Le Théâtre de Bâle annonce le retour du public dès le 22 avril
Dès ce jeudi, le Theater Basel accueille à nouveau du public, quoiqu’avec une jauge limitée à 50 spectateurs au maximum à chaque représentation. Cette réouverture se fait avec l'opéra, suivi le lendemain par le ballet (sept chorégraphies contemporaines représentées sur les trois scènes du théâtre pour fêter les 20 ans de mandat de Richard Wherlock comme Directeur de Ballet de la Compagnie Bâloise) et le surlendemain par le théâtre (Moby Dick en solo), annonçant une reprise de la programmation.
Intermezzo, « comédie bourgeoise » de Richard Strauss sur le mariage et la jalousie (inspirée de sa propre vie) est programmée du 22 avril au 21 mai dans la grande salle du théâtre et marquera donc la reprise. Herbert Fritsch, réalisateur de film et metteur en scène de théâtre prolifique, qui a notamment beaucoup travaillé dans son pays allemand avec Frank Castorf, signera la mise en scène. Le chef d’orchestre Clemens Heil mènera l'Orchestre Symphonique de Bâle, des membres du Studio OperAvenir, avec le baryton Günter Papendell dans le rôle principal (Hofkapellmeister Robert Storch), la soprano Rachel Harnisch (Christine, son épouse), Stefanie Knorr (Anna, la demoiselle d’honneur), Michael Laurenz (Baron Lummer), Karl-Heinz Brandt (Kapellmeister Stroh).
Malheureusement, le spectacle qui aurait dû être donné en même temps dans une autre salle du théâtre (Schauspielhaus), et à la même heure (19h30), est annulé. Les spectateurs ne pourront donc pas assister ce jeudi au Retour d'Ulysse dans sa Patrie de Claudio Monteverdi. L’avant-dernier opéra conservé du maître italien aurait dû être dirigé par Johannes Keller et mis en scène par le polonais Krystian Lada. Une version sans Ulysse toutefois, et qui mélangeait la musique du compositeur italien avec des sons électroniques du compositeur et musicien suisse Nicolas Buzzi. Du côté des chanteurs, la soprano Katarina Bradić aurait tenu le rôle de Pénélope, accompagnée entre autres de Jamez McCorkle (Télémaque), Stefanie Knorr (Minerve), Théo Imart (Pisandre, Junon et Cupidon) ou encore Rolf Romei (Amphinomos, Jupiter et le Destin), le tout porté par l’ensemble musical La Cetra, l’orchestre baroque de Bâle.
Concernant les opéras à venir, deux sont déjà programmés pour les deux prochains mois. Une production bâloise avec Alte Tiere Hochgestapelt (anciens animaux empilés) du 5 mai au 25 juin. Créé, joué et chanté par le collectif de Bâle Les Reines Prochaines & Friends, l’opéra est composé par le pianiste Pio Schürmann, arrangé par Nicholas Reinke et accompagné par le Chœur du Théâtre de Bâle. À partir d’une interprétation personnelle du légendaire conte Les Musiciens de Brême et à l’aide de créations multimédias, l’œuvre traite du risque de licenciement lié à l’âge avancé, et en creux, dénonce une société obnubilée par les questions économiques.
À la même période (du 8 mai et jusqu’au 26 juin) la version signée Simon McBurney de La Flûte enchantée (notre compte-rendu d'Aix-en-Provence) débarque dans la grande salle du Theater Basel, dirigée par Francesc Prat et Thomas Wise, avec Patrick Zielke et James Creswell (alternant en Sarastro), Kai Kluge et Alex Banfield (Tamino), Andrew Murphy et Kyu Choi (l’Orateur), Rainelle Krause (Reine de la nuit), André Morsch (Papageno), Regula Mühlemann et Kali Hardwick (Pamina).
Malheureusement, le spectacle musical Im Nebel (Dans le brouillard) y restera car il est annulé. Présenté en 2018 par Till Löffler (compositeur), en collaboration avec Ursina Greuel (mise en scène), le duo construit une œuvre musicale et scénique sur le poème Zuginsfeld du peintre et auteur allemand Otto Nebel. Idem pour l'annulation du Requiem de Mozart par Romeo Castellucci (notre compte-rendu de la création de cette mise en scène au Festival d'Aix-en-Provence). La Messe inachevée aurait dû être dirigée par Ivor Bolton avec l'Orchestre Symphonique de Bâle avec Kali Hardwick (soprano), Ena Pongrac (mezzo-soprano), Rolf Romei (ténor), André Morsch (basse) et le Chœur de Bâle dans une chorégraphie signée Evelin Facchini.
Un assouplissement tout relatif des mesures a été décidé à l'échelle confédérale suisse à partir du 19 avril, mais pour l’instant, Bâle reste un cas particulier parmi les opéras helvétiques, avec un retour du public dès ce mois-ci. Cette jauge de 50 spectateurs seulement et la soudaineté de l'annonce en sont les causes principales. Pour l’Opéra de Lausanne, les projets sont annulés ou reportés à une date ultérieure, comme pour Le Petit Chaperon rouge par le compositeur Guy-François Leuenberger et la librettiste Stefania Pinnelli (Rinaldo par Robert Carsen avec Philippe Jaroussky sera filmé, et Norma par Stefano Poda avec Salome Jicia et Paolo Fanale, initialement prévu du 6 au 16 juin avec public, est finalement reporté à une date ultérieure, "lorsque le contexte sanitaire sera plus favorable".)
Au Grand Théâtre de Genève, le récital de la soprano Pretty Yende sera en jauge limitée et diffusé en streaming le 7 mai.
Le Nouvel Opéra Fribourg souhaite pour sa part reprendre au Cinéma Rex le 27 mai avec la diffusion du documentaire retraçant la création scénique de Pelléas et Mélisande (Debussy) en Russie, puis un retour aux théâtres (Equilibre puis Crochetan) du 28 mai au 3 juin avec l'opéra du britannique Thomas Adès, Powder Her Face (que l'Athénée à Paris espère voir mi-juin).
Quant à l'Opéra de Zurich, le programme régulier est annulé jusqu’à fin avril, la première des Contes d’Hoffmann d’Offenbach a été diffusée en direct gratuitement le 11 avril. Les représentations doivent reprendre en mai avec pas moins de 29 représentations : L'Histoire du soldat de Stravinsky par Andreas Homoki, Viva la mamma de Donizetti avec Lina Dambrauskaité direction Adrian Kelly, les chorégraphies Walking Mad sur des musiques de Maurice Ravel et Arvo Pärt, un triptyque dansé Impulse (Entropy, Pure Coincidence et Union in Poetry) ainsi qu'une riche série de programmes avec les musiciens maisons pour Philharmonia Winds, Strings, Pop, Folk ou encore Musical.
Du côté des Festivals ceux de Verbier et le Gstaad-Menuhin ont déjà annoncé leurs réjouissances (à retrouver prochainement et comme chaque année dans notre Grand Guides des Festivals).
Ce redémarrage à Bâle donne néanmoins des signaux positifs, en souhaitant qu'ils soient encourageants et de bon augure pour la situation en France (dans l'attente de prochaines annonces concernant le mois de mai).