Fête de la Musique « en chantant » : pas si enchantant
Depuis le public, le Chœur de jeunes de l'Orchestre de Paris ouvre le bal avec un extrait des Scènes de Faust (Schumann) avant de laisser la place à ses aînés : vêtus de noirs, leurs voix sont claires et agréables. Si les placements se font sans heurt pour ce premier morceau, les suivants sont en revanche plus compliqués. Sur scène monte d'abord une partie du Chœur seulement, rejoint plus tard par le reste des choristes. Le tout manque clairement d'organisation et laisse tout de même l'image d'un certain manque de préparation. L'absence d'une grande partie du chœur pour les premiers morceaux joue en sa défaveur : un certain déséquilibre vocal se fait entendre. Ce problème est naturellement résolu lorsque tous les choristes sont enfin sur scène : le timbre est beau et les voix s'équilibrent à merveille. A la croisée des époques, le Chœur interprète un grand nombre de pièces de musique sacrée et cérémonielle : la Musique pour les funérailles de la reine Mary (Purcell), Un Requiem allemand de Brahms, ou encore La Cantate Saint Nicolas de Britten.
L'appréciation des auditeurs est malheureusement interrompue à de très nombreuses reprises : le concert étant en « entrée libre », des spectateurs vont et viennent, n'attendant pas les applaudissements ou ne cherchant pas à se faire discrets. Certains entrent même avec de très jeunes enfants, qui ne peuvent en aucun cas comprendre la notion de silence. Les équipes de la Philharmonie auraient certainement dû contrôler les entrées pour respecter la qualité d'écoute du public.
Lionel Sow (© A. Deniau)
Lionel Sow dirige le choeur de gestes souples mais manquant parfois de précision, entraînant quelques attaques approximatives. La complicité reste néanmoins visible entre le chef et ses choristes. Le moment marquant de cette soirée reste l'interprétation de Musica animam tangens de Joshua Shank. Les choristes sont répartis sur scène ainsi que dans le public pour entonner de magnifiques notes a cappella. Les unissons sont puissants et les harmonies résonnent pour le plus grand plaisir du public, qui se retrouve au cœur du son. Les frottements de cette jolie partition sont un pur délice auditif et démontrent un parfait équilibre des voix. Les spectateurs se retournent et observent les choristes avec admiration et curiosité, n'ayant, pour la plupart, jamais fait l'expérience du son de si près.
Bien que la qualité vocale soit au rendez-vous, un certain laisser-aller se fait ressentir sur la fin du concert : certains choristes lâchent leur posture et leurs partitions, fermant indéniablement leur cage thoracique, pourtant essentielle à la qualité des voix. Malgré tout, le public semble conquis et applaudit chaque morceau avec enthousiasme.