Rétrospective royale de la saison 2016/2017 à Versailles
En début de saison, l'Opéra de Versailles offre au public francilien des version concertantes d'oeuvres peu jouées du répertoire baroque. Ainsi, Les Horaces de Salieri est donné au mois d'octobre par le Centre de musique baroque de Versailles et les Talens Lyriques. Au mois de novembre, Zoroastre de Rameau occupe la scène sous la baguette de Raphaël Pichon et son Ensemble Pygmalion. La distribution comprend Nicolas Courjal ou encore Reinoud van Mechelen. Vient le tour de l'alliage entre Vivaldi et Campra dans Les Splendeurs Vénitiennes à la Chapelle Royale sous la direction d'Hervé Niquet : un fin mariage entre passion et recueillement.
Hervé Niquet (© Nicole Bergé)
En décembre, King Arthur de Purcell se dévoile en version loufoque sous la direction d'Hervé Niquet, porté par l'humour potache de Shirley et Dino, en charge de la mise en scène. À l'approche des fêtes, Charpentier est à l'honneur à la Chapelle Royale à travers une série de concerts dédiés à Noël, la soprano Caroline Weynants en Judith et Davy Cornillot venant apporter leurs voix. Vient enfin le traditionnel Oratorio de Noël de Bach en cette fin de mois au château. Sous la direction de Laurence Equilbey, l'énergique Chœur Accentus s'exécute aux côtés d'Emöke Baráth, la soprano à la voix puissante et au timbre riche et soyeux.
Durant le mois de janvier, le duo théâtral et musical de Molière et Lully reprend vie avec la comédie-ballet Le Bourgeois Gentilhomme mise en scène par Denis Podalydès. L'Opéra de Versailles programme également Rodelinda de Haendel en collaboration avec le chef russe Maxim Emelyanychev et Inga Kalna (rôle-titre). En février, le King's Consort offre l'opéra Juditha Triumphans de Vivaldi avec une distribution vocale exclusivement féminine : parmi elles Marianne Beate Kielland en Holopherne et Émilie Renard dans le rôle du Tyran. Arrive la clôture de ce mois avec l'un des événements de la saison : Cecilia Bartoli chantant le rôle-titre de Cenerentola de Rossini et Edgardo Rocha en Ramiro, sous la direction de Gianluca Capuano.
Cecilia Bartoli (© Decca / Uli Weber)
Parmi les nombreux Orfeo de Monteverdi présentés à l'occasion du 450ème anniversaire du compositeur, Raphaël Pichon innove pour son retour à Versailles en février, y présentant l'Orfeo de Rossi, avec son Orchestre Pygmalion. Judith van Wanroij et Giuseppina Bridelli chantent les rôles initialement dédiés aux castrats, tandis que Marc Mauillon est Momus.
Vient ensuite la Messe en la bémol majeur, œuvre retirée à Méhul suite à la découverte (quelques mois avant le concert) par l'organisme Palazzetto Bru Zane du réel créateur de l'œuvre : Franz Xaver Kleinheinz. Le concert associe l'œuvre (anciennement française) à la 5ème Symphonie de Beethoven. Peu après, Philippe Jaroussky passe en revue les différentes figures de l’Orfeo, aux côtés d'Amanda Forsythe, avec l'accompagnement des Barrochisti et sous la direction de Diego Fasolis.
Philippe Jaroussky (© Erato Warner Classics)
Versailles reçoit le duo magnifique Jean-Sébastien Bou et Robert Gleadow dans Don Giovanni par Ivan Alexandre qui s'intègre à un travail unifié par le metteur en scène sur l'ensemble de la trilogie Mozart-da Ponte. Jean-Christophe Spinosi ravit le public avec Elisabetta, rare opus de Rossini, donné en version concert mais avec beaucoup d'intentions théâtrales par ses interprètes.
Au mois d'avril, les deux contre-ténors Valer Sabadus et Christophe Dumaux proposent un programme baroque Méditations italiennes entièrement tourné vers les œuvres sacrées dédiées à la Vierge Marie, dont le Stabat Mater de Pergolèse. Avec l'orchestre de la Cappella Gabetta dirigé par le violoniste Andres Gabetta, la salle est comblée au sens propre comme au figuré.
Andres Gabetta (© JF Taillard)
À la douce approche du mois de mai, le dernier opéra de Claudio Monteverdi, Le Couronnement de Poppée, est présenté par Sébastien d'Hérin et les douze musiciens des Nouveaux Caractères. Médée, la seule tragédie lyrique de Charpentier est à l'honneur en mai pour trois représentations à la manière de Marshall Pynkoski, le metteur en scène. On peut y voir Colin Ainsworth en Jason et Peggy Kriha Dye en Médée.
Le mois de juin est marqué par la production par Louise Moaty d'Alcione de Marin Marais sous la direction de Jordi Savall, une représentation réussie aussi bien visuellement que musicalement. Versailles clôture la saison avec son Festival et notamment Arsilda de Vivaldi, résurrection remarquée dans la mise en scène de David Radok.