Laurence Equilbey et le chœur Accentus brillent à la Philharmonie de Paris
Le concert commence avec des extraits des Chants bibliques d’Antonín Dvořák (les numéros I à V, ainsi que le IX et le X), pour baryton solo, chœur et orchestre. L’Orquestra Gulbenkian, ensemble portugais, profite d’une direction énergique, sans être autoritaire, pour trouver un très bel équilibre dans sa sonorité. Le baryton Thomas Hampson, toujours avec charme et séduction (c'est un peu notre Georges Clooney de la musique classique), est très à l'écoute de l’orchestre, et se fond parfaitement dans le très beau son de l’orchestre. Il s’appuie sur une excellente technique pour pallier les petits soucis que l’âge peut poser aux chanteurs, mais ne peut éviter un vibrato un peu trop large. La merveilleuse acoustique de la salle est son alliée, et empêche qu'il soit couvert par le chœur ou l’orchestre. Il a manifestement très bien travaillé sa prononciation du tchèque, ce qui ne l’empêche pas d’être un tout petit peu trop le nez dans sa partition, faute tout à fait pardonnable, vu la difficulté de cette langue. Il montre malgré tout, dans le dernier chant, quelques signes de fatigue vocale, d'autant que c'est surtout l’orchestre qui enchante dans ces pièces de Dvořák.
Sans entracte, et après l'entrée en scène du chœur Accentus, le concert continue avec le Deutsches Requiem de Johannes Brahms. Ce qui frappe d’abord l’auditeur, c'est l'excellente diction du chœur, qui, dans cette salle, donne l'impression que le texte est chuchoté à son oreille. Les surtitres sont à peine nécessaires à la compréhension, tant leur projection du texte est efficace. Dans le deuxième numéro, les chanteurs se tuilent si bien au son de l’orchestre qu'on distingue à peine leur entrée. La cheffe Laurence Equilbey, de manière souple et élégante, offre une lecture très spirituelle et solennelle de l'œuvre, sans jamais tomber dans le pompeux. Dans le troisième numéro, l’écriture fait se répondre le baryton solo et le chœur. Thomas Hampson déclame (par cœur) de façon très véhémente, tandis que le chœur intervient de façon beaucoup plus douce, ce qui offre de très beaux contrastes. Le numéro central permet aux choristes de montrer l’étendue de leur talent, notamment dans une très belle fugue. Le numéro suivant est également un moment de grâce, dans lequel la soprano Miah Persson, malgré un vibrato un peu serré et un premier aigu un peu tendu, montre une grande musicalité et un très beau phrasé. Cependant, ses aigus sont tous très en arrière, et elle se trouve souvent couverte par le chœur. Thomas Hampson intervient de nouveau dans le numéro six, faisant preuve d’un phrasé impressionnant, malgré quelques problèmes de justesse, certainement liés à la fatigue grandissante. Sa présence a toujours été fascinante, et elle l’est encore ce soir, même lorsqu'il est assis. Le final est magnifique, le chœur déployant de très belles nuances vers le silence particulièrement émouvant qui suit la dernière note. La salle presque pleine acclame les artistes par des bravos amplement mérités.