L'Opéra de Rome veut reprendre dès juillet, en plein air
Dans un article intitulé "Rome, Opéra à ciel ouvert" ("Roma, opera all’aperto" en référence au film Roma città aperta de Rossellini) paru dans le quotidien italien Corriere della Sera, l'Opéra de la capitale transalpine annonce même prévoir tout un Festival d'été. Après Rigoletto, suivra ainsi Le Barbier de Séville en version concertante, le ballet de Roland Petit sur la musique de Pink Floyd et du répertoire symphonique. La direction de l'Opéra de Rome explique ne pouvoir raisonner en termes économiques, mais espérer un amortissement des coûts ainsi qu'un financement extraordinaire des théâtres par les autorités publiques.
Ces spectacles devront respecter les normes sanitaires émises par le Comité Technico-Scientifique italien qui demande aussi la prise de température des personnels et spectateurs, la distanciation physique à tout moment, le port du masque obligatoire (sauf pour les chanteurs et instrumentistes à vent en l'occurrence). Chaque membre du public devra rester assis à sa place attribuée, numérotée -et espacée- sur des gradins.
Les conclusions de ce Comité ont permis cette prise de décisions chez nos voisins puisque le Comité limitait en effet les spectacles en intérieur à 200 personnes, en extérieur à 1.000 personnes -spectateurs, artistes et techniciens compris- (en France, nous sommes toujours dans l'attente de consignes précises et d'une réponse gouvernementale sur le statut du rapport remis par le Professeur Bricaire : "La culture et le déconfinement").
Rome se veut ainsi comme un modèle pour les autres villes et un signal fort pour la culture.
En 1996, La Bohème de Puccini a fêté ses 100 ans dans cette même Villa Borgèse, le Festival d'été lyrique romain devait là encore délaisser les Thermes du Théâtre Caracalla, alors en travaux (ce lieu a aussi été étudié pour les spectacles 2020, mais il n'est pas possible d'y réduire aussi drastiquement et aisément la jauge de 4500)
Pour son Rigoletto assurément inédit, Damiano Michieletto signera une véritable mise en scène, avec scénographie et costumes tout en dirigeant des interactions scéniques conservant leurs distances. Le Surintendant romain exprime déjà toute sa confiance et son enthousiasme : "Je suis certain que Michieletto relèvera ce défi, donnant vie à une nouvelle forme et nouvelle pratique qui ouvriront des possibilités nouvelles. Il y a mille manière de représenter l'amour et la haine, il existe aussi des moyens technologiques nouveaux. L'histoire nous rappelle combien de chefs-d'œuvre sont nés face aux tragédies : Chostakovitch sous le feu critique du régime soviétique, le néoréalisme du cinéma après la guerre..." Le Corriere della Sera qui souligne toutefois les enjeux à relever, notamment pour Maddalena, fille de joie qui devra conserver ses distances avec le Duc de Mantoue dans Rigoletto.
Daniele Gatti dirigera cette production également appelée à faire l'événement par sa prestigieuse distribution italienne : Luca Salsi, Vittorio Grigolo, Rosa Feola.
Quant au retour en salle dans son Théâtre historique, le Surintendant Carlo Fuortes ne compte pas sur un retour à la normale avant la fin de l'année, voire début 2021. Il s'agira jusque là de rester flexible dans un "work in progress", à commencer par l'ouverture de saison fin novembre avec La Clémence de Titus mise en scène par Mario Martone, qui travaille déjà à transformer les contraintes en une nouvelle forme de spectacle. Unique.
"La méthode qui doit nous guider est la résilience, pour transformer la difficulté en opportunité"
Des propos du Surintendant de Rome qui résonnent avec ceux du Directeur de La Monnaie à Bruxelles (notre interview), à l'opposé du défaitisme de Stéphane Lissner à l'Opéra de Paris (tandis qu'il prépare lui aussi un événement de reprise publique pour son prochain mandat à Naples)