Los Angeles Opera 2019/2020, amours et horreurs
Au programme : des histoires d'amour -finalement- heureuses (La Flûte enchantée, Les Noces de Figaro, The Light in the Piazza), tragiques (Eurydice, La Bohème, Pelléas et Mélisande) ou absolument horrifiques (Psycho, Angel’s Bone mais aussi les hallucinations sanglantes d'Élisabeth d'Angleterre dans Roberto Devereux).
"Ne vous inquiétez pas. Vous pouvez pleurer, nous éteindrons les lumières." Los Angeles annonce ainsi La Bohème de Puccini, comme chaque opus a droit à sa petite présentation amusante, à son petit slogan spirituel.
La Bohème a traditionnellement tendance à être présentée dans des versions classiques, qui restent longtemps à l'affiche. Le Met propose encore celle de Zeffirelli, La Bohème par Richard Jones a récemment remplacé une version quadragénaire à Londres et le vaisseau spatial de Claus Guth à Bastille remplaçait 22 ans la version de Jonathan Miller. Après 25 ans, "les Bohémiens à Los Angeles changent d'adresse" avec cette fois la production de Barrie Kosky. Marina Costa-Jackson incarnera Mimi, Saimir Pirgu (notre interview récente) sera Rodolfo dans "le plus romantique des opéras". Comme pour la majorité des opus, la baguette reviendra au directeur musical maison, James Conlon.
Par Barrie Kosky également, La Flûte enchantée (notre compte-rendu) avec Ildebrando d'Arcangelo en Sarastro. "L'amour véritable n'est pas chose facile. Surtout quand rôde une araignée géante. Votre mère..."
Autre Mozart qui finit bien : Les Noces de Figaro s'habillent en Christian Lacroix dans une nouvelle version par le réalisateur de films James Gray avec Craig Colclough et Ying Fang (Figaro et Susanna), Christopher Maltman et Guanqun Yu (Comte et Comtesse Almaviva), ainsi que Rihab Chaieb en Cherubino et le Doctor Bartolo de Kristinn Sigmundsson.
"Liste de mariage : Tisser son voile. Emménager. Gagner une bataille d'esprits."
"On ne fait pas mieux que cette ravissante romance musicale !" avec Renée Fleming (direction musicale Kimberly Grigsby, mise en scène Daniel Evans),
The Light in the Piazza : la lumière sur la Place de Florence en Italie en 1953, un musical de Broadway sur une américaine et sa fille admirant la beauté de l'Italie (mais devant aussi se confronter à des secrets trop longtemps tus).
Eurydice a inspiré l'opéra depuis sa naissance et jusqu'à nos jours avec une création mondiale éponyme composée par Matthew Aucoin (qui tiendra la baguette) avec l'auteure Sarah Ruhl, mise en scène Mary Zimmerman et qui réimagine la Mythologie dans l'époque moderne : "Tragiquement tuée le jour de son mariage, une jeune femme descend dans le monde souterrain, où elle renoue avec son père adoré. Elle doit maintenant choisir entre deux mondes et deux hommes qu'elle aime."
Le rôle-titre est confié à Danielle de Niese, Rod Gilfry incarnera son père. Joshua Hopkins sera Orphée, John Holiday son double, allumera le feu face à l'infernal Hades par Barry Banks.
"Dans la Mythologie Grecque, elle était une figure ombrageuse, à peine connue. Changeons cela."
Le maître des lieux, Placido Domingo, est à l'affiche de Roberto Devereux (Donizetti), en Duc, aux côtés de la Duchesse Alice Coote, le ténor-titre Ramón Vargas et la Reine de Davinia Rodriguez, dirigés par Eun Sun Kim dans une mise en scène de Stephen Lawless.
"C'est bon d'être la reine... la plupart du temps."
Autre histoire de reine, Rodelinda en version concertante avec l'ensemble sur instruments d'époque The English Concert (direction Harry Bicket). Les six rôles (Rodelinda, Bertarido, Grimoaldo, Eduige, Unulfo et Garibaldo) seront tenus par Lucy Crowe, Iestyn Davies, Joshua Ellicott, Jess Dandy, Anthony Roth Costanzo et Brandon Cedel.
"Duplicité et tromperie. Complots et secrets. Vous savez, comme d'habitude."
"Spoiler alert: celui-ci finit mal, pour les deux" : Pelléas et Mélisande (Yunpeng Wang et Kate Lindsey) mais aussi pour Golaud (Christopher Purves), Arkel et Geneviève (Willard White et Nancy Maultsby) par David McVicar.
Après La Belle et la Bête de Cocteau et Vampyr de Dreyer le traditionnel ciné-concert d'Halloween au Theatre Ace Hotel sera consacré à Psychose avec l'indissociable musique de Bernard Herrmann (à noter : son opéra Les Hauts de Hurlevent sera donné en création scénique française, à Nancy en mai prochain).
"Une secrétaire en cavale s'arrête dans un motel isolé... lancez les violons terrifiants !"
Mais dans la rubrique horreur, Angel's Bone, opéra créé en 2016 par le compositeur Du Yun et le librettiste Royce Vavrek n'a rien à envier : deux anges déchus brisés par leur voyage sur Terre sont recueillis et soignés par un homme qui en fait ses esclaves. Cet opéra sur le trafic d'enfants a quatre personnages : Mrs. and Mr. X.E. (Abigail Fischer et Kyle Pfortmiller), les anges fille et garçon (Rosie K et Kyle Bielfield).
Enfin, le "high-flying" ténor mexicain Javier Camarena qui triomphe en ce moment même à l'autre bout du pays (bissant l'air des contre-uts dans La Fille du Régiment) offrira ses favoris du répertoire classique en récital avec le pianiste Angel Rodriguez, dans cette salle où il avait débuté en 2017 par Les Pêcheurs de perles.