Le 17 juillet 2020, l'Opéra Berlioz/le Corum à Montpellier accueille Fedora (1898) d'Umberto Giordano (l’autre chef-d’œuvre du compositeur italien dont on connaît Andrea Chénier) avec Sonya Yoncheva dans le rôle principal de la Princesse Fédora Romazoff, comme ce dev(r)ait être le cas un mois plus tôt dans la production événement à La Scala de Milan (marquant le grand retour de Roberto Alagna 14 ans après son départ au milieu d’une représentation). À Montpellier, Yoncheva viendra avec son mari Domingo Hindoyan (chef d'orchestre) et son frère Marin Yonchev (ténor qui chantera le Valet). La distribution sera complétée par le ténor Charles Castronovo et la soprano Jodie Devos (incarnant Comte et Comtesse). Jérôme Boutillier chantera le cocher Cirillo mais jouera également du piano, le tout avec Opéra Junior, le Chœur de la Radio Lettone et l'Orchestre national Montpellier Occitanie. La soprano vedette bulgare s'exprime déjà d'une manière lyrique sur ce rôle (dans un texte envoyé directement au Festival) :

« Fedora est un personnage qui me touche beaucoup. Elle est une femme désespérément amoureuse, d'une manière russe et slave, ce qui m'intéresse aussi car je suis slave. Cette pièce apporte une nouvelle couleur à mon répertoire. Elle contient l'un des duos d'amour les plus incroyables jamais écrits, la scène avec Loris concluant le deuxième acte et une magnifique fin. Je pense qu'en écrivant la scène finale avec la mort de Fedora, Giordano a été en quelque sorte touché par le divin ! J'ai tellement hâte de revenir à Montpellier avec cet autre opéra vériste qui -comme Iris et Siberia (compte-rendu)- n'est pas joué très souvent. On peut le considérer comme une rareté, mais c'est un véritable bijou d'opéra ! »

Autre opéra rarissime (dans ce Festival qui s'est fait une réputation par ses résurrections d’œuvres), et probablement même le moins connu dans tout le catalogue de Jules Massenet : Bacchus (1909) sera également à l'affiche du Corum, le 25 juillet 2020, porté par la soprano Catherine Hunold dans le rôle d'Ariane et le ténor Jean-François Borras en Bacchus, le chef d'orchestre Michael Schønwandt jouant à domicile avec son Orchestre national Montpellier Occitanie.

Un troisième opéra est au programme : Daphnis et Alcimadure en occitan du natif de Narbonne Mondonville sera donné par Hélène Le Corre, Anaïs Constans (sopranos), François-Nicolas Geslot (haute-contre), Fabien Hyon (ténor), Les Éléments (chœur) et Les Passions (orchestre) de Jean-Marc Andrieu.

Mozart, Beethoven, Leçons de Ténèbres et Méditerranée

Raphaël Pichon, sa compagne Sabine Devieilhe et l'Ensemble Pygmalion poursuivront dans l'originalité de leurs projets Mozart (après leur Trilogie imaginaire), avec "Une messe par amour", entrelardant la Messe en ut avec du baroque (Lassus), classicisme (Haydn), romantique viennois (Schubert), et post-romantisme (Bruckner) en compagnie de Lenneke Ruiten (soprano), Linard Vrielink (ténor), Christian Immler (basse).

Leonardo García Alarcón après avoir entendu "la jeune soprano italienne Francesca Aspromonte interpréter des chansons siciliennes et calabraises dans un restaurant" l'invite avec sa Cappella Mediterranea pour la création d'un mini-opéra Amore Siciliano qui raconte l’histoire de la belle Cecilia "à qui un noble propose la liberté de son amant emprisonné en l’échange de services amoureux".

Le Poème Harmonique et Vincent Dumestre investiront la Cathédrale Saint-Pierre pour des Leçons de Ténèbres avec Agathe Peyrat (soprano), Floriane Hasler (mezzo-soprano), Paul-Antoine Bénos-Djian (contre-ténor), Nicholas Scott, Zachary Wilder, Antonin Rondepierre (ténors) Virgile Ancely, Renaud Delaigue (basses), de Perpignan à Montpellier, autour de Charpentier et Bouzignac. Les Leçons de Ténèbres qui seront un fil rouge du Festival, avec celles de Couperin par le Ricercar Consort, de Lambert avec Marc Mauillon -comme aux dernières Pâques de Versailles-, de Brossard avec Il Caravaggio de Camille Delaforge, de Lalande avec l'Ensemble Marguerite Louise de Gaétan Jarry, de Gouffet avec Eva Zaïcik et Le Consort de Justin Taylor. 

François-Xavier Roth et Les Siècles porteront un concert pour les 250 ans de Beethoven, "Héroïque" (du surnom de sa 3ème Symphonie). Le Quatuor Diotima et les phalanges de la Maison Ronde (Chœur et Orchestre Philharmonique de Radio France) dirigés par Maxim Emelyanychev proposeront un programme Beethoven-Adams. Beethoven qui sera mis en regard avec l'Espagne (d'Isaac Albéniz avec Orchestre Symphonique de Barcelone et National de Catalogne, et le chef Pablo Rus Broseta, par le pianiste turc Fazil Say).

Josep Pons dirigera l'Orchestre National du Capitole de Toulouse avec Victor Julien-Laferrière au violoncelle pour un impressionnant programme impressionniste français (Debussy, Lalo, Ravel). Emmanuel Krivine dirigera l'Orchestre National de France et Javier Perianes au piano pour un programme Ravel-de Falla-Mendelssohn. Duncan Ward complétera la riche variété des phalanges invitées, à la tête de l'Orchestre des Jeunes de la Méditerranée en compagnie de la soprano Sarah Aristidou. 

Tout cela mènera au dernier soir, intitulé "Last Night" with Adriana Gonzalez (notre interview), Thibaut Garcia (guitare) et l'Orchestre Symphonique de Barcelone sous la direction de Pablo Rus Broseta.

En espérant que le Festival puisse se tenir...