Mille Affetti : les douceurs éclatantes de Bruno de Sá
Pour son deuxième album, Bruno de Sá choisit de partager l’une de ses premières passions : Mozart. C’est aux côtés du claveciniste Nicolau de Figueiredo que le jeune sopraniste a découvert ce répertoire classique (entre baroque et romantisme) : une période qui le fascine par son intensité expressive et sa brillance théâtrale. Bien que son répertoire mozartien soit déjà riche, Bruno de Sá aime également explorer des catalogues de compositeurs moins connus et proposer des œuvres inédites (comme c’est le cas ici).
Le programme s'ouvre ainsi avec « No non cercar per ora » extrait d'Il Mesenzio, rè d'Etruria de Cherubini. Dès les premières notes, Bruno de Sá impressionne par la pureté cristalline de sa voix, sa finesse et sa légèreté. Son agilité vocale, presque déconcertante, évoque parfois le gazouillis délicat d’un oiseau, avec des sauts de registre éblouissants. Ses aigus lumineux et vibrants subliment le texte qu'il traite avec un soin méticuleux, articulant chaque mot et chaque ligne avec une maîtrise parfaite du souffle. Un souffle qui semble quelques fois infini, notamment dans l'interprétation vertigineuse de l'Alleluja ! extrait du Exsultate, jubilate de Mozart, un air qu’il affectionne particulièrement et qu’il offre souvent en bis lors de ses récitals.
Sa prière expressive en italien montre également sa capacité d’émotion, tandis que le caractère sacré en latin se démarque par sa force et sa brillance vocale.
Tout au long de l'enregistrement, le Wrocław Baroque Orchestra déploie une énergie remarquée. Les musiciens, sous la baguette vivante et précise de Jarosław Thiel, alternent avec aisance, contrastes dynamiques et progressions délicates. Le NFM Choir (dont le directeur artistique est Lionel Sow) s’accorde en solennité inspirante, enrichie par l’organiste Marcin Szelest avec subtilité rigoureuse, clarté et souffle.
La minutieuse prise de son signée Ken Yoshida met en valeur l’équilibre parfait entre les voix et les instruments, profitant pleinement de la résonance exceptionnelle du National Forum of Music.
Après un voyage aussi riche en surprises et en virtuosité vocale, mais toujours avec une retenue élégante, l’album se conclut en douceur par l’air « Se possono tanto luci vezzose » extrait de l'Alessandro nell'Indie de Felice Alessandri. Ici, Bruno de Sá laisse entrevoir une forme de tendresse comme un sourire musical, qui illumine sa voix angélique.