Opéra de Reims 2020/2021 : seul Monsieur Choufleuri restera chez lui
La Cité du Champagne commencera ainsi par un spectacle pétillant en espérant qu'il sera possible de trinquer à la santé retrouvée loin du virus et du confinement. D'autant que M. Choufleuri (incarné par Aurélien Gasse avec Mme Choufleuri par Marie-Bénédicte Souquet) sera transposé dans notre époque par le metteur en scène et chef d'orchestre Yann Molénat : "Le personnage principal n’est plus seulement un amateur non éclairé de musique Italienne, mais également un collectionneur d’art contemporain qui mise sur des œuvres spectaculaires pour faire fortune." À ses côtés, Ernestine sera incarnée par Pauline Texier, en Babylas Enguerrand de Hys, Petergirl par Valentine Martinez, avec l'Ensemble Orchestral de l'Opéra de Reims, le Chœur Elca (Ensemble Lyrique Champagne-Ardenne) et même des danseuses du Conservatoire Régional.
De l'opérette à l'opéra-comique, il n'est qu'un pas mais qui peut basculer dans le drame : preuve en est, Reims reprendra la Carmen de Bizet version policière mise en scène par Paul-Émile Fourny (notre compte-rendu). L'héroïne sera incarnée par Ahlima Mhamdi, Don José l'enquêteur par Thomas Bettinger contre le toréro Escamillo de Christian Helmer et tout contre la Micaela de Ludivine Gombert. Le casting est déjà complété, avec Mercedes & Frasquita (Lidja Jovanovic et Capucine Daumas), Zuniga & Dancaire (Jean-Vincent Blot et Lionel Peintre), Remendado & Morales (Enguerrand de Hys et Yoann Dubruque), l'Orchestre de l’Opéra de Reims, les chœurs de l’ELCA et les enfants de la Maîtrise le tout sous la baguette de Cyril Englebert.
Toujours dans la veine de l'opéra-comique français, mais passant ainsi du plus célèbre d'entre tous à une grande rareté (ce en quoi la Compagnie Les Monts du Reuil se sont fait des spécialistes à Reims comme nous en rendons compte depuis plusieurs années), voici venir Le Magnifique d'André Grétry et Michel-Jean Sedaine. Ce Magnifique sera dirigé par Hélène Clerc-Murgier et Pauline Warnier, mis en scène par et scénographié par Stephan Grögler avec des "Bijoux & Images" crédités à Jennifer Crupi, costumes de Patricia Flaget, vidéos de Louison Costes et lumières de Pierre Daubigny. Sur les sept solistes, seuls deux ont pour l'instant été recrutés : Gaëlle Méchaly dans le rôle d'Alix et l'acteur Dominique Pinon en Fabio.
L'autre chef-d'œuvre mondial -rivalisant de popularité avec Carmen- au programme est La Traviata de Verdi. Là aussi avec des chorégraphies (rappelant l'appétence pour le ballet dans la maison rémoise) signées Lucie Vigneault. Cette production signée Oriol Tomas mettra en vedette Erminie Blondel avec Raffaele Abete et Simone del Savio (Germont fils et père), la Flora d'Emma Parkinson, Annina Svetlana Lifar, Gastone Rémy Mathieu, Obigny Yuri Kissin, Christian Tréguier et François Harismendy en Docteur Grenvil et Baron Douphol.
Avant cela, la saison aura repris (espérons-le) en octobre avec Les Métamorphoses (qui furent indispensables pour permettre à la musique de continuer à résonner même confiné), en l'occurrence il s'agit du nom de l'Orchestre dirigé par Amaury du Closel qui accompagnera le baryton Jiwon Song dans les Chants d'un compagnon errant (Mahler arrangé par Schoenberg) et les Six Chants à partir de poèmes de Maurice Maeterlinck (Zemlinsky arrangé par Amaury du Closel). Les Métamorphoses qui reviendront pour un programme Swing Verboten et Danse nouvelle.
Symbole des grands contrastes dans l'art lyrique (et traduisant ceux de notre situation actuelle) le seul mois s'étendant du 19 février au 19 mars proposera le terrible drame Didon et Énée de Purcell (incarnés par Chantal Santon Jeffery et Romain Bockler dans la vision de Benoît Bénichou : compte-rendu), la comédie musicale Chantons sous la pluie (signant le retour maison de la compagnie belge Ars Lyrica après le succès des Parapluies de Cherbourg) et Le Voyage d'hiver de Schubert chorégraphié par Preljocaj (notre compte-rendu).
Autre rareté, autre découverte, dans une production opéra jeune public du festival Méli’Môme : Aucassin et Nicolette œuvre littéraire anonyme de la fin du XIIe siècle, composée en picard, histoire d’amour, "première et unique chantefable de la littérature médiévale qui fait dialoguer prose et vers, musique et récit" qui a inspiré en 1938 le compositeur italien Mario Castelnuovo-Tedesco avec un opéra pour voix, marionnettes et un ensemble instrumental.
Françoise Lasserre dirigera 16 instrumentistes et 12 chanteurs en Akadêmia pour un triptyque Schütz. Après un triptyque, une double odyssée : de Schütz également, David et Salomon associé à Forêt de Franck Vigroux ("une création contemporaine où s'entremêlent musique électronique, théâtre, danse et vidéo") dans un concert mis en espace par Les Cris de Paris au Cirque de Reims.
Une nouvelle saison champagne et pétillante complétée comme chaque année par l’initiative Tous à l'Opéra (reporté au 24 octobre en raison du Coronavirus mais pour coïncider avec le World Opera Day), des concerts voix du monde, jazz, violon virtuose, Gershwin, matinées contemporaines, sketchs musicaux, projection de Comédie musicale (Le Magicien d'Oz), ballets (Don Quichotte par le Yacobson Ballet de Saint-Pétersbourg réinvité après La Belle au Bois Dormant et Casse-Noisette, avant que le Malandain Ballet Biarritz ne danse La Pastorale-Symphonie n°6 de Beethoven).