1001 Nuits d’été persanes : triptyque en mélodies françaises avec Marie-Nicole Lemieux
Trois cycles de mélodies françaises sont réunis sur le nouveau disque (paru sous le label Erato) de la contralto Marie-Nicole Lemieux, dans leurs versions orchestrales avec le chef Kazuki Yamada à la tête de l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, et l'appui du Palazzetto Bru Zane (Centre de Musique Romantique Française assurant un retour aux sources des pièces). D’abord Les Nuits d’été de Berlioz, puis les Mélodies persanes de Saint-Saëns, pour finir par Shéhérazade de Ravel :
Pièce centrale, cycle au cœur du du disque, les Mélodies persanes de Camille Saint-Saëns réservent bien des surprises : rythmes hypnotiques et dissonances orientalisantes que déploie avec soin l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo. Les vents sont particulièrement en verve, dans leurs arabesques serpentines. Les tableaux sont variés, tantôt rêveurs, tantôt martiaux, tantôt langoureux. La dernière pièce, Tournoiement (Songe d'opium), évoque l’extase mystique du derviche tourneur en ostinato (rythme et motif obstiné) sur un crescendo de cordes. Le livret d’accompagnement du disque et l'écoute ne manque pas de mentionner et de confirmer combien la musique de Saint-Saëns a su donner du relief aux poèmes d’Armand Renaud. La souplesse de phrasé de Marie-Nicole Lemieux parvient également à leur insuffler plus d’expression. Cette interprète à la voix chaude dotée d’une grande longueur de souffle, excelle ainsi dans ce registre de la mélodie française (a fortiori lorsqu'elle se déploie comme ici dans des dimensions orchestrales, alors que ce genre a sa source dans le plus intime piano-voix). La diction de la chanteuse est soignée, bien que le vibrato ample altère parfois les voyelles. Difficile de le lui reprocher toutefois, car il fait le sel de ce timbre capiteux, qui conserve sa couleur égale de l’aigu au grave profond. Elle sait subtilement l’affiner sur les piani comme dans son interprétation intensément émouvante du Spectre de la rose (dans Les Nuits d'été de Berlioz).
Bien qu’affranchi de l’intimité du chant et piano, cet enregistrement n’en présente pas moins une sobriété chaleureuse, captivante. Sous la conduite de Kazuki Yamada, l’orchestre y fait entendre un foisonnement de motifs, qui se marient agréablement à la voix de la chanteuse, plongeant dans l'univers envoûtant et enchanteur (toujours lyrique) de Shéhérazade pour conclure l'album et le voyage.