Les Heures Musicales de l’Abbaye de Lessay : une édition 2020/2021 dans les temps
À cadre exceptionnel, mesures exceptionnelles. L’église abbatiale de Lessay est un lieu incontournable du patrimoine architectural normand. Avec sa voûte sur croisées d’ogives, première dans son genre, elle offre une acoustique idéale pour se faire l’écrin de joyaux de la musique baroque mais aussi d'œuvres plus contemporaines. L’association Les Heures Musicales y proposera une programmation inédite repensée pour de petits effectifs, garantissant ainsi une distance de sécurité appropriée entre les musiciens sur scène. Idem pour le public : la capacité et la configuration d’accueil de l’église a été adaptée pour offrir la possibilité à 270 spectateurs d’apprécier le spectacle tout en respectant la distanciation sociale d’un mètre. Masques et gels hydroalcooliques seront également mis à leur disposition pour profiter en toute sécurité d’une édition 2020 qui s’annonce riche en découvertes et redécouvertes sonores.
Pour l’Ensemble Correspondances dirigé par Sébastien Daucé, la réduction des effectifs semble loin d’être une contrainte. La réadaptation de leur répertoire pour un petit nombre de musiciens leur permet de proposer une série de concerts en itinérance basée sur le répertoire de Charpentier et de Lalande (musiciens qui, eux aussi, ont dû composer avec leurs contextes et les aléas de leur temps). Se déplaçant tantôt en vélo, à pieds, à cheval, et tout moyen de locomotion n’impliquant aucune émission de CO2, Correspondances feront étape à l’Abbaye de Lessay le 11 août avant de reprendre leur périple vers le Théâtre de Caen. Le moyen de lier habilement musique, voyage et découverte patrimoniale.
De la musique en voyage au voyage, il n'y a qu'un pas que la violoncelliste Sonia Wieder-Atherton franchit. Poursuivant son Odyssée, elle viendra cet été à la rencontre du public normand et égrainera sur son passage les notes du répertoire de Tchaïkovski et Bach. Autre personnalité très attendue, David Grimal, violoniste et Directeur artistique de l'ensemble Les Dissonances sera également présent. Après avoir assuré une série de concerts en streaming sur le site de l'Opéra de Dijon, c'est un moment de partage en chair(e) et en os qu'il initiera sur la scène de l'Abbatiale.
Venu tout droit de Glasgow, le Dunedin Consort dirigé par le chef réputé John Butt sera également de la partie avec dans ses bagages des mélodies de Haendel et un extrait des Quatre Saisons de Vivaldi. La tétralogie instrumentale sera aussi amplement mise à l'honneur par le répertoire de l'ensemble Les Talens Lyriques sous la direction de Christophe Rousset. Comme en réponse aux airs annonciateurs du Printemps, ce sont ensuite Les Arts Florissants qui prendront place dans l'église après un festival en ligne conduit par le ténor Paul Agnew. C'est d'ailleurs le registre vocal ténor qui sera exploré au travers des œuvres de Haendel telles que Semele et Jephtha.
L’abbaye de Lessay est le cadre propice pour proposer des expériences sonores basées sur la spatialisation. L'Ensemble Pygmalion placé sous la baguette de Raphaël Pichon mettra à l’honneur la puissance du chant choral a cappella.
Avec HYPNOS, l’Ensemble La Tempête exploite également l’architecture sonore des lieux pour déployer une polyphonie mystique et spirituelle au travers d’œuvres du répertoire sacré d’époques variées. Une parenthèse salutaire au royaume des songes orchestrée par Simon-Pierre Bestion placé sous la baguette de Raphaël Pichon qui proposait l’an dernier à la même période son majestueux Grand office pour Charles Quint au Festival Sinfonia en Périgord.
Au vertige architectural, Le Poème harmonique dirigé par Vincent Dumestre conjugue les vertiges des Mystères & Anamorphoses baroques mêlant profane au sacré, Monteverdi, Cavalli, Rossi et Marazzoli (notre compte-rendu de ce programme au Louvre).