Anna Netrebko ouvre et Roberto Alagna revient à La Scala de Milan en 2019/2020
Tosca en ouverture
Pour l’ouverture de la nouvelle saison de La Scala de Milan qui a lieu, selon la tradition, le jour de la fête de Saint Ambroise de Milan (saint patron de la ville) le 7 décembre, la maison milanaise annonce Tosca avec Anna Netrebko dans le rôle-titre (cet opus revient sur cette scène après quatre ans d’absence, la dernière fut la production de Luc Bondy). Netrebko est une habituée de l’ouverture de saison à Milan, après 2011 avec Don Giovanni (rôle de Donna Anna), puis le rôle principal en Giovanna d’arco (Jeanne d'Arc) l’année 2015, elle incarnait en 2017 Madeleine de Coigny dans Andrea Chénier aux côtés de Yusif Eyvazov dans le rôle-titre du poète français. Riccardo Chailly est programmé à la tête de l’orchestre et du chœur de la maison, tandis que Davide Livermore signe la mise en scène. Le reste de la distribution est principalement italien, exceptée Saioa Hernández qui alterne avec Netrebko pour trois dates et la basse macédonienne Vladimir Sazdovski en Angelotti. Luca Salsi incarne le Baron Scarpia (comme ce mois à Paris), Alfonso Antoniozzi chante le Sacristain, Carlo Bosi incarne Spoletta, Giulio Mastrototaro est Sciarrone, tandis que le rôle (masculin principal) du peintre Cavaradossi qui restait à distribuer, échoit finalement [mise à jour, mi-août] à Franceso Meli (qui ouvrait la saison scaligère en 2015 avec Netrebko).
Retour d’Alagna
L’autre événement marquant est le retour de Roberto Alagna à La Scala de Milan 14 ans après son départ au milieu d’une représentation d’Aida (notre article détaillé). Un retour avec Fedora d’Umberto Giordano (rôle du Comte Loris Ipanoff), l’autre chef-d’œuvre du compositeur italien dont on connaît Andrea Chénier qu’Alagna chantait récemment à Londres. Sa partenaire sur scène sera la vedette bulgare Sonya Yoncheva dans le rôle principal de Princesse Fédora Romazoff, Mariangela Sicilia est la Comtesse Olga Soukareff, Massimo Cavalletti incarne De Siriex, Marco Ciaponi chante le Baron Rouvel, Costantino Finucci endosse Boroff et Vladimir Sazdovski le rôle de Gretch. Daniel Oren en dirige les effectifs locaux et Mario Martone assure la mise en scène.
Répertoire italien
Conformément à la politique artistique de la plus grande institution lyrique transalpine, les œuvres du répertoire national du 19ème siècle dominent aussi la saison 2019/2020. Parmi les opus moins connus et interprétés : L’Amour des trois rois (L’amore di tre re) d’Italo Montemezzi, un spectacle réalisé par Àlex Ollé du collectif La Fura Dels Baus. Le chef Carlo Rizzi mènera le plateau vocal italophone composé de Ferruccio Furlanetto en Archibaldo, Roberto Frontali (Manfredo), Giorgio Berrugi comme Avito, Federica Lombardi dans Flora et Giorgio Misseri en Fiaminio. L’autre bijou du patrimoine national rarement monté sur scène (joué la dernière fois en 1997 à La Scala) est La Joconde (La Gioconda) d’Amilcare Ponchielli, programmé en clôture de la saison. Ce renouveau est porté par les voix de Saioa Hernández en rôle-titre, Roberto Tagliavini pour Alvise Badoero, Daniela Barcellona comme Laura Adorno, Francesco Meli (Enzo Grimaldo) et le baryton Luca Salsi (Barnaba), ainsi que Judit Kutasi et Fabrizio Beggi dans les rôles de l'aveugle et Zuane, soutenus par la baguette d’Ádám Fischer depuis la fosse. Cette nouvelle production est signée encore une fois par Davide Livermore.
Le compositeur incontournable à Milan est indéniablement Giuseppe Verdi, de nouveau présent avec trois productions. La première à l’affiche est Le Trouvère, réalisé en coproduction avec le Festival de Salzbourg dans la mise en scène d’Alvis Hermanis qui, pour cette occasion, fait appel à Gleb Filshtinsky à la lumière (le fidèle collaborateur de Dmitri Tcherniakov). Sous la direction musicale de Nicola Luisotti, un plateau vocal prestigieux est convoqué : Massimo Cavalletti incarne Le Comte de Luna, Liudmyla Monastyrska est Leonora, Violeta Urmana chante Azucena, Francesco Meli campe Manrico, Gianluca Buratto et Riccardo Fassi alternent dans le rôle de Ferrando. Deuxième Verdi avec Un Bal masqué annoncé pour la période estivale 2020, une autre nouvelle production ordonnancée par Gabriele Salvatores. Zubin Mehta est à retrouver au pupitre du Chœur et de l’Orchestre de La Scala devant Fabio Sartori en Riccardo, Luca Salsi en Renato, Saioa Hernández en Amella et Violeta Urmana en Ulrica, alors que Julie Martin du Theil incarne le personnage travesti d’Oscar. Zubin Mehta (en alternance avec Michele Gamba) dirige une reprise de La Traviata signée Liliana Cavani et programmée pour la toute fin de la saison au mois de novembre. Marina Rebeka et Angel Blue se partagent le rôle de Violetta, Francesco Meli et Charles Castronovo alternent en Alfredo, alors qu’en Giorgio le public milanais verra trois sommets : Leo Nucci, Plácido Domingo et George Petean.
Autre maître de l’opéra italien, Gioachino Rossini est honoré par deux opus à l’affiche. Le premier est Le Turc en Italie signé Roberto Andò, avec le spécialiste du répertoire, le chef suisse Diego Fasolis dans la fosse. Les rôles sont distribués à Alex Esposito (Selim), Rosa Feola (Donna Fiorilla), Giulio Mastrototaro (Don Geronio), Edgardo Rocha (Don Narciso) et Mattia Olivieri en Prosdocimo. La Scala programme aussi Le voyage à Reims à la rentrée scolaire, un projet réalisé par l’Académie de la maison et ses jeunes chanteurs solistes. Les musiciens de l’Académie sont dirigés par Paolo Carignani, alors que la mise en scène (qui fait appel à des marionnettes) est assurée par Luca Ronconi.
(Post-)Romantiques allemands et français
La Scala met au programme également quatre œuvres des compositeurs (post-)romantiques allemands français (allant par deux). Tout d’abord, il faut mentionner la location de la production du Metropolitan de New York de Roméo et Juliette de Gounod (par Bartlett Sher). La distribution s’annonce presque identique qu'outre-Atlantique : Vittorio Grigolo et Diana Damrau figurent dans les rôles principaux, Nicolas Testé est Frère Laurent, Mattia Olivieri incarne Mercutio et Marina Viotti – Stéphano. Ce plateau est complété par des voix françaises avec Frédéric Caton (Le Comte Capulet), Edwin Fardini (Le Comte Paris) et Jean-Vincent Blot (Le Duc), accompagnées par le chef suisse Lorenzo Viotti. Daniele Gatti mène l’autre opus du répertoire français, le Pelléas et Mélisande de Debussy avec Bernard Richter et Patricia Petibon dans les rôles-titres, Nicolas Testé en Arkel, Markus Werba comme Golaud, ainsi que Sylvie Brunet-Grupposo (Geneviève) et Caterina Sala (Yniold). Cette nouvelle production est mise en scène par Matthias Hartmann.
Côté allemand, la reprise du Tannhäuser de Wagner (par Carlus Padrissa de La Fura Dels Baus) est au programme, interprétée par des voix allemandes : Peter Seiffert chante Tannhäuser, Christian Gerhaher et Markus Werba alternent en Wolfram, Martin Piskorski est Walter, Krassimira Stoyanova et Dorothea Röschmann sont Elizabeth, face à Daniela Sindram en Vénus et Ádám Fischer à la baguette. Par ailleurs, le chef principal de la maison, Riccardo Chailly dirige une nouvelle Salomé de Richard Strauss mise en scène par Damiano Michieletto, avec Malin Byström (personnage principal), Michael Volle (Jochanaan), Roberto Saccà et Anna Maria Chiuri (Hérode et Hérodiade), ainsi que Attilio Glaser en Naraboth.
Baroque et contemporain
Les époques baroque et contemporaine sont représentées par une œuvre chacune. L’oratorio/opéra de Haendel – Semele, mis en scène par Robert Carsen, s’annonce avec un plateau magistral. Cecilia Bartoli incarne le rôle-titre, Sara Mingardo est Junon, Max Emanuel Cenčić chante Athamas et Ian Bostridge endosse le double rôle de Jupiter et Apollon. Gianluca Capuano, récemment nommé Chef principal des Musiciens du Prince-Monaco de Bartoli, se retrouve à cette occasion devant le Chœur et l’Orchestre de La Scala de Milan.
Pas de création contemporaine pour 2019/2020, mais un diptyque avec Erwartung (L'Attente) d’Arnold Schoenberg et Intolleranza 1960 de Luigi Nono, production conçue par Damiano Michieletto. La soprano finlandaise Camilla Nylund chante dans les deux opus (Une femme et l’amie d’un migrant), alors que Giorgio Berrugi (Un immigré), Anna Maria Chiuri (Une femme), Simone Piazzola (Un Algérien) et Dario Russo (Un homme torturé) soutiennent l’œuvre de Nono. Zubin Mehta conduit les solistes, ainsi que des musiciens et choristes de la maison.
Concerts symphoniques
L’art lyrique se poursuit aussi dans les concerts symphoniques de l’Orchestre de La Scala. Deux concerts de symphonies de Mahler sont prévus, la Quatrième Symphonie avec Riccardo Chailly et la soprano Christiane Karg, ainsi que la Troisième avec Zubin Mehta et la contralto Daniela Sindram. Chailly sera également à la tête de l’Orchestre pour la Neuvième de Beethoven avec Hanna-Elisabeth Müller, Claudia Huckle, Michael König et Vitalij Kowaljow comme solistes. La saison symphonique se referme par le Stabat Mater de Rossini sous la direction de Myung-Whun Chung et chanté par Rosa Feola, Veronica Simeoni, René Barbera et Roberto Tagliavini.
Récitals
Enfin, plusieurs vedettes de l’univers de l’opéra se présentent en récital avec accompagnement au piano. C’est le cas avec Matthias Goerne et le pianiste Leif Ove Andsnes, le baryton Erwin Schrott et Giulio Zappa, la soprano Aleksandra Kurzak qui se produit aux côtés de Julius Drake au piano et Tomasz Wabnic à l’alto. Ekaterina Semenchuk chantera les airs de Glinka et Moussorgski soutenue par Semjon Skigin, le contre-ténor américain Bejun Mehta se présente avec Jonathan Ware, Marina Rebeka et Giulio Zappa interprètent les œuvres de Rachmaninov, Bellini et Verdi, alors que la soprano française Sabine Devieilhe pour son récital accompagné par Alexandre Tharaud propose un programme français. Vers la fin de la saison, Anna Netrebko offre un récital avec Malcolm Martineau dans des airs de compositeurs russes, français et allemands.
Outre les récitals et concerts symphoniques, La Scala propose plusieurs concerts « exceptionnels » avec des stars du monde de la musique classique. Ainsi, Plácido Domingo fêtera-t-il le demi-siècle depuis ses débuts à la maison, dans une soirée dirigée par Evelino Pidò et les invités Saioa Hernández, Jorge de León et Ferruccio Furlanetto. La mezzo-soprano Magdalena Kožená se présente avec un ensemble de chambre et Simon Rattle au piano chantant des airs d'auteurs tchèques, russes, français et allemands. John Eliot Gardiner et la phalange milanaise interprètent L’Enfance du Christ de Berlioz à l’occasion de Noël, avec Ann Hallenberg (Marie), Lionel Lhote (Joseph), Nicolas Courjal (Hérode) et Thomas Dolié (Père de famille/Polydorus), alors qu’Allan Clayton est le Récitant/Un Centurion. Finalement, Christian Thielemann propose deux concerts avec son orchestre Staatskapelle de Dresde – dans l’un Anja Kampe chante Trois hymnes de Richard Strauss (op. 71) et dans l’autre Anja Harteros entonne les Lieder pour soprano et orchestre du même compositeur.