Le programme culturel de Jacques Cheminade
Jacques Cheminade : faire appel à des artistes français
Le candidat promet d’élever le budget de la culture à 2% du PIB (ce qui le rapprocherait de celui alloué aux armées). Ainsi, il est le candidat qui lui octroie le plus de moyens, avec une multiplication par quatre de ce budget (qui se monte aujourd’hui à 0,5% du PIB).
Il explique à Ôlyrix vouloir encourager l'écoute et l'apprentissage de la musique dès la maternelle. Pour cela, il veut renforcer les conservatoires pour permettre l’accès de tous à un enseignement de qualité. De plus, il souhaite « dès le primaire, créer les conditions d’une participation au chant choral de tous les élèves ». Pour les publics moins avertis, il veut créer des « brigades d’intervention artistiques » composées de petits ensembles de musiciens pour diffuser la musique classique.
Au-delà de l'éducation, il promet de mettre en place un « Forum européen de la culture » et de maintenir le régime des intermittents du spectacle dans sa forme actuelle, ainsi que de « titulariser les précaires et les permittents de notre service public de la culture ». Il désire la gratuité des établissements culturels publics et privés, couplée à un accès éducatif et interactif. Dans les milieux ruraux, il propose l’utilisation d’églises pour les répétitions et les concerts des chorales scolaires et des orchestres, « l’acoustique étant généralement faite pour, et les édifices disponibles ».
En ce qui concerne l’opéra, « porteur des sentiments les plus élevés et profonds que peut connaître tout être humain » mais qui « intimide », le candidat tient également à ce que les jeunes publics puissent y aller régulièrement et assister aux répétitions pour pouvoir communiquer directement avec les artistes, afin que cet art redevienne « un art du peuple pour le peuple, dans l’esprit des grands compositeurs ». Il est également en faveur de quotas au regard du nombre de chanteurs français : il explique ainsi à Ôlyrix que « lorsqu'une scène reçoit des subventions publiques, donc du contribuable, elle se doit de faire appel dans une juste proportion à des artistes français, qui payent aussi des impôts en France ».
Voici les réponses que le candidat a communiquées à Ôlyrix :
Quel est votre rapport à l’opéra ?
L'opéra représente pour moi un moyen de communication à un public à la fois populaire et de connaisseurs, il est porteur des sentiments les plus élevés et profonds que peut connaître tout être humain. C'est ainsi que je considère le Va Pensiero de Verdi [dans Nabucco, ndlr] et le chœur des prisonniers ramenés à la lumière par Léonore [dans Fidelio de Beethoven, ndlr] comme deux moments majeurs d'une compassion humaine associée à la beauté.
Quel est votre plus beau souvenir d’opéra ?
Fidelio, écouté après la version Léonore de 1805.
Quel événement lyrique attendez-vous avec impatience ?
La question se pose hélas assez différemment : il y beaucoup d'opéras ou de concerts que je souhaiterais entendre mais auxquels je dois renoncer, faute de temps. C'est une grande frustration pour moi !
Si vous étiez un personnage d’opéra, qui seriez-vous ?
Léonore ! Car elle me paraît représenter la vraie puissance généreuse de l'être humain.
Comment analysez-vous la place de l’opéra en France ?
Pour certains, l'opéra est jugé comme une distraction réservée à un public éclairé et aristocratique alors que dans l'esprit des grands compositeurs, comme Mozart ou Verdi, c'est un art du peuple pour le peuple, sans complaisance, ni mépris. Mais pour le plus grand nombre, l'opéra – et la musique classique plus généralement – intimide. Les gens ont peur de ne pas comprendre, de se sentir à « côté de la plaque », de ne pas connaître les codes et, du coup, ils ne franchissent pas le cap. On le voit bien avec les réponses très positives que reçoivent certaines initiatives cherchant à faire sortir l'opéra de son cadre, comme celles de Malika Bellaribi-Le Moal qui amène le chant lyrique dans les cités ou, dans un tout autre genre, les dîners lyriques lancés par des restaurants avec de jeunes chanteurs professionnels.
Quelles sont vos propositions pour accroître l’audience ainsi que la visibilité de l’opéra et développer la création ?
Justement, ne pas laisser s'ériger cette barrière invisible autour de l'opéra ; faire écouter des airs d'opéra dès la maternelle. Les opéras de Mozart s'y prêtent particulièrement bien (on peut trouver des enfants de deux ans ou trois ans – c'est un exemple vécu – qui adorent et réclament tel ou tel air de La Flûte enchantée) et, dès le primaire, créer les conditions d'une participation au chant choral de tous les élèves. Il faudrait également réserver de la place pour les élèves non seulement aux opéras mais également aux répétitions, ce qui se fait parfois mais de manière insuffisante, avec des discussion avec les metteurs en scène, musiciens et les acteurs ce qui, dans le théâtre, existait au temps de Shakespeare et Marlowe. Par ailleurs, il faut également garantir que les chanteurs lyriques français puissent chanter sur nos scènes. Est-il normal qu'une production du Faust de Gounod, en France, se fasse intégralement avec des artistes étrangers ? Bien sûr, la musique est par excellence le point de rencontre des artistes du monde entier et n'aurait pas la même aura sans cela mais il faut, à l'instar d'ailleurs de nos voisins qui imposent des quotas, que nos artistes puissent travailler et envisager une carrière en France. Ce n'est que justice. Lorsqu'une scène reçoit des subventions publiques, donc du contribuable, elle se doit de faire appel dans une juste proportion à des artistes français, qui ne l'oublions pas, payent aussi des impôts en France.
Quel air d'opéra souhaiteriez-vous faire découvrir aux lecteurs d'Ôlyrix ?
L'air de la calomnie du Barbier de Séville, et aussi « Comme une plume au vent », chanté par Georges Thill.