Vox Luminis et L’Achéron à l’Arsenal de Metz : lumière, paix et joie
Abordant la thématique de la fin dernière, les œuvres allemandes d’abord proposées s’ancrent dans la vision luthérienne de la mort, point de félicité ultime d’une vie de foi, avant d’aborder avec le Stabat Mater d'Agostino Steffani une forme plus douloureuse.
Le splendide consort de violes de gambe de L’Achéron, construit par le luthier Arnaud Giral pour les besoins de l’ensemble, confère sérénité et solennité aux premières mesures des Sept Paroles du Christ en Croix de Heinrich Schütz. L’ensemble vocal Vox Luminis offre un contrepoint solide malgré quelques difficultés d’ancrage des ténors et une diction allemande légèrement française des solistes par endroits. Vox Luminis semble plus convaincant sur les passages choraux qu’individuels. Les sopranos annoncent les paroles de Jésus (Und Jesu sprach) par une diction claire et un timbre plus assuré, excellant sur la quatrième parole (« Pourquoi m’as-tu abandonné ? »).
Le programme indique que le Requiem de Johann Caspar Kerll, autre œuvre méconnue, a probablement été composée au cours d’un séjour à Vienne, alors ravagée par l’épidémie de peste (la Colonne de la Peste, en plein milieu de la ville, fut érigée sur ordre de l’empereur Léopold Ier pour marquer la fin de l’épidémie) et par un premier siège de la ville par les Turcs en 1683.
Les basses de Vox Luminis et la basse de viole vibrent conjointement. Le Kyrie donne l’occasion d’apprécier la somptueuse fluidité des cordes et les voix qui gagnent en vigueur. Les sopranos poursuivent comme elles ont commencé, pures, limpides et claires, jusqu’à un Amen choral à la fois solennel et chaleureux.
Deux très courtes œuvres de Dietrich Buxtehude débutent la deuxième partie du programme : Mit Fried und Freud (Avec paix et joie) et un Klaglied, chant de déploration composé à la mort du père du compositeur. À nouveau, la chaleur du timbre des sopranos donne tout leur sens aux paroles de paix et de joie, alors que le Klaglied à la coloration plus sombre introduit efficacement le Stabat Mater de Steffani pour clore le programme.
La diction latine est précise sur ce Stabat Mater, et les difficultés d’ancrage ont disparu. Assurés, les ténors poursuivent sans faillir l’introduction de la soprano soliste, traduisant par la voix la douleur du Stabat Mater, associant au lexique des effets vocaux, mouvements descendants sur « gementem » (gémissant), mêlant des mélismes aux « flammes » (flammis) qui trouvent dans les voix la figuration sonore de leur mobilité. Le choral, de plus en plus intense, s’achève dans un Amen lumineux.
Le Gloria du Stabat Mater en rappel reçoit les mêmes applaudissements nourris du public que la fin du concert.