Saison en faveur de l’opéra contemporain au Danemark en 2019/2020
L’Opéra Royal de Copenhague annonce une saison remplie d’ouvrages
inédits. Ayant inspiré une poignée d’opéras et même un film de Disney, La
Reine des neiges
du célèbre conteur danois Hans Christian Andersen connaîtra sa
création mondiale en octobre. Mis en musique par Hans Abrahamsen,
cet opus chanté en danois ne s’adressera toutefois pas "aux
enfants ou aux âmes délicates" et sera mis en scène par
Francisco Negrín. À Michael Boder est confiée la tâche de diriger
le baryton-basse Johan Reuter, interprète wagnérien de renommée
internationale, qui créera le rôle-titre de la Reine aux côtés de
Melis Jaatinen (mezzo) et Sofie Elkjær Jensen (soprano) comme enfants Kay et Gerda.
De surcroît, la maison tirera profit du grand succès de la série télévisée The Handmaid’s Tale d’après le roman-dystopie La Servante écarlate (1985) de Margaret Atwood, dont le sujet a été mis en musique par Poul Ruders en 2000. Cette création en version anglophone dans la mise en scène de John Fulljames (le directeur du théâtre) aura lieu en mai 2020. La tâche d’incarner la servante du titre est partagée entre Rachel Kelly et Sarah Champion, qui chanteront les deux rôles différents sous la direction de la jeune cheffe lituanienne Giedre Šlekyte. L’appétit pour des œuvres hors du répertoire habituel se satisfera aussi sur les scènes secondaires par Postcard from Morocco, opéra en un acte de Dominick Argento, le spectacle total Corpo Surreal, et Le Vendeur de mort par Peter Bruun, qui met en musique la vie d’Alfred Nobel, inventeur suédois et fondateur du prix qui porte son nom, ou bien avec l’Orphée de Monteverdi, interprété par Jetske Mijnssen (metteur en scène) et Lars Ulrik Mortensen (chef d’orchestre). En outre, la comédie musicale Sweeney Todd de Stephen Sondheim se jouera dans une nouvelle mise en scène de James Brining.
Quatre œuvres grand-public recevront aussi de nouvelles mises en scène. À partir du 14 septembre, une version « énergique et minimaliste » de Carmen sera donnée dans la production qu’a façonnée Barrie Kosky pour l’Opéra Royal de Londres à l’aide du chorégraphe Otto Pichler. Alexander Vedernikov dirigera une distribution avec alternances : Michèle Losier et Elisabeth Jansson en Carmen, Migran Agadzhanyan et Niels Jørgen Riis en Don José, Anatoli Sivko et David Kempster en Escamillo, Gisela Stille et Sofie Elkjær Jensen en Micaëla. La mise en scène qu’a conçue Tim Albery de L’Enlèvement au Sérail pour l’Opera North en Angleterre sera proposée sous la direction de Paul Goodwin par une distribution internationale qui comprend Kari Dahl Nielsen et Anna Kasyan en Dorabella et Fiordiligi, Matteo Macchioni et Magnus Ingemund Kjelstad en Ferrando et Guglielmo, ainsi que Sine Bundgaard et William Dazeley en Despina et Don Alfonso. Dans Ariane à Naxos, les genres de la tragédie et de la comédie se mêleront selon les instructions de Katie Mitchell avec une distribution prometteuse : Ann Petersen chantera Ariane et Daniel Johansson fera ses débuts en Bacchus. L’ensemble vocal est complété par Heather Engebretson en Zerbinetta, Elisabeth Jansson en Compositeur et Michael Kraus en Professeur de musique. Finalement, Idomeneo de Mozart s’incarnera dans la vision de Robert Carsen et Will Duke (artiste vidéo) avec Niels Jørgen Riis dans le rôle-titre, entouré par des collègues principalement danois. Sur la liste des reprises figurent Le Barbier de Séville (mise en scène de Martin Lyngbo, dirigé par Vincenzo Milletarì) et la Traviata de David Radok, dans laquelle Gisela Stille et Francesca Dotto alternent en Violetta aux côtés de Francesco Castoro et Matteo Lippi en Alfredo, David Kempster en Germont, guidés par Richard Farnes au pupitre.
Un temps fort de la saison se composera des trois représentations en « concert scénique » de Tristan et Isolde sous la baguette de Lothar Koenigs, réunissant Christopher Ventris et Ann Petersen (récemment appréciés dans ces rôles-titre à La Monnaie de Bruxelles) ainsi que Kyungil Ko (Marke), Hanne Fischer (Brangäne) et Egils Silins (Kurwenal), accompagnées par le projet « Liebestod - une Opéra:tion », qui promet du jazz, du classique et de l’improvisation dans un mélange façonné par les musiciens suédois Sofia Jernberg et Henrik Strindberg.
Se réalisant en grande partie en tournée – Eugène Onéguine, L’Enlèvement au Sérail et HjerteLyd ("sons de cœur", opéra pour bébés) – la programmation de l’Opéra d’Aarhus offrira in loco un opus très peu connu : Michael Kohlhaas du compositeur danois Paul August von Klenau d’après la nouvelle de Heinrich von Kleist. L’opéra, qui connut sa première à Stuttgart en 1933, sera réanimé par Philipp Kochheim (mise en scène) et Jonas Alber (direction musicale). L’Opéra d’Odense se concentrera, à l’exception d’un Don Giovanni réalisé par Jacob Beck, sur l’inédit et rendra également hommage à Hans Christian Andersen, ce grand fils de la troisième ville du pays, avec L’Empereur, qui sera mis à jour dans les « habits neufs » du compositeur Peter Livingstone. Outre Le Petit soldat de Niels Marthinsen et La Rose blanche d’Udo Zimmermann, racontant le destin des résistants allemands Sophie et Hans Scholl lors de la Seconde Guerre mondiale, Odense verra renaître L’Invité Royal (1919) de Hakon Børresen, tiré d’une nouvelle du prix Nobel danois Henrik Pontoppidan, dirigé par Leif Greibe et mis en scène par Ida Fogh Kiberg.
Enfin et surtout, Kasper Wilton fera suite à sa Walkyrie en 2017 avec L’Or du Rhin qu’il monte à l’Opéra d’Esbjerg. Lars Ole Mathiasen prendra à nouveau la baguette en main pour guider une distribution scandinave comprenant Jens Søndergaard (Wotan), Randi Stene (Fricka), Niklas Björling Rygert (Loge), Jesper Buhl (Alberich) et Johanne Højlund (Erda).