Festival de Pentecôte à Salzbourg : Rossini et la France pour 2018
Le Festival de Salzbourg (Salzburger Festspiele) est l'une des manifestations artistiques les plus importantes au monde. Créé en 1918 et officiellement inauguré le 22 août 1920 sur la place de la Cathédrale la ville autrichienne avec Jedermann d'Hofmannsthal (ce qui est depuis devenu une tradition d'ouverture), le succès est tel qu'un Palais des Festivals est bâti en 1925 et qu'il attire les plus grands noms, notamment Wilhelm Furtwängler et Herbert von Karajan. Celui-ci élargit même les périodes d'activité du Festival avec une édition à Pâques (à partir de 1967) et à la Pentecôte (dès 1973). Les trois derniers Directeurs artistiques du Festival de Pentecôte de Salzbourg ne sont autres qu'Hans Landesmann, Riccardo Muti et, depuis 2012, Cecilia Bartoli.
L'édition de Pentecôte 2018 (du 18 au 21 mai) rend hommage à Rossini à l'occasion des 150 ans de sa mort. L'Italienne à Alger mise en scène par Moshe Leiser et Patrice Caurier (à retrouver en interview Ôlyrix) mettra ainsi en vedette Cecilia Bartoli, Peter Kálmán, Edgardo Rocha, Alessandro Corbelli, José Coca Loza, Rebeca Olvera, Rosa Bove, le Chœur Philharmonique de Vienne et l'Ensemble Matheus dirigés par Jean-Christophe Spinosi.
Autre hommage au compositeur italien (mais aussi à la France) avec un opus composé en cette année 1868 ayant vu naître Rossini : La Périchole de Jacques Offenbach, opéra bouffe donné en version de concert sous la baguette de Marc Minkowski (avec son Chœur de l’Opéra National de Bordeaux et ses Musiciens du Louvre). Les interprètes francophones y brillent : Aude Extrémo dans le rôle-titre, Benjamin Bernheim (Piquillo), Laurent Alvaro (Don Andrès de Ribeira, Viceroy du Pérou), Éric Huchet Comte Miguel de Panatellas), Marc Mauillon Don Pedro de Hinoyosa), Lea Desandre (Mastrilla/Ninetta), Mélodie Ruvio (Berginella/Frasquinella).
Le programme offre également une "Sacrée Matinée" avec une sacrée rencontre : celle de Pange lingua et Tantum ergo avec le Requiem allemand, respectivement composées par Bruckner et Brahms deux artistes qui se sont côtoyés à l'auberge viennoise du Hérisson rouge, mais que l'histoire a voulu opposer, le premier comme progressiste, le second comme conservateur. La soprano Genia Kühmeier et le baryton Andrè Schuen y seront accompagnés par les pianos de Pierre-Laurent Aimard et Markus Hinterhäuser ainsi que le Chor des Bayerischen Rundfunks, sous la baguette de Jérémie Rhorer (décidément, les chefs français sont à l'honneur).
Outre un concert orchestral Rossini-Grieg-Tchaikovski avec le pianiste András Schiff et la Staatskapelle Berlin dirigé par le célèbre Daniel Barenboim, un récital rendra hommage au ténor Manuel García (1775-1832) objet de fascination en son temps pour son contre-ut de poitrine et pour avoir montré son aisance égale en baryton mozartien comme en ténor rossinien (il pouvait de fait interpréter le comte Almaviva, aussi bien dans Les Noces de Figaro que dans Le Barbier de Séville !). Ajoutons à ces prouesses qu'il était également compositeur, imprésario (on n'est jamais mieux servi que par soi-même) et l'enseignant d'une belle génération d'artistes (Maria Malibran et Pauline Viardot notamment). La noble tâche de l'honorer échoira au ténor Javier Camarena (reconnu pour ses contre-uts) accompagné par Les Musiciens du Prince – Monaco (direction Gianluca Capuano).
Retrouvez également le programme estival du Festival de Salzbourg