Le Théâtre des Champs-Élysées annonce sa saison 2015-2016
D'aucuns l'auront remarqué, le paysage musical parisien a changé : la salle Pleyel a laissé la place à la Philharmonie et l'Auditorium de Radio France vient d'ouvrir ses portes. Raymond Soubie, le président du Conseil d'administration du Théâtre des Champs-Élysées l'annonce d'emblée : « dans ce contexte, comment devons-nous nous comporter et nous orienter ? En ne changeant rien ». En ressort une programmation truculente faisant la part belle à la nouvelle génération comme aux têtes d'affiches, car « les grands chanteurs sont et demeurent au Théâtre des Champs-Élysées et ils ont fait le bon choix ».
Au total, six opéras scéniques seront à découvrir. Theodora de Haendel ouvrira le bal et réunira le metteur en scène Stefen Landridge et William Christie. En 1996, le chef d'orchestre avait notamment dirigé une production au Festival de Glyndebourne aux côtés de Peter Sellars, dont la mise en scène avait reçu les éloges de la critique. Considérée par le directeur général du TCE, Michel Franck, comme « la grande star de demain » Katherine Watson s'illustrera dans le rôle-titre, tandis que « l'enfant chéri de la maison », Philippe Jaroussky incarnera Dydime, romain converti qui tentera en vain de sauver Theodora.
La soprano Maria Agresta endossera le rôle-titre de Norma © Alessandro Moggi
Opéra hors-norme de Bellini, Norma sera servi par une distribution de haut vol. La soprano italienne Maria Agrestra incarnera le rôle-titre, tandis que sa compatriote Sonia Ganassi, actuellement aux côtés de Roberto Alagna dans le Cid au Palais Garnier, interprètera Adalgisa. Le directeur du Théâtre de la Colline, Stéphane Braunschweig, rompu à la mise en scène d'opéra et qui avait notamment monté Don Giovanni de Mozart l'année passée, a axé sa mise en scène sur l'espace clos des gaulois : « J'aimerais montrer comment ces rites sont importants dans la société. Sous la beauté de la musique, il y a des tréfonds et des secrets ».
Vu récemment dans le Pré aux Clercs à l'Opéra Comique, Michael Spyres interprètera le rôle-titre de Mithridate. Pour donner toute sa truculence et son génie à cet opéra seria composé par Mozart à 14 ans, une jeune équipe a été convoquée : Patricia Petibon sera Aspasie et les deux Victoires de la Musique 2014, Sabine Devieilhe et Cyrille Dubois camperont respectivement Ismène et Marzio. À noter qu'Emmanuelle Haïm dirigera Le Concert d'Astrée et qu'Éric Ruf signera les décors.
Tristan et Isolde de Wagner, Nietzsche a été le premier à en parler comme une œuvre métaphysique. Fresque de l'amour impossible, mise en abyme de sa vie amoureuse tempétueuse, Tristan et Isolde porte haut la conception mystique de l'union que porte le compositeur. Pour incarner le couple : Torsten Kerl, habitué aux rôles wagnériens, et Emily Magee, spécialisée dans le répertoire de Strauss et qui fera ses débuts dans le rôle d'Isolde.
Pour clore cette série, l'hôte régulier de TCE Jean-Claude Malgoire assurera la direction de L'Italienne à Alger, opéra frénétique et virtuose du jeune Rossini, sur une mise en scène de Christian Schiaretti avec qui il avait collaboré en 2011 pour L'Échelle de soie.
Pas moins de douze opéras en version de concert couvriront une saison émaillée de grandes voix. Jonas Kaufmann, présent à quatre reprises, incarnera notamment Bacchus dans un Ariane à Naxos dirigé par Kirill Petrenko. Juan Diego Florez occupera le rôle-titre de Werther aux côtés de Joyce DiDonato. Difficile à mettre en scène, le Freischütz de Weber sera emmené par la voix de Véronique Gens, tandis que le duo formé par Sonya Yoncheva et Karine Deshayes interprètera le Stabat Mater de Pergolèse.
Jonas Kaufmann sera présent par quatre fois © Gregor Hohenberg / Sony Music
Les grands noms jouxteront les étoiles montantes pour quinze récitals de chant. Patricia Petibon interprètera un programme consacré aux « Monstres, sorcières et magiciens », Jonas Kaufmann chantera des airs d'opéras de Puccini, Natalie Dessay et le baryton Laurent Naouri auront carte blanche pour un récital vraisemblablement de variété intitulé « C'est pas classique… ». La « nouvelle Anna Netrebko » selon Michel Franck et spécialiste du bel canto Olga Peretyatko se concentrera sur les airs d'opéras de Rossini, le ténor Bryn Hymel chantera Verdi, Puccini et Gounod, tandis que le contre-ténor croate Max Emanuel Cenčić donnera un récital centré sur les airs napolitains.
Une programmation de haute volée que son président, Raymond Soubie, entend placer sous le signe de l'espoir et qui est d'ores et déjà à inscrire dans les agendas.
(Crédits photographiques cover : © Théâtre des Champs-Elysées)