De derrière le rideau : donner du chant au Champ
L’espace d’une soirée, et pas n’importe laquelle, le Champ de Mars s’est transformé en chant de juillet. Un chanté champêtre qu’un million d’yeux et d’oreilles sont venus goûter. Un feu d’artifice de notes envolées pour le plaisir dans ce ciel parisien unique en ce 14 juillet. Vigie, le pirate, veillait sur ce lieu enchanteur et enchanté comme si, l’espace d’une soirée, les fauteurs de trouble pour ne pas dire plus avaient été envoutés par les accents voluptueux de Madame Butterfly et les phrasés merveilleux et uniques de Turandot. Les plus grands noms, à l’initiative de la Mairie de Paris, avaient fait le déplacement. Et même les néophytes, assis des heures dans l’herbe, prenaient un plaisir sans pareil, entourés d’amateurs éclairés de l’art lyrique qui, l’espace d’un instant magique laissaient de côté leurs exigences acoustiques pour ne goûter que ces grands airs servis par de grands musiciens et des voix incomparables, en communion avec leurs voisins d’une soirée.
La musique adoucit les mœurs ! Et si c’était vrai ? L’art lyrique est consensuel, l’art lyrique est facteur de paix même s’il met souvent en avant la haine, la jalousie, la cruauté, la mort et bien des sentiments peu avouables qui s’envolent en volutes musicales réconciliatrices ! Et si les édiles de notre pays y voyaient un encouragement à multiplier les initiatives lyriques dans des quartiers où les pots d’échappements prennent trop souvent le dessus sur violons et hautbois, privant les habitants d’une inspiration œcuménique, pédagogique, créatrice d’émotions que les citoyens, quels qu’ils soient, pourraient partager ? Le chœur des esclaves pourrait enfin chanter la liberté et Giuseppe Verdi devenir éducateur de rue. Laissons la musique et les grands airs d’opéra envahir nos villes et nos cités. L’effet est d’évidence facteur de contagion. Les maires de France pourraient alors prendre des grands airs, non pas en expression de leur excès d’égo, mais en volonté de diffuser à leurs électeurs l’air du jour, comme le fait si bien ce site. L’éclectisme de la musique permettrait de prouver aux opposants éventuels que les jours se suivent mais ne se ressemblent pas. Chaque jour serait un nouveau jour, et par là-même un jour nouveau !
De quoi alimenter tous ces forums dont se sont emparés toutes celles et tous ceux en mal d’expression sur ce que l’on appelle la toile. Et nos voyages, quelque en soient les motifs, seraient une occasion douce de découvrir, ville après ville, village après village, l’ensemble du répertoire. Les jeunes ne suivraient pas ? Que nenni, ils étaient des milliers sur le Champs de Mars à applaudir des voix et des airs dont ils ignoraient tout l’instant d’avant. La curiosité n’est surtout pas un vilain défaut mais une qualité d’ouverture. La Traviata en plein air fait plus que le plein à chaque représentation et le public est multiple et pluriel en ces soirées estivales. Et si, Mesdames et Messieurs les grands responsables de notre pays, on tentait l’expérience pour voire en vrai si la baguette de nos grands chefs ne serait pas un peu magique ? La portée de l’évènement serait à n’en pas douter plus que musicale ! Un arrêté municipal rendrait obligatoire l’usage du diapason. Et notre Pays deviendrait un havre de paix où aucune pollution n’attaquerait nos airs.
Qui donne le la ?Retrouvez la dernière chronique de Philippe Marigny en cliquant ici.