Saison 2020-2021 sous le signe de la Renaissance à l’Opéra de Limoges
Comment renaître après plusieurs mois de chaos sanitaire et d’arrêt brutal de la vie culturelle ? Comment renouer avec le public en ces temps si troublés pour l’entreprise artistique ? Tels sont les questionnements qui ont animé les équipes de l’Opéra de Limoges, sous l’impulsion d’Alain Mercier (qui nous présentait ses actions dans notre dernier article perspectives), à l’heure de préparer cette saison post-confinement, saison dont l’intitulé finalement interrogatif en dit long sur l’incertitude de l’époque : “2020-2021, la Renaissance ?”.
Un avenir encore incertain, donc, mais déjà quelques certitudes : il faudra composer avec les mesures sanitaires en vigueur. Hélas, celles-ci ne sont guère adaptées aux productions scéniques de grande ampleur. Ce qui tombe mal : l’Opéra de Limoges en avait prévu deux, ces prochains mois : Faust de Gounod, début novembre, et La Dame blanche de Boieldieu, en mars. Deux spectacles finalement reportés, à l’automne 2022 pour le premier et à janvier 2023 pour le second. Pour autant, et parce qu’il a absolument tenu à conserver les lignes directrices de son projet initial, l’Opéra de Limoges n’a pas renoncé à faire vivre les œuvres ayant inspiré ces deux opéras.
Faust et La Dame blanche revisités
En découlent ainsi deux spectacles inédits. Le premier, un Faust Nocturne, sera présenté en novembre. Inspirée du texte éponyme d’Olivier Py, cette commande de l’Opéra de Limoges se présente comme une « musique de danse pour le théâtre et la scène », musique signée en l’occurrence par le compositeur marseillais Lionel Ginoux, la mise en scène du spectacle étant assurée par Claude Brumachon et Benjamin Lamarche. Sur scène s'installeront un quatuor à cordes, trois comédiens et trois danseurs, ainsi que les sept chanteurs initialement prévus pour le Faust de Gounod. Parmi eux, la basse Nicolas Cavallier, le ténor Julien Dran (brillant Nadir en 2018 sur cette même scène limougeaude), ou encore Camille Schnoor (vue dernièrement au Festival d’été de Vichy). Jérôme Boutillier, Thibault de Damas, Cécile Galois et Ambroisine Bré compléteront le casting vocal de ce spectacle inédit. À noter que l’opéra de Gounod sera aussi à l’honneur dans un concert symphonique où l’Orchestre de l’Opéra de Limoges interprétera notamment la Suite de ballet de Faust.
La Dame blanche, à défaut donc de l’œuvre de Boieldieu, sera de son côté mise à l’honneur en mars dans un spectacle musical inspiré de l’opéra initial, avec images animées, extraits de l’œuvre originale et textes intercalaires signés Claire Boisteau. Sous la baguette de Fayçal Karoui, qui dirigera l’Orchestre et le Chœur de l’Opéra de Limoges, six solistes vocaux sont attendus (Julien Dran, une nouvelle fois, mais aussi Mélissa Petit, Sophie Marin-Degor, François Rougier, Marie Lenormand et Jean-Luc Ballestra).
Deux autres opéras viennent compléter le programme de cette nouvelle saison limougeaude. Rusalka, d’abord, programmé en janvier dans une version pour orchestre de chambre, avec la mise en scène de Nicola Raab qu'avait pu apprécier le public de l’Opéra National du Rhin en octobre dernier. Ruzan Mantashyan tiendra le rôle-titre, et Adam Smith sera son Prince. Rafal Pawnuk (Vodnik), Marie-Adeline Henry (Princesse) et Marion Lebègue (Jezibaba) compléteront le plateau vocal de ce spectacle qui sera dirigé par Pavel Baleff, attendu comme le nouveau chef principal de l’Orchestre de l’Opéra de Limoges à compter de la saison 2022/2023.
Autre date de lyrique de cette saison limougeaude, un opéra spécialement commandé par l’Opéra de Limoges (et qui sera donc créé pour l’occasion) : Aliénor, Allah I Nour, reines de Lumière. Ce spectacle est présenté comme un « voyage initiatique dans l’intimité d’Aliénor d’Aquitaine », l’action se déroulant au croisement de plusieurs époques (du Moyen-Âge à l’époque moderne). Alain Voirpy, ancien Directeur du Conservatoire de Limoges, signe la musique et Kristian Frédric la mise en scène, les deux hommes ayant coopéré pour la rédaction d’un livret à la dimension à la fois historique et sociale. La soprano Catherine Hunold est attendue dans le rôle-titre. Le baryton Jérôme Boutillier assurera le rôle de Richard (futur Cœur-de-Lion), et Marie Van Honnacker celui de Norah.
Concerts “garantis sans postillons”
D’autres rendez-vous lyriques émailleront cette saison limougeaude. Mi-octobre, en partenariat avec l’Université de Limoges (et en hommage aux soignants), un grand récital lyrique est programmé. La soprano Diana Axentii, le ténor Matthieu Justine et le baryton Anas Séguin y interpréteront des airs signés Rossini, Donizetti, Mozart ou encore Bizet. Tout au long de l’année, d’autres concerts solidaires (garantis “sans postillons”, comme lu dans le programme de saison) mettront à l’honneur Bach, Delibes et Verdi, ou encore Brahms. En janvier, deux opéras courts (et méconnus) seront présentés : Les Deux Aveugles, “bouffonnerie” musicale d’Offenbach, et Le Téléphone, opéra comique moderne de Gian Carlo Menotti. Par ailleurs, courant mai, et sous la direction de Pierre Dumoussaud, la mezzo-soprano Héloïse Mas interprétera des airs et chansons de Duparc (Aux étoiles), Chausson (Poème de l’amour et de la mer), et Smetana (La Moldau).
En toute fin de saison, et dans le cadre d’une initiative baptisée “L’Opéra à la Ferme”, deux concerts lyriques seront donnés dans le somptueux (et rural) cadre de la Ferme de Villefavard en Limousin. Pense-Bêtes, série de contes pour chœurs d’enfants et d’adultes, permettra à OperaKids (entendu en janvier dernier dans L’Enfant et les Sortilèges) de s’illustrer une nouvelle fois. Puis, Le Coq Maurice, opéra en un acte sur un livret de Benoit Duteurtre (l’histoire d’un coq qui doit se présenter à la justice pour défendre son droit à chanter, comme un écho à un fait divers véridique ayant récemment fait l’actualité), sera servi par les voix de la mezzo Éléonore Pancrazi, du baryton-basse Thibault de Damas, et du baryton Anas Séguin.
Les spectacles du soir, contexte particulier oblige, ont été décalés d’une demi-heure (20h30 au lieu de 20h) et le masque sera de rigueur, bien entendu.