Opéra National du Capitole de Toulouse : entrées et répertoire pour la saison 2022/2023
Cette alliance est rendue d'emblée évidente par les huit opéras programmés durant la saison : avec quatre des plus grands chefs-d'œuvre du répertoire lyrique et quatre entrées au répertoire. La saison s'ouvrira ainsi en octobre sur la Rusalka de Dvořák, pour la première fois dans ce Théâtre du Capitole et pour la première fois incarnée par Anita Hartig. Le Directeur maison Christophe Ghristi qui soigne toujours ses distributions ainsi que ses choix de production, l'entourera avec Béatrice Uria-Monzon (La Princesse étrangère), Janina Baechle (Jezibaba), Aleksei Isaev (Vodnik), Piotr Buszewski (Le Prince), dirigés par Frank Beermann (de retour au Capitole pour une troisième année de suite après Parsifal et Elektra) dans la mise en scène, les décors, costumes, chorégraphie et lumières de Stefano Poda (qui avait déjà proposé une nouvelle production pour une entrée au répertoire in loco en 2019 : Ariane et Barbe-Bleue).
La nouveauté suivante sera même une (re)création : le compositeur Wolfgang Mitterer né en 1958, le chef des Cris de Paris Geoffroy Jourdain, et le metteur en scène Aurélien Bory ont imaginé un opéra madrigal-électronique pour ressusciter la Dafné d'Heinrich Schütz composée en 1627 mais perdue dans l'incendie de la bibliothèque de Dresde. Cette œuvre proposée avec et au Théâtre Garonne aura été créée au Théâtre de l'Athénée en septembre 2022, dans le cadre d'une grande co-production avec Reims, Tourcoing, Cergy-Pontoise, Dijon.
Le Viol de Lucrèce (Britten) entrera enfin au répertoire après son report pour cause de Covid. Hormis les trois seconds rôles de Junius, Bianca et Lucia, le Capitole a réussi à réengager tous les artistes de cette production que nous vous présentons (et qui vous la présentent) dans notre grand article Requiem pour Le Viol de Lucrèce publié suite à son annulation initiale.
Enfin, dernière entrée au répertoire et production de la saison, le Mefistofele d'Arrigo Boito viendra dans la mise en scène de Jean-Louis Grinda présentée en 2018 aux Chorégies d'Orange. Le diabolique rôle-titre sera confié à Nicolas Courjal avec Jean-François Borras (Faust), Chiara Isotton (Margherita), Béatrice Uria-Monzon (Elena), Andrés Sulbarán (Wagner / Nereo) et Marie-Ange Todorovitch (Marta / Pantalis) sous la baguette de Francesco Angelico.
Quatre chefs-d'œuvre éternels sont également à l'affiche toulousaine, deux d'entre eux profiteront même de leur popularité pour proposer une double distribution, permettant de programmer huit représentations en une dizaine de jours pour chacun.
La Bohème de Puccini dirigée par Lorenzo Passerini, version André Barbe et Renaud Doucet, verra ainsi alterner Vannina Santoni et Anaïs Constans en Mimi, Kévin Amiel et Azer Zada (Rodolfo), Marie Perbost / Andreea Soare (Musetta), Mikhail Timoshenko / Jérôme Boutillier (Marcello), Julien Véronèse / Guilhem Worms (Colline), tandis qu'Edwin Fardini assumera seul Schaunard et Jacques Calatayud le double rôle Benoit / Alcindoro.
La Traviata de Verdi sera incarnée en alternance par deux jeunes sopranos italiennes, Rosa Feola et Claudia Pavone, avec Amitai Pati / Julien Dran en Alfredo ayant pour père Jean-François Lapointe / Dario Solari. Poursuivant dans son soutien à la jeune génération du chat français, l'Opéra National de Toulouse confie les rôles de Flora, Annina, Gastone, Douphol et d’Obigny à Victoire Bunel, Cécile Galois, Pierre-Emmanuel Roubet, Jean-Luc Ballestra et Guilhem Worms. Le chef Michele Spotti fera ses débuts maison, le tout dans la mise en scène du regretté Pierre Rambert.
En plus de ces deux chefs-d'œuvre italiens, deux sommets du répertoire allemand complètent la saison. Hervé Niquet qui vient de diriger (et de jouer dans) Platée de Rameau version Shirley et Dino, reviendra dans la ville rose dans un tout autre registre, pour diriger Les Noces de Figaro (Mozart) mises en scène par Marco Arturo Marelli marquant les débuts de Karine Deshayes en comtesse Almaviva (reportés d'avril 2021), avec pour Comte Michael Nagy, Anaïs Constans et Julien Véronèse en Susanna et Figaro, Éléonore Pancrazi (Cherubino), Ingrid Perruche (Marcellina), Frédéric Caton (Bartolo), Emiliano Gonzalez Toro (Don Basilio), Caroline Jestaedt (Barbarina), Jacques Calatayud (Antonio), Pierre-Emmanuel Roubet (Don Curzio).
Tristan et Isolde annonce les prises de rôles de Nikolai Schukoff et Sophie Koch dans les rôles-titres, ainsi que Matthias Goerne en Roi Marke, Anaïk Morel (Brangäne) avec Pierre-Yves Pruvot (Kurwenal), Damien Gastl (Melot), Valentin Thill (Matelot / Berger) et Matthieu Toulouse (Pilote). La mise en scène est celle de la grande figure locale Nicolas Joel, tandis que le chef Frank Beermann reviendra au podium.
La saison de Ballet propose également une symétrie entre les entrées au répertoire de la chorégraphie signée Jean-Christophe Maillot pour Roméo et Juliette composé par Sergueï Prokofiev et Paysages intérieurs (triptyque réunissant Carolyn Carlson et Thierry Malandain) d'une part, et de l'autre les reprises signées du Directeur de la danse maison, Kader Belarbi : d'abord pour Don Quichotte (musique de Ludwig Minkus). Noir et blanc réunira également un triptyque, mais avec une reprise (Entrelacs de Kader Belarbi sur la musique d'Arvo Pärt et Iannis Xenakis) et deux entrées au répertoire (No More Play de Jirí Kylián / Anton Webern et Tout un monde lointain Michel Kelemenis / Henri Dutilleux).
Six récitals lyriques prestigieux sont programmés (ceux de Ramón Vargas, Violeta Urmana, Pavol Breslik, Matthias Goerne, Nina Stemme Stéphane Degout), auxquels s'ajoutent quatre Midis du Capitole (Valentina Fedeneva, Emiliano Gonzalez Toro, Gabrielle Philiponet, Marianne Croux).
Les concerts résonneront aussi avec la saison lyrique en partant à la re-découverte de la mélodie tchèque avec la soprano Katerina Knežíková et le pianiste Roger Vignoles, ainsi qu'avec les Cantiques de Britten (Anne Le Bozec dirigeant et accompagnant au piano Cyrille Dubois, William Shelton, Marc Mauillon) à l'Auditorium Saint Pierre Des Cuisines, sans oublier le traditionnel Oratorio de Noël, par Jordi Savall avec Le Concert des Nations et le Chœur de l’Opéra national du Capitole.
Enfin, Toulouse proposera une pastorale en occitan en version concertante : Daphnis et Alcimadure de Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville (1711-1772). Jean-Marc Andrieu dirigera Les Passions - Orchestre baroque de Montauban et le Chœur Les Éléments, François-Nicolas Geslot et Élodie Fonnard dans les rôles-titres, Hélène Le Corre en Clémence Isaure et Fabien Hyon (Jeanet).