Opéra de Dresde - reprises 2020/2021, qualités allemandes
L'Opéra d'État de Dresde étant un théâtre de répertoire (notamment romantique) à la germanique, il reprend chaque saison des dizaines de productions dans son catalogue passé : un fonctionnement bien pratique en périodes d'incertitudes et de pandémie -fonctionnement que plusieurs voix souhaiteraient mettre en place à Paris par exemple.
Tous les styles seront ainsi repris à Dresde en 2020/2021, à commencer par le répertoire allemand. L'Enlèvement au Sérail de Mozart (par Michiel Dijkema, direction Alessandro de Marchi) précédera Le Freischütz de Carl Maria von Weber par Axel Köhler, mais aussi des raretés comme Der Wildschütz (le gibier) opéra-comique créé le 31 décembre 1842 à Leipzig par Albert Lortzing (qui écrit ses livrets d'opéras, comme Berlioz ou Wagner).
Le Chevalier à la rose de Richard Strauss avec Christina Bock, Tuuli Takala, Edgardo Rocha et puis l'autre Strauss (Johann II) avec La Chauve-Souris (mettant à l'affiche Annette Dasch) et toujours dans la diversité des genres La Grande-Duchesse de Gérolstein d'Offenbach (Anne Schwanewilms, Prohaska), sans oublier le traditionnel (pour les fêtes) Hänsel et Gretel d'Engelbert Humperdinck.
Le bel canto italien sera représenté par L'Élixir d'amour de Donizetti (avec Pavol Breslik), Le Barbier de Séville (Rossini dirigé par Ottavio Dantone/Alessandro de Marchi/Antonello Allemandi avec Marianne Crebassa en Rosine), Don Carlo de Verdi avec un prologue instrumental de Manfred Trojahn commandé et qui devait être créé par le Festival de Pâques à Salzbourg cette année mettra à l'affiche René Pape, Hibla Gerzmava, Tomislav Mužek, Elena Maximova, Alexey Markov/Igor Golovatenko avant La Traviata (avec Atalla Ayan, direction Antonello Allemandi de la production Andreas Homoki), Nabucco (par David Bösch avec Saioa Hernández), Rigoletto avec Atalla Ayan par Nikolaus Lehnhoff ; de Puccini : La Bohème (avec Benjamin Bernheim), Madame Butterfly par Amon Miyamoto et enfin Tosca incarnée en alternance par l'impressionnant casting Kristine Opolais/Anja Harteros/Angela Gheorghiu/Angel Blue (comme à Aix). Ou encore Don Giovanni incarné par Andrzej Filonczyk dans la vision d'Andreas Kriegenburg (qui signait Les Huguenots des 350 ans à Paris).
Carmen de Bizet incarnée par Jordanka Milkova/Elena Maximova/Jelena Kordić avec Andrea Carè/Arnold Rutkowski et Alexey Markov/Erwin Schrott, ainsi qu'Eugène Onéguine de Tchaïkovski par Markus Bothe complèteront le répertoire des langues.
Le répertoire est aussi (et déjà) contemporain, avec les reprises de 4.48 Psychosis composé par Philip Venables, dans la version Tobias Heyder (notre compte-rendu de la création française à l'Opéra du Rhin version Ted Huffman) et Le Dragon d'Or (Der goldene Drache créé en 2014 à Francfort) du compositeur hongrois Peter Eötvös. De quoi compléter le panel du contemporain, avec la nouvelle production (signée Stefan Hunstein) pour Die Gespenstersonate (1984) opéra composé et écrit par Aribert Reimann d'après la pièce La Sonate des spectres de Strindgerg.
Nouvelles productions, des débuts aux fins
Les nouvelles productions iront du premier chef-d'oeuvre du genre jusqu'au contemporain : depuis l'Orfeo de Monteverdi (incarné par Rolando Villazón avec Wolfgang Katschner par Nikolaus Habjan) jusqu'aux Blues Brothers (tandis que sera reprise une revue-cabaret de Mischa Spoliansky Wie werde ich reich und glücklich? -Comment aurais-je raison ou de la chance ?).
Un fil rouge de la série des nouveautés sera composé par les opus ultimes : derniers opéras au catalogue. La saison de nouvelles productions commencera ainsi par l'ultime opus lyrique de Rossini, Guillaume Tell, incarné par Christoph Pohl dirigé par Giampaolo Bisanti avec Michael Spyres et Venera Gimadieva mis en scène par Georg Schmiedleitner, juste avant le dernier opus lyrique de Mozart, La Flûte enchantée. Or les nouvelles productions sont immédiatement et largement exploitées à Dresde (de quoi remplir les salles et les caisses avec ces opus fameux) : ce Singspiel sera ainsi à l'affiche du 1er novembre 2020 au 10 juillet 2021 avec pas moins de six chefs d'orchestre alternant pour diriger notamment René Pape (Sarastro) et Tuuli Takala en Pamina (avant Sofia Fomina). Viendra ensuite le dernier Strauss, Capriccio avec Krassimira Stoyanova et Christoph Pohl (Comtesse et Comte), Daniel Behle et Nikolay Borchev (musicien et poète) sous la direction de Christian Thielemann et dans la mise en scène de Jens-Daniel Herzog. Enfin, dernière première de la saison, avec le dernier opus de Puccini, marquant les débuts maisons de Marie-Ève Signeyrole qui mettra en scène Turandot avec Lise Lindstrom et Riccardo Massi (direction Ivan Repušić).
La Tétralogie de Wagner se représentera dans la mise en scène de Willy Decker (qui signa une mythique Traviata encore et toujours à l'affiche) avec Christian Thielemann à la baguette de sa StaatsKapelle maison. Le cycle sera donné en festival par deux fois, les quatre opus s'enchaînant avec seulement une journée de relâche avant et une après Siegfried. Les interprètes pourront ainsi conserver leurs personnages : Wotan par Michael Volle, Alberich par Falk Struckmann, Mime par Jürgen Sacher, Fricka par Christa Mayer, Siegfried par Stephen Gould et Brünnhilde par Petra Lang.
Les jeunes sont aussi invités avec deux nouvelles productions : Weisse Rose (Rose blanche) d'Udo Zimmermann et Das Schlaue Gretchen (Gretchen le rusé) de Martin Smolka ainsi que la reprise de Schneewitte (Blanche-Neige) par Jens Joneleit. Enfin, Peer Gynt sera représenté mais version ballet (chorégraphie de Johan Inger ) avant un triptyque dansé Balanchine/Crystal Pite/Forsythe (Serenade sur Tchaïkovsky, Bernard Hermann pour Psychose d'Alfred Hitchcock, Playlist).