Un enivrant air irlandais au Festival Berlioz
Afin d’explorer les différentes facettes du thème de cette édition du Festival Berlioz de la Côte-Saint-André, So British !, la programmation fait un détour par l’Irlande, qui inspira au compositeur français un cycle de mélodie et où son épouse Harriet Smithson puisait ses origines. Pour compléter ce programme, le compositeur et ami de Berlioz, Felix Mendelssohn est convoqué.
C’est d’ailleurs sa pièce instrumentale, Les Hébrides
Antoinette Dennefeld au Festival Berlioz (© Festival Berlioz)
La mezzo-soprano Antoinette Dennefeld, véritable révélation de ces dernières années, fait alors son entrée en scène pour chanter les Neuf Mélodies irlandaises de Berlioz, dans une orchestration d’Arthur Lavandier. La première est le Coucher du soleil. La voix large et chaude de la chanteuse rayonne avec élégance, dans une interprétation nuancée. L’humidité de l’air, typiquement irlandaise elle aussi, oblige régulièrement les instrumentistes à réaccorder leur instrument, et la mezzo-soprano à remonter son châle sur les épaules. Dans Hélène, le folklore irlandais surgit par intermittence, provoquant de forts contrastes de style, parfaitement assurés par le violon solo super soliste de l’orchestre, Deborah Nemtanu, ainsi que l’altiste solo Serge Soufflard, duo dont la complicité s’affiche par un jeu de regards et de sourires. Dennefeld aime cette musique et prend du plaisir à la chanter : cela se lit dans ses yeux. Les trompettes et trombones positionnés à cour répondent aux cors placés à jardin.
Les mélodies s’enchaînent, construisant différents univers sonores, offrant un véritable voyage à l’auditoire. Le vibrato serein de Dennefeld résonne dans la Belle Voyageuse, puis laisse place au rythme dansant du tambourin dans la Chanson à boire. Peu après, le Chant sacré expose les ronds aigus de la mezzo, accompagnés par les chauds pizzicati des contrebasses aux gestes délicats. La diction de la Française est impeccable dans la langue de Molière. Deux mélodies sont également chantées en anglais, avec un accent suffisamment marqué pour charmer les personnes ayant récemment élu l’accent français comme le plus séduisant au monde. Même les couacs de la cornemuse, qui provoque les rires de certains musiciens, obligés de se cacher derrière leur instrument, ne ternissent pas la prestation : la pièce, magnifique, voit les pupitres de l’orchestre entrer les uns après les autres dans un grand crescendo, dans un mécanisme proche de celui utilisé par Ravel dans son Boléro.
Douglas Boyd et l'Orchestre de chambre de Paris au Festival Berlioz (© Festival Berlioz)
Dernière pièce de la soirée, la Symphonie n°3 de Mendelssohn laisse entendre sa musique calme et apaisante, à l’image d’un paysage au matin. Les vents offrent une belle prestation dans cette partition très théâtrale, depuis les cors majestueux, jusqu’au discret hautbois et aux flûtes au son effilé, ces derniers délivrant d’ailleurs un très beau duo. Le public enchanté par Douglas Boyd et son orchestre leur réserve des applaudissements enthousiastes. Peu après, une gigue retentit à la taverne du château : l’after proposé par le Festival peut débuter !