Le Centre National du Costume de Scène célèbre les 350 ans de l’Opéra de Paris
Le 350ème anniversaire de l’Opéra de Paris et les 30 ans de l’Opéra Bastille offrent l’opportunité au CNCS de retracer l’évolution du costume de scène au sein d’une même institution, grâce à l’importante quantité de costumes provenant de l’Opéra National et conservée in situ (représentant plus de la moitié des 10.000 costumes stockés au CNCS).
Le parcours de l’exposition, pensé et conçu par Alain Batifoulier et Simon de Tovar, sous le commissariat de Delphine Pinasa et Martine Kahane, est un chemin chronologique depuis les premières années du Palais Garnier (inauguré en 1875) jusqu’aux années actuelles de l’Opéra Bastille. Chaque salle a sa thématique propre et met en exergue l’influence des différents directeurs de l’institution sur l’esthétique des productions, par leurs choix de collaborations avec des artistes issus de différents milieux.
Le visiteur-spectateur découvre les changements de fonctionnement de l’Opéra, et notamment l’abandon, au début du XXème siècle, du principe du dessinateur unique, qui habille tous les spectacles de la saison et imprime ainsi sa marque esthétique sur toutes les œuvres, opéras et ballets confondus. La collaboration avec des équipes de créateurs qui diffèrent selon les productions entre en vigueur, apportant avec elle une pluralité créatrice moderne et mettant à l’honneur le travail de personnalités comme Léon Bakst, Jean Cocteau ou Raoul Dufy.
D’une salle à l’autre, le visiteur se rend compte de la rapide transformation esthétique opérée par ces créateurs qui, pour la première fois, peuvent appliquer leurs conceptions artistiques sur les costumes (voire les décors) d’une production. En témoignent les costumes inventifs imaginés par les peintres et affichistes (Yves Brayer, Cassandre, André Derain) engagés sous le mandat de Serge Lifar dans les années 1950.
Grâce à une mise en lumière idéale, chaque costume peut être scruté, admiré sous toutes ses coutures, comme ceux dessinés par Lila de Nobili pour la production de Carmen par Raymond Rouleau en 1959 ou les somptueux costumes d’Ezio Frigerio pour Les Noces de Figaro de Giorgio Strehler en 1980. Sur chaque cartel, le nom de l’interprète le plus fameux ayant porté le costume est indiqué. Ainsi se côtoient les patronymes légendaires : Régine Crespin, Teresa Stratas, Placido Domingo, Ruggero Raimondi… et tant d’autres !
En guise de transition entre Garnier et Bastille, la lumière est faite sur les ateliers de couture de l’Opéra, entre photographies d’archive, vidéos et maquettes de costumes, pour aborder toutes les facettes de ces métiers indispensables à la création du spectacle vivant (couture, perruque, habillement, accessoire, maquillage).
Il est alors temps d’entrer à l’Opéra Bastille, où le changement de rythme de travail (alternance des spectacles, rythme de plus de 300 représentations par an) oblige les ateliers à s’agrandir pour suivre la cadence. L’élaboration des costumes commence à nécessiter des recherches techniques plus poussées (recherches de matières, utilisation de nouveaux matériaux comme le silicone). Sous la direction de Gérard Mortier, à partir de l’année 2005, la tendance va vers le costume contemporain (les fameux costumes-cravates). Parfois directement achetés dans le commerce ou en friperie, les costumes sont retravaillés à partir d’une base existante, comme pour le Don Giovanni de Michael Haneke créé en 2006.
L’exposition montre également que l’histoire du costume de scène se tisse tout aussi bien de nos jours. Alors que Stéphane Lissner est encore en fonction, les costumes d’œuvres tout juste interprétées sur les planches de l’Opéra de Paris sont également présentés, comme la robe portée par Lisette Oropesa dans Les Huguenots en septembre dernier, où ceux d’Eliogabalo, dessinés par le créateur de mode Gareth Pugh et portés par Franco Fagioli en 2016. Sans oublier bien sûr ce qui est peut-être le costume le plus atypique de l’exposition, une des tenues de cosmonaute de La Bohème mise en scène par Claus Guth en 2017.
Pour terminer en mariant les deux espaces constituant l’Opéra de Paris, la dernière salle, dédiée aux costumes de ballet, met en miroir la salle du Palais Garnier et celle de Bastille, tandis qu’un dispositif met en mouvement les costumes de danse, anciens comme contemporains, à l’image des deux siècles d’histoire du costume que l’exposition retrace.