fil du spectacle, de nombreux choristes sont mis en avant dans de brefs rôles solistes ou en ensembles réduits. L’air est ensuite complété par l’ensemble au grand complet : les doux timbres s’agrègent de manière homogène dans un suave chant profondément mélancolique.
La seconde séquence emprunte des airs aux mélodies françaises de Fauré et Debussy. Là encore, des solistes entonnent les mélodies. Certaines chanteuses ont déjà des voix lyriques affirmées, d’autres manquent encore de technique mais dévoilent de beaux timbres. L’ensemble, porte une grande attention aux nuances, susurrant parfois des piani de velours et détachant parfois des syllabes martelées. D’ailleurs, leur chef suspend l’attention du public à la fin de chaque air afin de laisser le temps aux derniers sons de s’envoler et se perdre dans la salle.
« Toi, le cœur de la rose », extrait de l’Enfant et les sortilèges de Ravel, un opéra, est interprété à plusieurs pupitres contrapuntiques, berçant l’auditoire de leurs lignes musicales effilées.
Enfin, deux chansons populaires espagnoles clôturent le concert. La seconde, « Adela » de Joaquinn Rodrigo, qui se voit même bissée, enchante le public de ses rythmes andalous : même la cheffe Caroline Comola ne peut s’empêcher de laisser danser ses pieds tandis que ses mains battent la mesure. Les chanteurs claquent des mains (avec plus ou moins de conviction) dans de graciles mouvements jusqu’au tonnerre d’applaudissement du public nombreux, et manifestement composé en partie de proches des chanteurs.