Rentrée 2017/2018 tonitruante annoncée à l'Opéra de Paris
La deuxième saison du mandat de Stéphane Lissner étant bien lancée, le directeur dresse un premier bilan de la situation de l'Opéra de Paris. Dans une interview à TV5 Monde, il souligne tout d'abord avec enthousiasme la qualité du travail de ses 1.600 salariés. Alors qu'il a dirigé des scènes lyriques et des manifestations estivales d'opéra parmi les plus prestigieuses d'Europe (en Autriche, Allemagne, Espagne, Italie et bien sûr en France), il considère le résultat artistique de la capitale française comme supérieur à tout ce qu'il a connu, grâce à ses chanteurs, son chœur, son orchestre, le Ballet (la meilleure compagnie au monde selon lui), son école de danse, ses ateliers de décors et de costumes ainsi que ses techniciens assurant plus de 400 représentations chaque année. Cette qualité va de pair avec la richesse de l'offre lyrique à Bastille et Garnier, l'Opéra de Paris étant le seul théâtre au monde a proposer près d'un million de places par an à la vente.
Sur le plan artistique, il rappelle la variété du répertoire proposé, allant de la musique ancienne jusqu'aux créations contemporaines. L'Opéra effectue à la fois un travail de recréation et d'entrée au répertoire (magnifiquement représenté par Eliogabalo de Cavalli dont vous pouvez retrouver notre compte-rendu ici), des commandes originales passées par l'Opéra (Trompe-la-mort de Luca Francesconi d'après Honoré de Balzac dans le cadre du cycle autour de la littérature française qui révèle en outre la Bérénice d’Albéric Magnard d'après Racine avant Le Soulier de satin de Paul Claudel), un travail de redécouverte d’œuvres du répertoire (Jephtha, le dernier oratorio de Haendel, sera programmé) et la revalorisation du patrimoine français (la production de Samson et Dalila par Saint-Saëns dont nous vous avons rendu compte ici, Les Troyens de Berlioz prévus en 2019 pour les 30 ans de Bastille, ainsi que Meyerbeer dont Lissner regrette que l'Opéra de Paris n'ait jamais donné Les Huguenots : le directeur annonce ainsi que cette œuvre ouvrira la rentrée 2018-2019).
Continuant sur sa lancée, Stéphane Lissner révèle le véritable blockbuster qui marquera la rentrée 2017/2018 : la version française de Don Carlos composée par Verdi, avec les 5 plus grands chanteurs du moment : Jonas Kaufmann, Sonya Yoncheva, Ludovic Tézier, Elīna Garanča et Ildar Abdrazakov ! Indéniablement l'événement lyrique mondial de l'année.
Sur le plan du management, Stéphane Lissner rappelle combien l'Histoire de l'Opéra de Paris est marquée par la réforme, depuis 350 ans et la création de l'Académie Royale de Musique. La seconde partie de son mandat prolongera donc la modernisation entamée, tout en bataillant afin que les subventions cessent de tant baisser. Outre la poursuite des réductions de coûts, c'est l'ouverture à un plus large public qui continuera grâce au travail mené par la 3ème scène (la plateforme de diffusion numérique de l'Opéra de Paris qui cumule déjà plusieurs centaines de milliers de vue) ainsi que de fortes initiatives tarifaires nouvelles prévues dès la saison prochaine, dans l'esprit du succès des avant-premières jeunes à 10€.
Philippe Jordan, Stéphane Lissner et Benjamin Millepied (© DR)
Le directeur qui avait choisi et mis en avant Benjamin MiIlepied à la tête de la danse revient une fois de plus sur la polémique afin de la clore : il explique que le désir de réforme de Millepied s'est heurté sur le gel des conditions de travail en place depuis 33 ans et la direction de Noureev. Le directeur réfute par ailleurs le qualificatif de "monstre administratif" par lequel le journal Le Point désigne l'institution. Enfin, répondant au bilan de la Cour des comptes (que nous analysions ici pour vous) et dessinant sa voie de redressement, il explique le déficit de l'institution par la douzaine de grèves et la baisse de 25% des visites de Garnier après les attentats, entraînant respectivement une perte de 3 millions et d'1,2 millions d'euros de revenus. Le directeur aborde alors la partie gestionnaire de son travail, soulignant le redressement financier qui doit être possible pour cette salle de spectacle publique qui est la seule à vendre 950.000 places par an et à se financer à hauteur de 50% par ses seules ressources propres.
Pour ne pas manquer l'ouverture des réservations de la prochaine saison de l'Opéra de Paris, inscrivez-vous à la newsletter d'Ôlyrix (en bas de page) !