Le programme "Best of" de La Monnaie pour 2018/2019
Deux opéras italiens du XIXe siècle mettront en vedette deux couples metteur en scène/chef d'orchestre très en vue. Laurent Pelly et Alain Altinoglu pour Don Pasquale de Donizetti ; La Gioconda d’Amilcare Ponchielli par Olivier Py et Paolo Carignani avec Martina Serafin et Béatrice Uria-Monzon en alternance dans le rôle-titre, Franco Vassallo (qui nous annonçait en interview cette prise du rôle de Barnaba) puis Scott Hendricks, ainsi que Jean Teitgen incarnant Alvise Badoero. Cet opus est connu pour la musique de ballet intitulée La danse des heures, mais il est également l'occasion de célébrer le centième anniversaire de la mort d’Arrigo Boito (comme le feront dès cet été Les Chorégies d'Orange en proposant Mefistofele) : Boito est en effet surtout connu comme librettiste des derniers Verdi, ainsi que de cette Joconde. L'autre hommage sera rendu par Marco Stroppa qui a composé Re Ors, d'après une fable d'Arrigo Boito, une légende musicale pour quatre chanteurs, quatre acteurs, ensemble, électronique, spatialisation et totem acoustique sur un livret de Catherine Ailloud-Nicolas et Giordano Ferrari (opus créé à l'Opéra Comique en mai 2012 et donné ici pour la première fois en Belgique).
Altinoglu dirigera également Tristan et Isolde de Wagner, dans une version confiée au cinéaste Ralf Pleger et à l’univers visuel de l’artiste Alexander Polzin (avec en alternance dans les rôles-titres : Christopher Ventris et Bryan Register tout contre Petra Lang / Ann Petersen).
Romeo Castellucci fait son retour à La Monnaie pour mettre en scène La Flûte enchantée (après Parsifal en 2011, puis Orphée et Eurydice en 2014). Le chef d’orchestre Antonello Manacorda revient lui aussi après un flamboyant Lucio Silla l'année dernière. Pour incarner le prince et la princesse, alterneront Ed Lyon / Reinoud van Mechelen (qui feront tous deux leurs débuts dans ce rôle de Tamino), avec Sophie Karthäuser / Ilse Eerens et pour la Reine de la nuit, nulles autres que Sabine Devieilhe et Jodie Devos.
Outre Romeo Castellucci, c'est un autre metteur en scène sulfureux, Krzysztof Warlikowski qui fera son retour à La Monnaie (où il mit en scène Médée, Macbeth, Lulu, Don Giovanni) pour De la maison des morts (Janáček), sous la baguette de la jeune chef d’orchestre lituanienne Mirga Gražinytė-Tyla. En somme, un univers masculin (avec de nombreux chanteurs présents pour cet opus à Bastille en novembre dernier), mené par une femme (en fosse) !
Enfin, pour conclure la saison, jamais deux metteurs en scène controversés sans trois, avec Dmitri Tcherniakov (qui avait signé un Trouvère in loco en 2012) mais dans un univers féerique, avec Le Conte du Tsar Saltan de Nikolaï Rimski-Korsakov (une partition qui contient notamment le célèbre "Vol du Bourdon"). Alain Altinoglu y reviendra à la direction d'orchestre comme il avait animé Le Coq d’or du même compositeur sur la même scène la saison dernière.
La Monnaie offre également de nouveaux visages, avec non seulement une création mondiale mais le premier opéra d'un compositeur : Frankenstein par l'américain Mark Grey. Le collectif scénique La Fura dels Baus mettra à profit des "dispositifs audio et vidéo perfectionnés", tandis que les instruments seront dirigés par le jeune chef libano-polonais Bassem Akiki. Scott Hendricks entrera dans la peau de Victor Frankenstein, amenant à la vie la Creature Topi Lehtipuu.
Le public pourra également signer deux pactes diaboliques avec une version concert de Robert le Diable (le premier opéra français de Giacomo Meyerbeer) défendu par Dmitry Korchak dans le rôle-titre, Nicolas Courjal (Bertram), Julien Dran (Raimbaut), Patrick Bolleire (Alberti / Prêtre) ainsi que Lisette Oropesa (Isabelle), dirigés par Evelino Pidò. Une version semi-scénique pour The Rake’s Progress de Stravinsky offrira à Barbara Hannigan l'occasion de faire ses débuts à la direction d’orchestre d'opéra.
Le programme de récital sera également bien fourni (Mark Padmore, Anke Vondung & Werner Güra, Anna Caterina Antonacci, Silvia Tro Santafé, Véronique Gens, Anne Sofie von Otter, Magdalena Kožená et Michèle Losier), sans oublier les concerts (cycle Beethoven, Tableaux d’une exposition de Moussorgski, concert familial, moments-clés du Ring de Wagner et grandiose Te Deum de Bruckner) sans oublier le programme de danse.