"Inévitable en raison de la situation mais aussi des challenges inédits qui vont se poser au Met", c'est ainsi et à grand regret que le Directeur général de la maison lyrique new yorkaise, Peter Gelb a dû annoncer la triste nouvelle.

Le Metropolitan Opera House, comme c'est la norme dans le système économique américain, ne vit pas de subventions (a fortiori depuis que Donald Trump a raboté les subsides publics déjà symboliques) mais d'argent privé, surtout de philanthropie, mécénat, sponsoring (146 millions de dollars sur un budget de 293). Les ressources propres avec la vente de billets en salle ne représentent que 30% des recettes (soit 87 M$), celles des billets de cinéma (50% du prix revenant au Met), en croissance, ne sont certes plus négligeables.

Mais de fait, le théâtre américain est sans cesse contraint de demander assistance et mécénat, chaque spectateur ayant réservé ses places au Met en donnant ses coordonnées sait combien d'appels téléphoniques et courriels d'appels aux dons il reçoit régulièrement. En cette période, les spectateurs sont également invités à faire don du prix de leur billet sur les spectacles annulés. De surcroît, tout en lançant une nouvelle campagne massive d'appels aux dons, l'institution prend des mesures économiques drastiques liées à la cessation de ses activités cette saison pour cause de pandémie.

Nous relations dans notre précédent article le fait que les artistes ne seront pas payés (alors que la majorité des autres maisons négocie le versement d'une partie des cachets au moins), ce sont désormais les musiciens permanents de la maison qui se retrouveront au chômage technique en avril (ou comme le dit la maison : "Les employés à plein temps et syndiqués se verront offrir leur paie avec leur couverture de santé jusqu'à la fin du mois de mars" : dans un pays sans sécurité sociale universelle, l'inquiétude des personnels ne pourra que grandir à partir du 1er avril, a fortiori vu l'état sanitaire du pays et de la planète en ce moment).

Les dirigeants de l'institution ont également décidé de réduire leur propre salaire, M. Gelb donnant l'exemple en y renonçant totalement.

Nous ne reverrons donc pas cette saison à New York la Turandot ni La Bohème de Puccini par Franco Zeffirelli, Madame Butterfly par Anthony Minghella, Le Vaisseau fantôme de Wagner par François Girard, La Cenerentola de Rossini par Cesare Lievi, Werther de Massenet et Manon Lescaut de Puccini par Richard Eyre, Tosca de Puccini par David McVicar, Simon Boccanegra de Verdi par Giancarlo del Monaco, Marie Stuart de Donizetti par David McVicar, Katia Kabanova de Janáček par Jonathan Miller.

Le Directeur du Met annonce que sa maison doit plier sous la menace du virus, mais qu'elle ne rompra point, cette fermeture et ces mesures étant pensées pour assurer la suite des activités. En attendant, le Met continuera de mettre à disposition gratuitement une retransmission par jour d'une production marquante de son histoire (à retrouver comme tous les streamings gratuits à travers le monde sur notre page dédiée) : les retransmissions de la semaine prochaine seront consacrées à Wagner, avec sa Tétralogie en intégralité, choisie parce qu'elle narre une histoire de "destruction mais aussi de rédemption".

  Et durant cette période (comme toute l'année) vous pouvez simplement cliquer sur le nom du Metropolitan Opera pour retrouver et relire tous nos comptes-rendus de ses spectacles. Et si cette salle vous plaît, un clic sur "Ajouter aux favoris" en haut de sa page vous permettra de recevoir par mail toutes ses actualités.