L'Opéra d'État de Vienne est un théâtre de répertoire, enchaînant les productions déjà bien rôdées. La liste des œuvres données chaque année est donc un imposant catalogue, presque un abécédaire allant de Adriana Lecouvreur à Zauberflöte, (La Flûte enchantée). Parmi les 45 reprises de productions figurent bien entendu les chefs-d’œuvres de Verdi, Puccini, Rossini, Donizetti, Mozart ou Wagner. L'institution de Vienne offrira aussi une place exceptionnelle aux opus de Richard Strauss avec ses pièces maîtresses, dans une semi-intégrale opératique : Arabella, Ariane à Naxos, Capriccio, Daphne, Elektra, Le Chevalier à la rose et Salome (de l'autre Strauss, Johann II, sera donné l'opéra La Chauve-souris). Le répertoire français sera, quant à lui, mis à l'honneur par Carmen de Bizet, Faust de Gounod ainsi que Pelléas et Mélisande de Debussy.

Notons en outre des productions à redécouvrir : Adriana Lecouvreur de Francesco Cilea, Katia Kabanova de Leoš Janáček (chroniqué par nos soins en Avignon), deux opéras -récemment triomphant au TCE- Andrea Chénier d'Umberto Giordano (compte-rendu ici) et Simon Boccanegra de Verdi (compte-rendu là), La Khovanchtchina de Moussorgski, sans oublier le traditionnel Hänsel et Gretel d'Humperdinck donné tous les ans pour la saison des fêtes.

Un autre opéra pour la jeunesse (mais également par la jeunesse) attire le regard du côté des sept nouvelles productions. Nous vous avions relaté les exploits d'Alma Deutscher, prodige qui a créé son opéra Cinderella à l'âge de 11 ans au Casino Baumgarten de Vienne le 29 décembre dernier. Après le succès de cette représentation, l'œuvre montera sur les planches de l'Opéra Viennois le 28 janvier 2018.

Parmi les six autres productions nouvelles programmées, quatre sont davantage familières des mélomanes et balayent les esthétiques, depuis Ariodante (1735) de Haendel qui sera mis en scène par David McVicar et dirigé par William Christie jusqu'à Lulu (1937) de Berg par Willy Decker.

Roberto Alagna et Elina Garanca (© Jean-Baptiste Millot ; Paul Schirnhofer / DG)

Mais les créations de mises en scène offriront également le romantique Freischütz de Weber (par Christian Räth) et le biblique Samson et Dalila de Saint-Saëns (par Alexandra Liedtke) avec un double événement : les prises de rôles de Roberto Alagna et Elina Garanca en Samson et Dalila ! Les deux dernières productions à citer seront aussi originales que leurs opéras : Le Joueur de Prokofiev (par Karoline Gruber) et La Mort de Danton de Gottfried von Einem (par Josef Ernst Köpplinger), sous la baguette de la récemment remarquée pour Trompe-la-mort à Garnier, Susanna Mälkki.

Anja Harteros et Jonas Kaufmann dans Andrea Chénier par Philipp Stölzl (© Wilfried Hösl)

Pour servir cette pléiade d'opéras, une kyrielle de stars : Jonas Kaufmann et Anja Harteros reviendront dans Andrea Chénier, comme cette saison à Munich et au TCE mais dans une mise en scène d'Otto Schenk. Anna Netrebko sera Adriana Lecouvreur, puis (en alternance avec Carmen Giannattasio) la Leonora du Trouvère Manrico de Marcelo Álvarez, le tout mis en scène par Daniele Abbado. Le couple Roberto Alagna & Aleksandra Kurzak, décidément inséparable, sera réuni en Calaf et Liù dans Turandot mais aussi en Otello & Desdemona avec le Jago de Dmitri Hvorostovsky (après son René au Bal masqué, qui signerait son grand retour à l'Opéra et une incroyable nouvelle pour lui qui avait annoncé qu'il ne monterait plus sur les scènes lyriques !).

Roberto Alagna et Aleksandra Kurzak dans Carmen par Calixto Bieito (© Vincent Pontet / Opéra national de Paris)

Rolando Villazón se frottera à la langue russe avec Lenski dans Eugène Onéguine, puis au français en Docteur Faust avec Sonya Yoncheva en Marguerite. Rigoletto de Verdi propose un beau trio placé : Juan Diego Flórez, Dmitri Hvorostovsky et Aida Garifullina. À noter également un choix enthousiasmant dans Traviata entre Alfredo Germont par Jean-François Borras ou Pavol Breslik avec pour père Plácido Domingo. Angela Gheorghiu sera Tosca, Anita Rachvelishvili donnera de la voix en Amneris à l'Aïda de Kristin Lewis.

Anita Rachvelishvili dans Carmen (© Catherine Ashmore)

Actuellement à l'affiche de ce même lieu en Werther baryton (compte-rendu à lire), Ludovic Tézier reviendra la saison prochaine en Don Giovanni. Autre compatriote engagée et engageante, Sabine Devieilhe en Marie pour La Fille du régiment. Evelyn Herlitzius, électrique à Bastille dans Lohengrin sera Elektra (mais aussi Katia Kabanova).

Evelyn Herlitzius (© DR)

Ces quelques exemples ne sont qu'un avant-goût enthousiasmant des centaines d'interprètes de stature internationale qui illumineront la capitale autrichienne !