Opéra de Dijon 2018/2019 : Liberté chérie !
« C'est la liberté qu'il faut que l'on aime, le bien suprême c'est la liberté » entonnent la nymphe et le chœur des Boréades de Rameau. Cette œuvre trop rarement représentée (notamment en raison de son effectif important et complexe) a été pensée comme la "pierre angulaire" de la saison dijonnaise en 2018-2019, car elle regroupe les combats pour la liberté sociale, politique, amoureuse et de conscience. Emmanuel Haïm dirigera une belle distribution française : Hélène Guilmette (Alphise), Emmanuelle de Negri (Sémire, Polymnie, Cupidon, Nymphe), Mathias Vidal (Abaris), Christopher Purves (Borée), Yoann Dubruque (Borilée), Edwin Crossley-Mercer (Adamas, Apollon), Sébastien Droy (Calisis). La mise en scène sera l'œuvre de Barrie Kosky, directeur artistique de l'Opéra Comique de Berlin avec lequelle Dijon est ici en co-production.
Trois femmes libres vivront leur destin tragique sur ces planches. Jenufa ouvrira la saison (dans une co-production avec le Théâtre de Caen) avec les musiciens compatriotes de Janáček : Les Czech Virtuosi dirigés par Stefan Veselka. Sarah-Jane Brandon tiendra le rôle-titre, mise en scène par Yves Lenoir.
Autre production nouvelle de Dijon, La finta pazza de Francesco Sacrati proposera un moment dans l'histoire de l'opéra : le premier opus créé pour le premier bâtiment spécifiquement construit pour abriter des représentations d'opéra (le Teatro Novissimo de Venise, le 14 janvier 1641) avec de fait la première prima donna de l'histoire, qui sera ici incarnée par Mariana Flores dans une mise en scène signée Jean-Yves Ruf. Le chef d'orchestre est un habitué des lieux et du répertoire (dont il nous a parlé en interview) : Leonardo García Alarcon.
Troisième destin déchirant : Carmen de Bizet. Après avoir charmé en Mercédès à Bastille, Antoinette Dennefeld est promue à une prise du rôle-titre, face au Don José de Georgy Vasiliev, David Bizic en toréador ainsi qu'Elena Galitskaya pour Micaëla. Adrien Perruchon dirigera les forces orchestrales, chorales et maîtrisiennes dijonnaises réunies, dans une mise en scène de Florentine Klepper.
Nabucco de Verdi incarnera évidemment la liberté politique avec le célébrissime "Va, pensiero", chœur des Hébreux prisonniers à Babylone dans lequel s'étaient reconnus les contemporains italiens de Verdi sous le joug autrichien. Marie-Ève Signeyrole signe la mise en scène et la vidéo de cette nouvelle coproduction (présentée à l'Opéra de Lille le mois prochain). Le rôle-titre revient à Nikoloz Lagvilava, face à Mary Elizabeth Williams en Abigaïlle. L'Orchestre et le Chœur des lieux seront menés par Roberto Rizzi-Brignoli.
Ultime recherche de liberté pour la dernière production lyrique de la saison : Koma est dédié à une femme dans le coma, un sentiment transcrit pour le public plongé dans le noir. Cet opéra créé en 2016 par Georg Friedrich Haas sur un livret de Händl Klaus sera mis en scène par Immo Karaman, le Kärntner Sinfonieorchester étant dirigé par Bas Wiegers.
Outre la danse et de nombreux événements autour des spectacles, Dijon propose une belle saison de concerts par ses artistes associés (Emmanuelle Haïm et le Concert d’Astrée, Jos van Immerseel & Anima Eterna Brugge) et ceux en résidence : Les Dissonances & David Grimal (pour des programmes symphoniques du XXe siècle), Leonardo García Alarcón et Cappella Mediterranea (proposant la Messe en si de Bach et Il Diluvio universale de Falvetti), mais également le compositeur en résidence Brice Pauset, le claviériste Andreas Staier ainsi que le photographe Gilles Abegg.