Festival d'automne à Paris 2018 : Vivier lyrique
Le Festival d'automne à Paris met à l'honneur la création contemporaine depuis 1972. Fortement marquée par la pluridisciplinarité, la manifestation est née par l'union de la danse et de la musique (matérialisant l'union du Festival international de la danse -de Jean Robin- et des Semaines musicales internationales de Paris -de Maurice Fleuret-). D'autant que le Festival devient rapidement un temps fort dans la saison théâtrale mais également les arts plastiques, le cinéma et la littérature.
Toujours international et curieux de nouveautés, parcourant cette année 45 lieux franciliens avec une soixantaine d'artistes internationaux, le Festival affirme à nouveau "la diversité des êtres, le refus des frontières, l’appel de l’ailleurs, de l’inconnu et de l’étranger" notamment par son programme musical.
L'art des sons et du temps est ainsi mis à l'honneur par deux nouveaux "Portraits" complétant la série de monographies d'artistes lancée en 2012. La première célébrée est la chorégraphe Anne Teresa De Keersmaeker dont seront données dans une vingtaine de lieux, une douzaine de pièces, de 1982 à aujourd’hui (et dont le Cosi fan Tutte de Mozart avait servi d'hommage à Pierre Bergé, sans oublier également le projet Bach/Keersmaeker représenté à l'Opéra de Lille).
Le Festival portraiturera également, pour une première monographie en France, le compositeur canadien Claude Vivier (1948-1983), disciple de Karlheinz Stockhausen, proche de Gérard Grisey (avec lequel il partagera des programmes de concerts, comme ses contemporains Tristan Murail et Pascal Dusapin ainsi que la trentenaire Clara Iannotta, mais également les références Alban Berg et Gustav Mahler).
Le Festival composera cinq programmes puisés parmi la cinquantaine d'œuvres de ce globe-trotter, avec un "rituel de mort" pour Kopernikus, dont il est l'auteur et que mettra en scène Peter Sellars au Théâtre de la Ville-Espace Cardin et au Nouveau théâtre de Montreuil. Avant cela, l'hommage commencera par un portrait collectif à l'Auditorium de Radio France : Alban Berg (avec Sept Lieder de jeunesse) Pascal Dusapin (Apex, solo n°3) Claude Vivier (Orion) et Gustav Mahler (Adagio de la Dixième Symphonie) par la mezzo-soprano Charlotte Hellekant et l'Orchestre National de France (direction Cristian Macelarú).
La soprano Marion Tassou, Wilhem Latchoumia au piano et l'Ensemble L’Instant Donné menés par Aurélien Azan-Zielinski, proposeront le concert-rencontre à l'Espace Cardin entre Clara Iannotta (avec sa pièce paw-marks in wet cement) et Claude Vivier (Pulau Dewata, Bouchara et Shiraz).
Ce sont la mezzo-soprano Alice Coote, le ténor Michael Schade et la flûtiste Anne-Sophie Neves qui défendront à l'Auditorium de Radio France : Unanswered Questions de Tristan Murail, Siddhartha de Claude Vivier et Le Chant de la terre de Mahler avec l'Orchestre Philharmonique de Radio France dirigé par Olari Elts.
Le Festival invitera également David Christoffel, médiateur d'une rencontre "entre musique, poésie et création sonore" au Théâtre des Abbesses.
L'automne jouera les prolongations avec ce Festival protéiforme dont les événements sont amenés à durer et à être repris : le programme court ainsi jusqu'à mi-décembre et même jusqu'au 17 février avec Kanata au Théâtre du Soleil qui (exceptionnellement et même pour la toute première fois) n’est pas dirigé par Ariane Mnouchkine mais Robert Lepage avec sa compagnie Ex Machina pour ce spectacle "relisant l’histoire du Canada à travers le prisme des rapports entre Blancs et Autochtones". Une production qui a déclenché de très vives polémiques au Québec, le spectacle se voyant accusé par certains d'appropriation culturelle étant donné qu'il n'emploie pas d'acteur des "Premières Nations" (peuples autochtones canadiens).