Mort de Philippe Boesmans, compositeur conteur contemporain
L'un des opéras de Philippe Boesmans venait tout juste (il y a seulement deux semaines) d'être applaudi à l'Opéra national de Lorraine : Julie présenté dans une nouvelle mise en scène (qui sera reprise à l'Opéra de Dijon le mois prochain, le simple fait qu'un opus contemporain connaisse plusieurs mises en scène et reprises étant déjà en soi un haut-fait artistique). Le nouvel opus de Philippe Boesmans sera pour sa part créé en décembre prochain à La Monnaie de Bruxelles : On purge bébé (dont le livret est adapté par Richard Brunel, également metteur en scène et actuel Directeur de l'Opéra de Lyon).
Un grand écart, apparemment, entre le drame réaliste Mademoiselle Julie d’August Strindberg et le vaudeville de Georges Feydeau, mais qui montre à la fois la riche palette du compositeur Boesmans ainsi que son intérêt pour les histoires, les contes, la question et le devenir de l'enfance et de l'innocence : des questions qu'il posait avec ce même grand écart entre féerie et terrible cruauté dans La Ronde et Pinocchio, une question des générations qu'il posait en miroir avec le patriarche industriel qui doit choisir parmi ses héritiers dans Au monde.
Toujours pour raconter ces histoires mais aussi une grande Histoire au fil de son catalogue, Philippe Boesmans s'entoure des mêmes librettistes pour plusieurs opéras, des librettistes-conteurs et qui sont aussi metteurs en scène : Joël Pommerat, Marie-Louise Bischofberger et Luc Bondy. De même, il noue des camaraderies artistiques avec des solistes présents sur plusieurs créations : Yann Beuron et surtout Stéphane Degout qui crée ses trois derniers opéras.
Le Directeur de La Monnaie, Peter de Caluwe vient de rendre hommage à son compatriote belge, soulignant l'importance capitale du compositeur dans la maison lyrique bruxelloise (et par-delà, pour le monde culturel) : « Il était un invité de choix dans notre Théâtre et l’un des piliers essentiels de notre maison. Sa contribution artistique à La Monnaie et au monde de l’opéra contemporain est inestimable. Trois directeurs successifs de La Monnaie ont pu compter sur ses commentaires constructifs concernant la programmation de notre institution, pour laquelle il a fait des suggestions originales à plusieurs reprises. Son opinion comptait, et elle nous manquera beaucoup. »
C'est en effet une boucle qui se bouclera avec la création du prochain opéra de Philippe Boesmans en décembre prochain, à La Monnaie qui lui commanda son premier opéra : La Passion de Gilles, créé en 1983.
Retrouvez la biographie Ôlyrix de Philippe Boesmans
Retrouvez d'ores et déjà notre compte-rendu de Julie à Nancy paru il y quinze jours, ainsi que tous nos comptes-rendus des opéras, et actualités liés au compositeur, puis rendez-vous sur Ôlyrix en décembre pour le compte-rendu de la prochaine création de Philippe Boesmans.