De derrière le rideau : c’était au temps où Bruxelles bruxellait…
Jacques Brel chantait Bruxelles comme personne. Ses mots résonnent encore sur la Grand Place, désertée en ces temps d’abstinence conviviale imposée par les évènements. La foule reviendra bien sûr battre ces célébrissimes pavés, mais en attendant la musique ne peut s’imposer qu’à l’intérieur de nos pauvres têtes malmenées par ceux qui nous refusent le droit d’aimer librement le beau. Connaissez-vous Engelbert Humperdinck ? Non ? Et si je vous dis que c’était un élève de Wagner qui a composé un opéra resté célèbre, Hänsel et Gretel, tiré des contes des frères Grimm ? Oui, et c’est justement cet opéra qui va être joué très bientôt au Théâtre de la Monnaie, à Bruxelles, tout près de la Grand Place, plus précisément du 15 au 22 décembre prochain, quand la vie aura repris ses droits et que les portes de l’Opéra Royal de Belgique pourront à nouveau s’ouvrir pour nous. Un frère et une sœur dont la peur n’a d’égale que l’angoisse de leurs parents. Comment se retrouver dans cette forêt de ténèbres, de violence, de vie et de mort mélangées, de prise d’otages par une sorcière ? Ici, pas de petits cailloux blancs mais seulement des morceaux de pain semés sur le chemin et qui disparaissent au fur et à mesure que le temps passe. L’union fait la force et les deux enfants réussissent finalement à vaincre la sorcière, et se sauvent, lestés des richesses de cette dernière pour retrouver la maison de leurs parents. La solidarité des compositeurs fera que Humperdinck croisera le chemin de Tchaikovski qui mettra à sa disposition deux cygnes blancs pour que les enfants traversent ce lac trop profond qui les sépare de la maison familiale. Une fois de plus, la musique, grâce à la clé de ses partitions, redonne là un sol à ces enfants perdus. Si, si !
C’est un peu l’histoire que nous vivons en ce moment. Et nous devons croire que, comme dans Hänsel et Gretel, la peur et l’angoisse finiront par s’éteindre et que la victoire joyeuse appartiendra à ceux qui l’auront appelée le plus fort. Certes, vous le savez, il s’agit ici d’une fiction. Mais parfois la réalité la dépasse et l’on peut déjà entendre la foule envahir la Grand Place comme en ce bon vieux temps où Bruxelles bruxellait…
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