Le programme musical du Couronnement de Charles III choisi par Sa Majesté
Si Charles III a directement succédé, en tant que son fils aîné, à sa mère la Reine Élisabeth II le jour de son décès (le 8 septembre 2022), la traditionnelle et protocolaire Cérémonie de son Couronnement est encore en préparation. Elle se tiendra à Westminster Abbey le matin du samedi 6 mai 2023 sous la conduite de Justin Welby, archevêque de Canterbury. L’évènement religieux sera encadré de deux processions : la “Procession du Roi” désignant l’arrivée du couple royal à Westminster et la “Procession du Couronnement” pour leur retour à Buckingham Palace, le tout clôturé par le traditionnel et familial salut à la foule depuis le balcon.
Les célébrations se prolongeront sur trois jours de festivités avec un concert au château de Windsor retransmis le dimanche par la BBC, réunissant des célébrités des "charts" (diverses vedettes du Top 50). La cérémonie se veut aussi populaire avec un “déjeuner du Couronnement”, encourageant les sujets de Sa Majesté à partager repas et pique-niques (une tradition bien britannique, qui a d'ailleurs aussi toute sa place dans le prestigieux Festival d'Opéra de Glyndebourne l'été et qui avait également animé le jubilé de platine de la Reine Elizabeth II marquant les 70 ans de son règne l'année dernière). Le week-end se poursuivra jusqu’au lundi férié, le 8 Mai que la population britannique est encouragée à consacrer au bénévolat.
Les événements majeurs de la vie outre-Manche étant aussi des événements musicaux, les couronnements ont marqué l’histoire par la création et l’interprétation d’œuvres symphoniques restées dans les Mémoires (les plus célèbres étant les Coronation Anthems composés par Haendel pour George II en 1727 et qui ont été régulièrement repris depuis). Le Service Religieux du couronnement de Charles III ne dérogera donc bien entendu pas à la règle et le nouveau Roi a même commandé personnellement le programme musical, affirmant par ce biais son statut de protecteur des arts tout en affichant une ouverture à la modernité. Il y convoque en effet, comme le proclame le communiqué du site internet royal : “un panel de styles musicaux et d’interprètes alliant héritage et patrimoine avec les nouvelles voix d'aujourd'hui”.
Entre respect des traditions et revendication de modernité
Douze œuvres (dont six orchestrales, cinq chorales et une pour orgue) ont ainsi été commandées à différents compositeurs d’origine britannique ayant acquis une renommée mondiale pour leurs œuvres classiques, théâtrales, cinématographiques, ou télévisuelles. Parmi ces commandes figure entre autres un nouvel Hymne de Couronnement, composé par Andrew Lloyd Webber (célèbre compositeur des comédies musicales Cats, The Phantom of the Opera ou encore Jesus Christ Superstar entre autres). Le programme comprend également une “Marche du Couronnement” composée par Patrick Doyle (prolifique compositeur de musiques de films auquel le Prince Charles avait commandé une œuvre pour les 90 ans de la Reine mère), une pièce pour orgue signée Iain Farrington reprenant des thèmes musicaux associés aux pays du Commonwealth -anciens "territoires" de l'Empire britannique-, ainsi que de nouvelles œuvres de Tarik O’Regan, Roxanna Panufnik, Shirley J. Thompson, Judith Weir, Roderick Williams, Debbie Wiseman entre autres.
La cérémonie alliant modernité et tradition (la modernité d'hier devenant la tradition de demain), Haendel reste bien entendu au programme des réjouissances qui brasseront cinq siècles de musique avec également William Byrd, Edward Elgar, Henry Walford Davies, William Walton, Hubert Parry et Ralph Vaughan Williams. Mais là encore, le Roi Charles III ajoute une touche de "modernité" avec la musique du compositeur gallois Karl Jenkins né en 1944, dont le travail est particulièrement apprécié et reconnu en Grande-Bretagne. En effet, ce musicien polyvalent qui joue des claviers, de la flûte traversière, du hautbois et du saxophone, a fait partie de plusieurs groupes de jazz et jazz-rock, et c'est lui qui tient le piano dans la version d'origine de Jesus Christ Superstar.
Ainsi et par cette programmation alliant ancrage des traditions et mise en valeur des talents actuels, le monarque annonce la couleur d’un règne qu’il veut, comme communiqué sur le site internet royal, “tourné vers l’avenir”.
Déroulé
En prélude à la cérémonie, Sir John Eliot Gardiner dirigera ses Monteverdi Choir et English Baroque Soloists. La partie orchestrale du programme sera interprétée par l’Orchestre du Couronnement réunissant pour l’occasion des musiciens issus d’orchestres placés sous le patronage du désormais ex-Prince de Galles, dont le Royal Philharmonic Orchestra, sous la baguette d’Antonio Pappano, Directeur musical du Royal Opera House. Les parties d’orgue seront jouées par Peter Holder et Matthew Jorysz.
De grands solistes lyriques du Royaume et au-delà ont également été invités à participer à l'événement en leur qualité d’interprète : à l’affiche figurent le baryton-basse gallois Bryn Terfel, la soprano sud-africaine Pretty Yende et Roderick Williams (né à Londres de père gallois et de mère jamaïcaine), baryton également compositeur auquel a été passée l’une des douze commandes Royales pour accompagner le Service.
Sous l'égide d’Andrew Nethsingha (organiste et chef de chœur attitré à Westminster Abbey depuis le début de cette année), également missionné pour superviser les arrangements musicaux, le service religieux sera chanté par un ensemble réunissant les chœurs de l’Abbaye de Westminster et de la Chapelle Royale de Sa Majesté, rejoints par des choristes de la Chapelle du Methodist College de Belfast et du Chœur de la Cathédrale de Truro (capitale du Comté de Cornouailles, pointe sud-ouest de l'Angleterre). Se produiront également l’Ascension Choir (ensemble de Gospel), et les King’s Scholars de Westminster School.
Le programme proposera également du chant Byzantin, à la demande de Charles III, en hommage aux origines religieuses de son défunt père, le Prince Philip, baptisé au sein de l’Eglise grecque orthodoxe avant de se convertir à l'anglicanisme pour épouser Élisabeth II (le Royaume vaut bien une messe).
À tout cela viendront s'ajouter deux fanfares militaires, celles de la cavalerie et de l'armée de l'air (The State Trumpeters of the Household Cavalry et The Fanfare Trumpeters of the Royal Air Force).
Pour prolonger votre écoute, retrouvez notre série d’airs du jour consacrée à la Reine Elizabeth II ainsi que la playlist concoctée sur Classique mais pas has been