Capitole de Toulouse 2020/2021, 11 chefs d'œuvre européens
La saison s'ouvrira par le premier-chef d'œuvre de Bizet (avant Carmen) : Les Pêcheurs de perles avec Anne-Catherine Gillet (Leïla), Mathias Vidal (Nadir), Alexandre Duhamel (Zurga) sous la direction d'Emmanuel Plasson. L'occasion pour Thomas Lebrun de mettre en scène un premier grand opéra du répertoire (notre compte-rendu de ses Fêtes d’Hébé de Rameau à l’auditorium de l’Opéra Bastille) et ce chorégraphe réunira par cette nouvelle production toutes les forces de la maison toulousaine (Orchestre, Chœur et le Ballet qui défendra également comme toujours sa riche saison chorégraphique, avec Toulouse-Lautrec et Les Saltimbanques par Kader Belarbi, La Bayadère par Thomas Edur, ainsi que Les Paysages Intérieurs de Carlson/Malandain).
Deux autres chefs-d'œuvre de compositeurs français sont au programme, leur premier et unique de plein titre, deux œuvres de maturité, notamment Pénélope de Fauré qui sera donnée en concert dans sa version "originale" pour piano (joué par Anne Le Bozec), incarnée par Catherine Hunold avec des noms bien connus du répertoire national (Airam Hernández en Ulysse, Frédéric Caton, Anaïk Morel, Olivia Doray, Victoire Bunel, Mathias Vidal, Marc Mauillon, Enguerrand de Hys, Thomas Dolié). Pelléas et Mélisande de Debussy viendra dans la mise en scène d'Éric Ruf (costumes de Christian Lacroix) déjà appréciée au TCE et à Dijon, mais ici avec les débuts de Victoire Bunel en Mélisande bien entourée par Marc Mauillon et André Heyboer (Pelléas et Golaud). Claude Debussy dont sera également donnée sa cantate La Demoiselle élue, en diptyque avec le Journal d'un disparu de Leoš Janáček : il ne s'agira pas de la récente et mémorable version d'Ivo van Hove mais des débuts français de Silvia Costa (actrice, performeuse, metteuse en scène, "artiste de l’impalpable" dixit le programme). Chiara Skerath y incarnera La Damoiselle puis sera Récitante, Marie Kalinine La Tzigane, Kristofer Lundin Le Disparu sous la direction d'Alain Franco au piano.
Les chefs-d'œuvre trop rares seront aussi britanniques et italiens, d'abord avec Le Viol de Lucrèce de Benjamin Britten dans une nouvelle mise en scène d'Anne Delbée (qui signait l'an dernier une Norma remarquée in loco) avec Agnieszka Rehlis en Lucrèce et Duncan Rock en Tarquin, Dominic Barberi (Collatin), Marc Scoffoni (Junius), Julie Pasturaud (Bianca), Andreea Soare (Ludia), Cyrille Dubois et Marie-Laure Garnier se chargeant du Chœur masculin et féminin (dans la tradition des tragédies antiques), le tout dirigé par Marius Stieghorst. Jordi Savall viendra avec son Concert des Nations pour une version concert du Teuzzone de Vivaldi (comme à la Philharmonie de Paris).
Un remarquable casting français portera Les Noces de Figaro de Mozart (direction Maxim Emelyanychev, mise en scène Marco Arturo Marelli reprise maison de 2016) : Karine Deshayes en Comtesse, Julien Véronèse en Figaro, Anaïs Constans en Susanna, Eléonore Pancrazi en Cherubino, Ingrid Perruche en Marcellina, Frédéric Caton en Bartolo mais aussi Emiliano Gonzalez-Toro en Don Basilio, Caroline Jestaedt en Barbarina ainsi que Michael Nagy en Comte.
Comme il nous le disait en interview, Stéphane Degout s'engage dans le répertoire russe, en l'occurrence le rôle-titre d'Eugène Onéguine (Tchaïkovski), Eva Zaïcik y poursuit son parcours avec Olga (peu après La Dame de pique), l'ukrainienne Valentina Fedeneva sera Tatiana, le norvégien Bror Magnus Tødenes Lenski, les français Nicolas Cavallier, Juliette Mars et Sophie Pondjiclis (Prince Grémine, Madame Larina, Filipievna) comme le français Carl Ghazarossian qui tiendra le rôle du français Monsieur Triquet dans cet opus russe, avec le franco-israélien Yuri Kissin en Capitaine/Zaretski. Dirigée par Gábor Káli la nouvelle production est signée Florent Siaud.
La saison se refermera vers des sommets d'expressivité et de dimensions musicales (rappelant la tradition des grands opus et des grandes voix à Toulouse et dans le Sud), en italien et en allemand. La Force du destin de Verdi dans la mise en scène de la figure maison Nicolas Joel sera emmenée par Paolo Arrivabeni. Le Sud qui poursuit dans sa tradition d'aimer et de révéler de grandes voix, comme ce sera de nouveau le cas avec Amadi Lagha qui avait impressionné Toulon avec Turandot. En Don Alvaro, il sera en compagnie de Catherine Hunold (Donna Leonora), Nicolas Courjal (Marquis), Raehann Bryce-Davis (Preziosilla), Sergio Vitale (Fra Melitone). Grandes voix enfin pour le point d'orgue de la saison : Elektra de Richard Strauss dans une nouvelle production de Michel Fau. Frank Beermann y dirigera Ricarda Merbeth en Elektra, Johanna Rusanen (Chrysothémis), Violeta Urmana (Clytemnestre), Matthias Goerne (Oreste).
La riche saison de récitals mettra à l'honneur Sabine Devieilhe et Alexandre Tharaud (mélodies de Fauré, Debussy, Ravel, Poulenc), Marina Rebeka et Mathieu Pordoy (Verdi, Tosti, Respighi, Rachmaninov et Prokofiev), Matthias Goerne et Nelson Goerner dans Le Voyage d’hiver de Franz Schubert, Véronique Gens et Susan Manoff en mélodies françaises. Les Midis du Capitole invitent également des artistes de la saison en solistes : Grace Durham, Carl Ghazarossian, Marie Perbost, Emiliano Gonzalez Toro, Raehann Bryce-Davis.