Passion, Pouvoir et Politique : l’opéra s’expose au Victoria and Albert Museum de Londres
Au
sous-sol du majestueux Victoria and Albert Museum se déploie un
parcours historique et géographique dont l’introduction est à
écouter attentivement avant d’entrer dans la première salle.
Casque sur la tête, le visiteur est invité à suivre la
présentation enregistrée par Antonio Pappano, qui prépare à un
voyage temporel et spatial.
Le musée a fait le choix de mettre en lien l’opéra avec les bouleversements politiques et sociaux des derniers siècles. Chacune des salles est consacrée à une ville et à une première : Venise en 1642 pour Le Couronnement de Poppée de Monteverdi, Londres en 1711 pour le Rinaldo de Haendel, Vienne en 1786 pour Les Noces de Figaro, Milan en 1842 pour Nabucco, Paris en 1861 pour Tannhäuser, Dresde et sa splendeur passée en 1905 avec Salomé de Strauss, Leningrad en 1934 avec Lady Macbeth de Mtsensk de Chostakovitch.
Les salles sont agencées en fonction de l’œuvre représentée, avec une présentation didactique de chacune : compositeur, librettiste et argument sont exposés au moyen de panneaux muraux. Pour permettre au visiteur de saisir l’ambiance de ces premières et époques, des objets ayant servi à ces représentations, ou illustrant les enjeux sociaux contemporains des œuvres, ainsi que des rappels biographiques sont présentés. Ainsi figurent Anna Renzi (c. 1620-1661), première diva vénitienne, et un superbe exemplaire de La Gloire de la Dame romaine de Giulio Strozzi, rédigé en hommage à la soprano en 1644. Sont également exposés les tenues de soirée de rigueur et divers instruments.
Le
visiteur poursuit sa découverte de salle en salle, casque sur la
tête, et anticipe le changement d’époque grâce aux airs
introductifs à la nouvelle salle et au nouveau lieu. Pour Londres,
c’est Cecilia Bartoli et l’air Lascia ch’io pianga mia cruda
sorte de Rinaldo, pour Milan et Nabucco :
Maria Callas. Le rappel historique est évidemment consacré à
l’unité de l’Italie avec des objets ayant appartenu, entre
autres, à Garibaldi.
La salle la plus impressionnante est sans conteste celle de Dresde et de Salomé, où sont exposées les illustrations d’Aubrey Beardsley et surtout, un extrait vidéo d’une mise en scène de 2008 par David McVicar à Covent Garden, avec Angela Denoke dans le rôle de Salomé, couverte de sang et embrassant la tête plus que réaliste de Jokanaan.
D’une teneur relativement classique et historique dans les sept premières salles, l’exposition se conclut par une huitième salle à la portée plus universelle, avec des œuvres inspirées par l’opéra, comme les 150 vues de salles italiennes, d’Agrigente à Volterra, photographiées par Matthias Schaller, regroupées en demi-cercle sous le titre « Fratelli d’Italia ».