Cocorico ! 

La majorité des opéras sera non seulement chantée en français mais puisée dans le répertoire de compositeurs internationaux rappelant le rayonnement de la francophonie à travers l’histoire : Le Bourgeois gentilhomme de Molière et le naturalisé Lully, La Fille du Régiment de l'italien Donizetti, Les Contes d'Hoffmann de l'allemand Offenbach, Les Enfants terribles d'après Cocteau de l'américain Philip Glass, Pelléas et Mélisande du français Debussy sur un drame du belge Maeterlinck, Andrea Chénier d'Umberto Giordano est en italien mais il s'agit d'une histoire éminemment française (la Révolution de 1789), Salomé de Richard Strauss en allemand mais d’après le texte en français de l'anglo-saxon Oscar Wilde, enfin Carmen de Bizet inspiré de l'Espagne et mise en scène par l'espagnol Calixto Bieito.

Le compositeur italien Giampaolo Testoni (né en 1957) réunira ses deux comédies lyriques en un actes d'après Alfred de Musset : Fantasio et Fortunio. Deux compositeurs nationaux hongrois, Jenő Hubay (1858-1937) et Ernő Dohnányi (1877-1960) seront également présents avec des opéras en français : Le luthier de Crémone et Tante Simone. János Vajda créera The Imaginary Invalid (inspiré du Malade imaginaire de Molière Charpentier) et Máté Bella révisera et traduira en hongrois Le Couronnement de Poppée (ultime opéra du premier génie du genre, Claudio Monteverdi). Figaro³ fusionnera la trilogie de Beaumarchais Le Barbier de Séville/Le Mariage de Figaro/La Mère coupable ainsi que les musiques de Rossini/Mozart/Milhaud.

Le Magyar Állami Operaház fête aussi les 250 ans de Beethoven avec son unique opéra, Fidelio ainsi que Le Roi Étienne, une œuvre très chère au cœur des hongrois puisque dédiée à Étienne Ier qui fonda le royaume de Hongrie en l'an 1000.

La saison sera couronnée par un Festival français au mois de mai avec Dialogues des Carmélites de Poulenc, Werther de Massenet, Les Huguenots de Meyerbeer et La Princesse jaune de Saint-Saëns (oeuvre rare qui sera également jouée à Tours, nous annonçait récemment Marie Perbost), ainsi qu'un récital de Patricia Petibon. La mezzo-soprano Sophie Koch se présentera lors d'un Gala annuel en février 2021, sans oublier les récitals de vedettes internationales, Ildar Abdrazakov et Andrea Rost.

Le bel édifice de l'Opéra d'État hongrois étant en travaux jusqu'en 2021, l'ensemble de l'activité artistique est déplacée au Théâtre Erkel (nommé d'après Ferenc Erkel, père de l'opéra national et l'auteur de l'hymne hongrois). Cependant, un nouvel espace est mise à disposition et toujours en lien avec la France : Eiffel Art Studios, un ancien dépôt ferroviaire, désormais attribué à l'Opéra par le gouvernement hongrois. Cette immense halle qui compte 22.000 m² ouvrira officiellement au printemps 2020 et servira pour les répétitions (avec une salle dédiée) et les spectacles dans un auditorium de 400 places (surtout pour la musique contemporaine), il abritera également un studio d'enregistrement. 

L'institution envisage d'y placer les activités de son Opéra Studio, l'École de musique d'Opéra et l'Institut de ballet, ainsi qu'un studio de production qui sera également centre de formation pour les métiers d'opéra. Cette nouvelle saison fut ainsi présentée symboliquement dans un lieu consacré à Eiffel (l'ingénieur français de la Tour parisienne mais aussi le créateur de la Gare de l'Ouest et du Grand marché couvert à Budapest) en présence de l'ambassadrice de la France en Hongrie.