Maestro, s'il vous plait !
Un bar, un restaurant, un stade, une salle de concert, sont des lieux de convivialité où l'on se rassemble pour partager. Partager un simple moment, communier à une même passion. Et soudain, le bruit des balles, des bombes et des sirènes vient anéantir la Fête et fige notre joie en un KO mortel. Finis le tintement des verres, le bruit des fourchettes, les olas communicatives, la musique partagée. Le silence. Rien que le silence. Les cœurs qui battaient ensemble se sont arrêtés d'un coup. La folie radicale de quelques uns a baissé le rideau de la Paix, le rideau de la Vie. Ceux qui utilisent la mort comme justice de la vie ne peuvent, ne doivent avoir raison. Ils ont détruit Palmyre parce que c'était beau, parce que c'était unique, parce que le monde admirait ces vestiges d'une civilisation qu'ils savaient admirable. Le talent et le génie des créateurs sont leurs ennemis.
Tous nos lieux de vie rassembleurs sont fermés pour cause d'état d'urgence nécessaire. Mais ils sont fermés pour pouvoir mieux rouvrir. Mieux encore rassembler dans une foi confirmée du bien vivre ensemble. Que barmen et chefs avec ou sans étoiles sortent leurs meilleures recettes, que les sportifs s'entraînent au plus haut niveau, que les chanteurs reprennent leurs vocalises et que les musiciens accordent leurs instruments ! La Vie doit reprendre sans attendre. Notre peur doit rester en coulisse ou au vestiaire. Que retentissent clameurs et arias ! Que le rêve efface le cauchemar, que le jour succède à la nuit !
Mozart, Verdi, Offenbach, Wagner, Bizet, Donizetti, Massenet, Weber et tous les autres, nous avons besoin de vous. Nous avons besoin de votre génie pour rėenchanter notre monde. Alors calmez notre impatience, que s'ouvre le rideau et que la fête, la fête de la vie recommence à jamais. N'oublions surtout pas ce qui s'est passé mais regardons devant. Oui, c'est là que la vie se trouve.
Maestro, s'il vous plait !
Retrouvez la précédente chronique de Philippe Marigny : Une lumière s'allume et tout est différent