Le SFA interpelle le Ministère de la Culture quant à la situation des artistes lyriques en France
Alors que certains pays comme les États-Unis utilisent des quotas pour protéger et employer ses artistes (80 % d'artistes américains sur les scènes nationales) ou que des pays européens comme l'Italie le font de manière plus officieuse, la situation semble se dégrader dans l'hexagone où les artistes lyriques fiscalisés en France -qu'ils soient débutants dans le métier ou confirmés- peinent à être embauchés.
C'est du moins le constat dressé par le SFA qui a entamé depuis 2012 un travail d'observation sur le phénomène. Selon lui, il y aurait clairement un phénomène de dumping social en France : les théâtres lyriques préféreraient employer des artistes étrangers plutôt que des artistes lyriques fiscalisés sur le territoire réputés « trop chers » en raison des charges sociales.
Selon une étude du SFA portant sur la période 2009-2013, le nombre de rôles proposés aux artistes lyriques français aurait baissé de 28%, situant ainsi la part des artistes français employés au moins une fois dans la programmation des principaux théâtres lyriques et festivals français à 31%, avec des disparités criantes selon les établissements allant de 7 à 100 %. Le Syndicat affirme ainsi que l'Opéra de Paris n'aurait confié sur sa saison 2015/2016 que 3,7% de ses premiers rôles à des artistes lyriques résidant fiscalement en France et 13,2 % de l'ensemble des rôles.
Le Ministère de la Culture et de la Communication © DR
Aux prises à de multiples coupes budgétaires, les théâtres lyriques de l'hexagone sont en effet sans cesse amenés à réviser leur politique budgétaire, revoir leurs coûts de production et parfois baisser le nombre de représentations.
Alerté par cette étude, la Direction générale de la création artistique (DGCA) a commandé un rapport à l'inspection de la création artistique en janvier 2014, rendu public par le Ministère de la Culture en avril dernier. S'il reconnaît le "malaise profond et grandissant" généré par la situation, celui-ci, basé sur 70 entretiens, trouve ses limites dans son manque d'indicateurs chiffrés. Tout en admettant ainsi qu'il reste à « définir et élaborer les outils d'observation appropriés », il préconise une réflexion globale sur la filière lyrique afin d'organiser « une meilleure présence et une plus grande longévité des artistes lyriques formés sur le territoire ».
Devant le manque de solutions jugées pertinentes apportées à la situation, le SFA entend demander au Ministère de la Culture et les maisons d'opéras de « prendre leurs responsabilités afin de rééquilibrer les pratiques d'emploi dans le secteur lyrique ».
Retrouvez l'interview de Gaëlle Arquez dans laquelle elle évoque ces problématiques.