Même confinés, les orchestres jouent encore
Mise à jour du 15 avril : les Orchestre et Choeurs de l'Opéra de Paris disent Merci à toutes celles et ceux qui sont aujourd’hui en première ligne dans la lutte contre la pandémie, avec un "Nessun dorma" (pour ces personnels qui en effet ne dorment pas afin de nous protéger)
et dans une troisième vidéo, les chœurs et instrumentistes interprètent les Danses Polovtsiennes du Prince Igor (opéra de Borodine qu'ils interprétaient en dehors des grèves)
Le 21 avril, "100 musiciens de l’Orchestre Philharmonique de Radio France jouent Charlie Chaplin pour UNICEF"
Le 23, les Musiciens de l'Orchestre National Bordeaux Aquitaine dirigés par Paul Daniel interprètent la Marche extraite du 1er mouvement de la Symphonie n°7 de Chostakovitch
L'Orchestre National de France a donné le la dès le 29 mars avec une première vidéo très remarquée qui a fait le tour du monde (la vidéo dépasse les 2 millions de vues) :
Le making of de ce Boléro maison, de l'idée à l'enregistrement, en passant par l'arrangement, la synchronisation et la diffusion virale a été publié par France Musique : les coulisses par les artistes
Les artistes à l'Orchestre philharmonique de New York ont également offert un Boléro de Ravel, en hommage aux personnels de santé :
Ils suivaient notamment l'initiative (mondiale donc) de leurs collègues à Rotterdam qui offraient la 9ème Symphonie de Beethoven le 20 mars
Trois jours plus tard l'Orchestre Philharmonique du Colorado offrait aussi l'Ode à la Joie
Les choix de ces morceaux sont emblématiques : il s'agit de chefs-d'oeuvre universellement connus rappelant combien la culture unit les peuples par-delà les tragédies (la dernière symphonie de Beethoven est symbole de paix et de concorde), ils sont aussi des morceaux aux fortes empreintes mélodiques et surtout rythmiques (pour bien se synchroniser, comme sur le légendaire ostinato-mouvement obstiné du Boléro).
Le répertoire d'opéra est bien entendu à l'honneur également, rappelant combien l'art lyrique est populaire (et combien de spectacles ont été annulés, sur lesquels de grands orchestres travaillaient en ce moment et dont ils disposent facilement dans leur répertoire).
Les musiciens de l'Orchestre national d'Île-de-France, sous la direction de Case Scaglione, ont offert "Les Noces de Figaro" de Mozart.
Une vidéo signée Alix Ewald au montage son & mixage, Constance Alexandre pour le montage image et Camilo Peralta "Facilitateur en chef".
Si le chef d'orchestre est traditionnellement le responsable de la synchronisation entre les musiciens dans la salle de concerts, force est d'accorder dans le cas de certaines vidéos la qualité de Maestro aux techniciens audiovisuels : lorsqu'ils ont synchronisé des fichiers recueillis un par un. Si la plupart des vidéos de ce genre sont des play-backs où les instrumentistes miment le jeu (où il faut toutefois bien synchroniser l'image), certaines reprennent aussi les sons enregistrés séparément et de manière confinée. Chaque musicien suit certes une pulsation stricte (avec un métronome ou bien une oreillette pour jouer par-dessus une bande déjà enregistrée), mais il faut applaudir les artistes qui n'ont pas voulu simplement jouer en play-back mais produire un résultat sonore à part entière, à leur image. Or de tels enregistrements, chacun chez soi, de son côté, demandent autant de choix artistiques qu'ils entraînent de difficultés techniques avec des micro-décalages et problèmes liés aux différents outils d'enregistrements (sans parler des effets acoustiques différents entre un musicien enregistrant dans son studio et un autre au bord de sa piscine), sans oublier non plus les équilibres de nuances et de volumes aussi subtils à reproduire sur l'ordinateur que dans une salle de concerts (voire parfois davantage) !
Des équilibres à recomposer entre les instruments aussi bien qu'entre les voix. La musique chorale est également à l'honneur des vidéos confinées, notamment un air lyrique légendaire de résistances : le choeur "Va pensiero" extrait du Nabucco de Verdi, ici virtuellement interprété par l'International Opera Choir
Puccini: "Nessun Dorma" - Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo avec Jean-François Borras
Côté opéras populaires, l'Orchestre Philharmonique de Nice met à l'honneur la Carmen de Bizet, esprit et femme libre et rebelle (qui brave la maladie... en sachant rester chez elle) : "En soutien aux milliers de Carmen, femmes et hommes, qui bravent tout... pour aider, nourrir, accompagner, soigner les autres."
Carmen également interprétée par les musiciens de l'Orchestre Philharmonique de Strasbourg en télétravail
Bizet encore avec 26 des 104 musiciens de l'Orchestre national de Lyon interprétant L'Arlésienne :
L'Orchestre national de Lyon qui propose également une version matinale de Peer Gynt d'Edvard Grieg :
Les musiciens de l'Orchestre national du Capitole de Toulouse offrent une version sociale et "confinée" de la Marche Hongroise extrait de La Damnation de Faust (Berlioz).
Mozart est bien entendu un incontournable, comme le rappelle le Jerusalem Street Orchestra avec Mozart in Quarantine
L'Arctic Philharmonic (dans les confins du Nord) interprète un autre thème célèbre (bien plus fameux que le nom de son auteur) : un "á la Quarantine" sur la Holberg Suite de Grieg.
L'Orchestre Philharmonique de Londres joue des genres frontières avec "All I Ask Of You" du Fantôme de l'Opéra
De l'autre côté de l'Atlantique, à Baltimore, les musiciens plongent dans le grand répertoire symphonique post-romantique avec la fin de la Troisième Symphonie de Gustave Mahler (qu'ils devaient jouer en concert)
L'Orchestre Symphonique de Toronto nous aide à voir vers de vastes et lointains horizons, avec Appalachian Spring (1944) d'Aaron Copland
Le baroque aussi se met au diapason :
"L’Inattendu", orchestre symphonique d'Orléans dirigé par Clément Joubert : les musiciens de la Fabrique Opéra Val de Loire interprètent "Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux" et YMCA en versions symphoniques, elle aussi montées d'après autant d'enregistrements parties séparées.
La première vidéo a été publiée au moment précis où les artistes auraient dû interpréter La Traviata de Verdi (27 mars à 20h sur la scène du Zénith d’Orléans : le spectacle est pour l'instant repoussé aux 19, 20, 21 juin) le tout grâce à des jours de travail et de montage réalisé par le pianiste-monteur, Jérôme Damien et l’ingénieur du son Vincent Carlier.
...et ils nous offrent aussi le légendaire air à boire "Brindisi", le Libiamo de La Traviata (avec making-of et bêtisier) ou Verdi en mode réunion de travail comme on en rêverait ! Pratique, comme dans les logiciels de télé-travail, les petits encadrés se colorent lorsque leurs interprètes jouent ou chantent... Saurez-vous reconnaître tous les accessoires et instruments ? jusqu'à celui qui joue de la batterie... de cuisine
Un style et des répertoires populaires qui ne sont pas pour déplaire aux orchestres et au internautes, comme en témoigne cette version de "Bella Ciao" par l'Orchestre de Serbie
Dans un autre genre, mais tout aussi remarqué (avec 2 millions de vues) et synchronisé : des musiciens se sont réunis à distance pour une Symphonie confinée - interprétant "La tendresse" de Bourvil
L'Orchestre Philharmonique de Marseille est parti loin, très loin, emmenant beaucoup d'humour dans une autre galaxie :
Enfin, les percussionnistes des orchestres de Radio France proposent un clapping d'après Steve Reich : pour applaudir tous ceux qui se mobilisent contre la pandémie
Ce genre de vidéo était virale en nombre de vues, il devient viral dans la mesure où tous les orchestres semblent désormais s'y mettre... avec des thèmes divers et variés, lunettes de soleil et brosse à dents
... et en cette période de déconfinement (à partir du 11 mai), les orchestres ont hâte de nous retrouver :
Retrouvez également tous les opéras retransmis gratuitement en cette période de fermetures des théâtres