Jérôme Brunetière présente les chantiers de son mandat à l’Opéra de Toulon
Jérôme Brunetière, vous avez été nommé il y a un an à la tête de l’Opéra de Toulon. Quel est pour vous l’ADN de cette maison ?
Je suis fondamentalement attaché à l’opéra : c’est une forme d’art que j’aime depuis toujours et à laquelle j’ai décidé de consacrer ma vie et mon métier. Ce qui m’a poussé à proposer ma candidature comme directeur, c’est ce que cette maison représente sur ce territoire et dans cette ville. Toulon est une ville de taille intermédiaire mais en grande croissance : c’est important qu'une véritable scène lyrique fasse partie de son offre artistique et culturelle. Un autre élément prégnant est que l’Opéra de Toulon est riche de tous ses métiers : nous avons la chance d’avoir un chœur et un orchestre, des ateliers de costumes et des équipes techniques complètes. Les métiers de l’opéra y sont représentés par des hommes et des femmes extrêmement engagés, amoureux de leur métier et intégrés dans la vie de cette ville. Ils sont souvent très fidèles à la maison : nombreux sont ceux qui y passent une grande partie de leur carrière, voire toute leur carrière. Cela imprègne l’identité et l’atmosphère de l’institution. Les seules forces musicales permanentes des environs sont ici, ce qui nous donne un devoir de qualité, de diversité. Je garde en tête que nous formons la culture artistique et le goût des jeunes qui nous fréquentent.
Quel est le projet que vous avez présenté ?
Le projet que j’ai présenté et que je mets en œuvre aujourd’hui est très ancré dans la période que nous traversons : j’avais connaissance de la campagne de travaux qui s’ouvre. Ce projet s’inscrit sur une diversité de répertoires, et est résolument tourné vers les public. Cela ne signifie pas que nous devons toujours aller vers ce que nous croyons être le désir du public : nous devons aussi l’amener à aiguiser sa curiosité. Ce projet a aussi pour ambition de faire grimper des marches de qualité et d’excellence à cette maison et à ses forces musicales, dans la continuité de ce que mon prédécesseur Claude-Henri Bonnet a accompli.
Un autre aspect concerne les voix : notre vocation, de par notre budget notamment, n’est pas d’engager des grandes stars. Il est toujours souhaitable de présenter des chanteurs qui ont déjà acquis une grande renommée à certains moments de la saison, notamment dans les opéras en version concert, mais nous nous faisons un devoir de programmer de jeunes artistes qui n’ont pas encore acquis une renommée qui les rendrait inaccessible pour une maison comme Toulon, mais qui ont déjà toutes les qualités que nous souhaitons pour notre public. Cela nécessite un très grand travail de recherche et d’auditions. Nous suivons les artistes des conservatoires, des différents concours et ateliers lyriques, puis nous programmons suffisamment en amont ces artistes qui deviendront pour certains les très grands noms de demain.
Enfin, nous allons exploiter la contrainte de la fermeture de notre théâtre pour travaux grâce à l’accueil que nous avons reçu des autres institutions culturelles de la ville, en particulier du Zénith (qui accueillera deux productions d’opéra par an), du Palais Neptune (qui accueillera les concerts symphoniques, les opéras en version concert et un spectacle de ballet) et de la Scène nationale Châteauvallon-Liberté dirigée par Charles Berling, avec qui nous avons noué un partenariat afin d’imbriquer nos propositions et que nos publics circulent entre nos deux institutions. En particulier, nous nous sommes intégrés dès 2023 au festival de Châteauvallon, avec un grand succès public, ce qui montre d’ailleurs la vivacité de l’opéra comme forme d’art.
L’Opéra est en travaux : pouvez-vous nous décrire les enjeux de cette rénovation ?
Ces travaux sont menés de manière remarquable : il faut souligner l’effort des collectivités territoriales et en particulier de la Métropole et de l’Etat, pour redonner son lustre à cette maison, et lui redonner techniquement tout ce dont elle a besoin pour être une scène du XXIème siècle. C’est aussi la manifestation d’une volonté de faire vivre cette forme d’art. Ce sont des travaux ambitieux, qui s’inscrivent sur une durée plus longue que cette campagne-ci car le Grand foyer a déjà été restauré récemment : une restauration de grande qualité et très fidèle qui augure du meilleur pour la suite du chantier. Il y a également eu des travaux importants sur la toiture. Les travaux actuels concernent l’intérieur du bâtiment, et en particulier les espaces publics : déambulatoires, hall d’entrée, salle. Les décors vont être restaurés, tous les fauteuils vont être changés et un système de chauffage et de climatisation vertueux va être installé. L’absence de climatisation posait de grands problèmes à partir du mois de juin, notamment pour les musiciens dans la fosse : il devenait très difficile de jouer ce qui restreignait les possibilités. Le plateau sera restauré, la machinerie de scène va être refaite et nous allons ajouter beaucoup de confort de travail pour nos personnels en exploitant mieux certains espaces dans les dessous. Les loges et les bureaux seront également retravaillés pour avoir des espaces plus qualitatifs et confortables.
Vous jouerez huit titres, ce qui est beaucoup : quel impact la situation économique a-t-elle sur l’Opéra de Toulon ?
Nous avons beaucoup de chance. L’Opéra de Toulon est financé par deux collectivités territoriales qui contribuent à plus de 80% du budget : la métropole et le département. Je n’ai pas eu, et je les en remercie, de restriction budgétaire de leur part. Au contraire, puisqu’ils financent la campagne de travaux qui est un investissement pour l’avenir. Toulon est une ville en croissance, qui a énormément d’atouts, que ce soit par sa situation géographique ou par l’activité économique qui s’y développe. Les élus comprennent que la qualité de l’offre artistique fait partie de l’attractivité du territoire. Par ailleurs, la saison achevée a marqué le grand retour des spectateurs après le Covid, ce qui a un impact sur les recettes. L’Opéra de Toulon amplifie en outre une activité de mécénat, qui est importante bien que plus compliquée que dans d’autres institutions du fait de la sociologie et de la nature du tissu économique de la ville. Au global, nous avons donc des ressources stables, ce qui est appréciable même si l’inflation provoque par contrecoup un certain effritement de nos capacités.
Vous avez ouvert votre saison avec la création de Ressusciter la Rose : comment décririez-vous ce projet donné en partenariat avec la Villa Noailles ?
Ce projet est très atypique, ce qui lui donne beaucoup de charme. Le point de départ est la Villa Noailles et son directeur Jean-Pierre Blanc. Il souhaitait célébrer le centenaire de la construction de cette maison : il a imaginé ce projet d’une manière très organique, mais professionnelle et sophistiquée, dans une rencontre avec le compositeur Raphaël Lucas. Il s’agit d’une forme très opératique. Simon Johannin, qui avait participé à l’Académie du Festival d’Aix-en-Provence lorsque je la dirigeais, a écrit le livret. Jean-Pierre Blanc m’a demandé de participer, notamment en mettant à disposition nos forces musicales et nos équipes techniques de régie. Vincent Huguet fait la mise en scène et utilise tout son métier pour que cette proposition émerge. La distribution comprend trois chanteurs d’opéra, un artiste venant du monde de la comédie musicale, et Malik Djoudi et Camelia Jordana apportent leurs univers musicaux propres. Raphaël Lucas a fait un travail remarquable, avec une musique très immédiate à l’oreille, mais qui à l’écoute révèle toute sa subtilité et sa complexité, et qui intègre différents genres musicaux, dont un DJ qui envoie des sons extrêmement bien pensés. La comédienne Pauline Cheviller intervient également, ainsi qu’un groupe d’acrobates/danseurs. Le processus de création est très atypique, un cheminement ininterrompu depuis octobre 2022, avec des rencontres et des résidences avec l’ensemble des parties-prenantes. Le résultat ressemble très bien à la Villa Noailles.
En octobre, vous donnerez le Rigoletto de Richard Brunel, déjà passé par Nancy et Rouen : qu’aviez-vous pensé de cette mise en scène ?
Je l’ai trouvée très réussie : c’est une belle lecture de l’ouvrage. Reporté à cause du Covid, ce spectacle devrait très bien fonctionner au Zénith, avec une belle distribution. Valerio Galli, que le public de l’Opéra de Toulon connait bien, tiendra la baguette. Il a dirigé deux ouvrages ici la saison dernière et a une très fine connaissance de ce répertoire, avec un tempérament qui devrait nous permettre de nous adapter pour cette première production de l’Opéra au Zénith. Nous allons découvrir des contraintes dont il saura tenir compte pour mener ce projet à bien.
Qui sont les chanteurs que vous avez choisis dans les premiers rôles ?
Ils sont très emblématiques de notre manière de construire nos distributions. Maria Carla Pino Cury, qui chantera Gilda, commence à apparaître dans différents théâtres, mais lorsque nous l’avons auditionnée, je ne la connaissais pas : c’était un défit de la programmer dans un tel rôle. Matteo Roma qui sera notre Duc, est un chanteur en pleine émergence. Nikoloz Lagvilava en Rigoletto, a une carrière déjà bien plus établie aujourd’hui. Ces trois voix devraient très bien s’allier ensemble et avec le reste de cette très belle distribution.
Vous présenterez en décembre en coproduction avec Nantes, Rennes et Avignon, La Chauve-Souris mise en scène par Jean Lacornerie : comment décririez-vous cette production qui avait été captée pendant le confinement ?
C’est une production qui a été répétée jusqu’à la générale avant d’être annulée par la pandémie. Jean Lacornerie est extrêmement à l’aise dans ce répertoire. Cette production est habile et fine dans son dispositif scénique et dans la manière dont elle respecte tous les codes de cet ouvrage en le rendant très accessible à un public qui n’est pas germanophone. La représentation du 31 décembre est une tradition très établie à l’Opéra de Toulon à laquelle je suis également attaché.
L’une des spécificités de cette production est la présence d’Anne Girouard : qu’apporte-t-elle ?
Elle apporte le jeu sur la langue, qui permet de chanter dans la langue originale allemande en ayant ses interventions francophones pour les dialogues. Elle permet de rapprocher l’ouvrage du public sans le dénaturer.
Pourquoi avoir confié la baguette à Léo Warynski pour cet opus ?
Léo Warynski est un formidable musicien qui se révèle de plus en plus comme un très bon chef d’orchestre. Ce répertoire devient l’une de ses spécialités : il a toutes les qualités musicales de ce répertoire, ainsi que le sens de la scène et du comique. Je suis très impatient de le voir diriger cet opus.
Thaïs sera joué en version de concert au Palais Neptune : pourquoi ces choix d’œuvre et de format ?
Nous avions vraiment le souhait de proposer des versions de concert pour étoffer l’offre lyrique. Le public a un engouement pour les versions de concert et certains ouvrages sont difficiles à présenter en version scénique, pour différentes raisons, y compris liées à la charge financière que cela représente. C’est aussi un rôle qu’Amina Edris souhaitait chanter : nous n’avons pas les moyens de faire venir les grandes têtes d’affiche sur une production scénique, mais ce format ouvre à ce type d’opportunité. Enfin, nous souhaitons présenter une grande variété de répertoires : il était important d’avoir un opéra français dans la saison. C’est une musique extraordinaire qui est peu fréquemment donnée, et qui se prête très bien à la version concert. Nous avons eu la chance en très peu de temps de pouvoir réunir une très belle distribution, avec notamment Josef Wagner et Matthew Cairns, un autre artiste que nous avons rencontré par une audition et qui est extrêmement prometteur.
En mars, vous accueillerez une production signée Pierre Audi de l’Orphée et Eurydice de Gluck. Pourquoi ce choix ?
Je suis très heureux de présenter ce chef-d’œuvre. Le Théâtre Liberté a ses contraintes techniques : son format de plateau et de fosse d’orchestre ne permet pas de tout envisager. C’est Pierre Audi qui m’a parlé de ce spectacle qui a toutes les qualités pour être une excellente proposition dans ce lieu, et a été très peu vu puisqu’il n’a été donné qu’à Florence. J’ai été très sensible au fait que ce spectacle donne une part importante à la danse : cela a beaucoup de sens dans ce lieu qui présente aussi des spectacles chorégraphiques. C’est la version française de l’œuvre, qui n’est pas la plus fréquemment donnée, que nous jouerons.
Comment avez-vous conçu la distribution ?
Il n’y a que trois rôles à distribuer pour cette œuvre, mais l’exigence n’en est que plus grande. Le rôle d’Orphée a une vocalité très particulière, de ténor avec une tessiture très élevée : Michele Angelini l’a déjà interprété et il a toutes les qualités requises. Hélène Carpentier est aujourd’hui une artiste dont la notoriété se développe et dont la voix correspond très bien à Eurydice. Quand nous l’avons engagée, Emy Gazeilles était encore très peu connue, mais elle a depuis réussi à faire beaucoup parler d’elle. Je l’ai découverte au concours de Gordes et nous l’avons tout de suite invitée suite à un désistement en Frasquita dans Carmen. Elle avait été magnifique. C’est une artiste très intéressante vocalement, avec un tempérament scénique affirmé en dépit de sa jeunesse : elle sera parfaite en Amour. Je suis très content aussi d’avoir Jean-Christophe Spinosi à la direction : il a un lien étroit avec ce territoire. L’Orchestre de l’Opéra de Toulon jouera en collaboration avec son Ensemble Matheus. Il a fait un travail très fin sur une manière d’être historiquement informé en introduisant certains instruments anciens ou en jouant parfois avec des achets baroques. Il arrive, avec un orchestre qui n’est pas baroque, à faire un travail très intéressant sur les sonorités.
En avril, vous accueillerez Le Couronnement de Poppée aixois, dans la mise en scène de Ted Huffman : qu’en aviez-vous pensé ?
Lorsque la production a été jouée à Aix-en-Provence, je venais d’être nommé à l’Opéra de Toulon mais je n’avais pas encore pris mes fonctions. C’est donc un festival auquel j’ai participé de l’intérieur. Cette production est une réussite éclatante, qui a été reprise à Versailles et Valence et vient de l'être à Rennes [le comte rendu de cette production est d'ailleurs disponible sur Ôlyrix, ndlr] puis le sera à Cologne après nous. Ce spectacle correspondait aux contraintes posées par le Théâtre Liberté, qui a une certaine proximité avec le Théâtre du Jeu de Paume d’Aix-en-Provence en termes de dimensions. Dès sa création à Aix, j’ai eu un coup de foudre et il m’est apparu comme une évidence que ce spectacle devait prendre sa place dans la programmation de l’Opéra de Toulon : il a finalement été possible de le faire dès la première saison. D’ailleurs, le Directeur du Théâtre Liberté Charles Berling, qui a vu le spectacle à Aix, était également très enthousiaste. Il est convaincu que ce type de proposition peut toucher un public bien plus large que celui de l’opéra, malgré sa durée de près de 3h30.
Qui sont les interprètes ?
Ted Huffman a pensé son projet comme un vrai spectacle de troupe. Le Festival d’Aix avait fait un travail de distribution très intéressant en donnant une grande place à des jeunes chanteurs. D’autres sont entrés dans le projets durant les reprises. C’est Jasmin Delfs qui interprètera le rôle-titre. Là encore, tout va très vite : nous l’avons découverte il y a peu, mais nous n’avons pas été les seuls et elle a donc déjà beaucoup de projets, et c’est tant mieux pour elle.
En mai, vous proposerez un second opus en version de concert : Les Capulet et les Montaigu de Bellini. Pourquoi ce choix ?
Nous voulions aussi faire résonner cette vocalité bel canto dans notre saison. Antoinette Dennefeld était notre Périchole la saison dernière. C’est une superbe artiste que nous accueillons de nouveau avec un vrai plaisir en Roméo, dans une vocalité différente. C’est intéressant pour le public fidèle d’entendre ces artistes dans différents répertoires. Maria Carla Pino Cury, qui sera aussi notre Gilda, interprètera Juliette. C’est Andrea Sanguineti qui dirigera : il n’y a pas eu beaucoup d’hésitation car c’est un chef qui est extrêmement à l’aise dans ce répertoire, et qui souhaitait diriger cette œuvre à Toulon.
Enfin, vous clôturerez votre saison avec le diptyque Cav/Pag mis en scène par Silvia Paoli : quel projet souhaite-t-elle mettre en place ?
Nous sommes le premier producteur de ce spectacle, mais d’autres participants pourraient se joindre à nous sous peu. Silvia Paoli et son équipe ont intégré dès la conception du spectacle l’idée qu’il devait pouvoir être repris dans une salle fermée même s’il est créé en extérieur à Châteauvallon. Ce diptyque dans ce lieu apparaissait comme une évidence car ce sont deux titres qui peuvent s’accommoder d’un extérieur, avec toute l’attractivité vocale qui peut séduire un public très important, et une richesse dramaturgique permettant de faire un spectacle intéressant. J’avais été frappé par la Tosca de Silvia Paoli : elle m’avait fait apparaître des aspects que je n’avais jamais perçus bien que j’aie déjà vu cette œuvre des dizaines de fois. Elle est d’une grande fidélité au texte tout en allant y chercher très profondément des éléments qu’elle met en valeur. Sa vision a pu choquer car elle ne travestit pas la violence qui est présente dans le livret au deuxième acte avec un viol et un meurtre, qu’elle montre. Elle avait très envie de travailler sur Cavalleria Rusticana et Pagliacci : son projet est tout à fait prometteur.
Pourquoi confier la direction musicale à Valerio Galli, déjà présent pour Rigoletto ?
Il est vraiment parfaitement à son aise dans le répertoire vériste. L’Orchestre et le public sont très attachés à Valerio Galli, c’est pourquoi nous avons décidé de lui proposer deux invitations.
Tadeusz Szlenkier (Turridu et Canio) et Daniel Miroslaw (Alfio et Tonio) seront présents dans les deux opus : pouvez-vous les présenter ?
Daniel Miroslaw était notre Scarpia dans Tosca. Il a des capacités vocales impressionnantes et qui ont beaucoup évolué. Il a une présence scénique extrêmement forte. Silvia Paoli et Valerio Galli avaient très envie de travailler avec lui. La carrière du ténor Tadeusz Szlenkier s’est d’abord développée dans sa Pologne natale, notamment à l’Opéra de Varsovie (Pinkerton, Cavaradossi, et prochainement Alfredo). Son aisance dans le répertoire italien notamment a fait rapidement de lui un habitué des scènes allemandes et nous sommes très heureux de lui proposer l'une de ses premières apparitions en France.
Les deux personnages féminins seront portés par Anaïk Morel (Santuzza) et Marianne Croux (Nedda), deux jeunes chanteuses françaises : est-ce important pour vous ?
Il s’agira de deux prises de rôle. Anaïk Morel a déjà une carrière très solide. Son évolution vocale l’amène vers ce genre de rôle : je trouve ça formidable de pouvoir lui offrir cette opportunité. J’ai rencontré Marianne Croux, qui est franco-belge, à l’Académie du Festival d’Aix-en-Provence. Elle chemine extrêmement rapidement. C’est une artiste qui a de grandes capacités. C’est une chance de pouvoir être ce jalon, cette étape, dans la carrière d’un artiste.
Quels seront les principaux évènements du reste de votre programmation ?
C’est important de souligner que nous avons un orchestre et une saison symphonique. Cela permet d’accueillir des chefs d’orchestre et de grands solistes. Cette année, le public pourra également entendre des musiciens de l’orchestre dans des concertos. Ainsi, Laurence Monti interprètera un Concerto pour violon de Mozart. C’est aussi l’occasion de diversifier notre programmation : nous accueillerons ainsi un ouvrage de Camille Pépin dans un programme contemporain, ainsi qu’un Requiem de Mozart à Châteauvallon. Nous avons aussi répondu à une invitation de Jean-Michel Dhuez, programmateur du Festival de Ramatuelle : nous travaillons pour y avoir des propositions. Notre programmation se dessine également pendant l’été : notre saison aura une partie estivale en juillet qui est en cours de définition. Ce sera une intersaison qui enrichira cette offre symphonique, parfois avec des éléments vocaux.
Il y a aussi toute une présence sur le territoire qui ne se voit pas forcément dans notre brochure, mais qui permet à l’Orchestre de se produire dans différentes villes du département. Nous avons monté cette année une tournée sous le nom de Var Opéra, avec trois jeunes chanteurs d’opéra et un piano, qui ont présenté leur spectacle y compris dans de petites communes. Il y a un petit peu de scénographie : du théâtre de tréteaux avec quelques accessoires et quelques éléments de costume. C’était expérimental avec trois dates cette année : nous avons l’ambition d’en faire davantage la saison prochaine. C’est très intéressant de voir combien le public répond présent : quand dans un village de 800 habitants, nous en réunissons 200, très enthousiastes, sur une place pour un spectacle lyrique : nous démontrons ainsi que ce n’est ni élitiste ni inintéressant, et on se rend compte de la puissance de cette musique pour toucher les gens. Ces concerts décentralisés sont très réconfortants.