Nathalie Arthaud : "Une véritable politique culturelle devrait commencer dès l’école"
Nathalie Arthaud avait déjà publié une tribune sur Ôlyrix durant la campagne présidentielle de 2017 (à retrouver ici).
Ma candidature vise à faire entendre le camp des travailleurs, à permettre au monde du travail d’exprimer ses intérêts matériels et politiques, de se regrouper et de montrer qu’il existe un courant qui défend d’autres perspectives que la société d’exploitation capitaliste. Dans ce combat, mes goûts personnels en matière de musique sont bien secondaires.
A la différence d’il y a cinq ans, je suis allée voir Les Contes d’Hoffmann d’Offenbach et j’y ai pris beaucoup de plaisir. Pas au point que l’opéra fasse partie de mon domaine de prédilection car je n’ai pas baigné dans un univers lyrique. Mais, encore une fois, il ne s’agit que de moi. Bien des camarades de Lutte ouvrière, « mordus » d’opéras, seraient capables de vous transmettre leurs goûts, leurs interprétations préférées. Par ailleurs, la fête annuelle qu’organise Lutte ouvrière comporte une cité des arts, au sein de laquelle des ateliers de découverte des opéras ou des compositeurs de musique classique sont organisés et mis à la portée du public le plus large. Car à notre échelle nous essayons de transmettre quelques rudiments de culture au milieu qui nous entoure.
Les travailleurs n’ont ni le temps, ni le désir, ni les moyens d’accéder à la culture"
Cela dit, au-delà de la question personnelle, la culture, dans notre société, et l’opéra en particulier, restent le privilège des classes aisées de la population, ce que je déplore. Avec la crise économique, l’État fait payer aux classes laborieuses le remboursement d’une dette dont elles ne sont pas responsables, laisse le grand patronat licencier, imposer de bas salaires et aggraver les conditions de travail de ceux qui ont encore un emploi. Face à la pauvreté qui s’accélère et les multiples problèmes qu’ils doivent affronter, les travailleurs n’ont souvent ni le temps, ni le désir, ni surtout les moyens d’accéder à la culture.
Une véritable politique culturelle devrait commencer dès l’école. Cela est indispensable pour les enfants issus de milieux populaires dont les parents n’ont pas la possibilité ni les moyens financiers d’offrir une ouverture sur le monde, et sur la culture en général. Pour cela, il faudrait rompre avec la politique actuelle du gouvernement qui réduit des postes d’enseignants et supprime les matières considérées comme accessoires.
L’État devrait aussi encourager toutes les initiatives locales et régionales en faveur de la culture, que ce soit en développant les bibliothèques, les discothèques et autres médiathèques, l’éveil à la culture scientifique, l’accès à des salles de cinéma, de théâtre, d’opéra à des prix abordables pour une famille ouvrière.
Je me bats pour une société organisée pour le bien-être de ses membres et non pour le profit, une société qui mette les richesses en commun afin que chacun puisse subvenir à ses besoins mais aussi avoir une vie sociale, artistique, intellectuelle la plus riche possible. Et les musiques et la danse font partie de la vie sociale des hommes, quelles que soient leurs formes.
Retrouvez ici notre article présentant cette série d'articles et ci-dessous les réponses des autres candidats :
- Nathalie Arthaud (Lutte Ouvrière) - "Une véritable politique culturelle devrait commencer dès l’école"
- Anne Hidalgo (Parti socialiste) - "Sanctuariser les ressources de la culture"
- Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) - "Porter le budget consacré aux arts et à la culture à 1% du PIB"
- Eric Zemmour (Reconquête !) - "Diffuser des programmes à caractère culturel à la télévision"
- Yannick Jadot (Europe Ecologie Les Verts) - "Un milliard d’euros supplémentaire par an sera affecté au budget du Ministère de la Culture"