De La Scala aux rues de Milan, mort tragique d’Eldar Aliev
Après 15 années passées à vivre dans les rues du quartier milanais de Via Mariani, le chanteur s’est éteint de causes liées à son état de santé détérioré (ainsi en attestent, dans la presse italienne, les soignants qui l’ont retrouvé). Les raisons ayant mené l’interprète à abandonner les scènes prestigieuses au profit d’une caravane, puis des bancs publics de Milan demeurent cependant inconnues. Décrit comme un “homme bon, au coeur d’or” par les habitants du quartier, peu semblaient avoir connaissance de sa carrière lyrique, écourtée contre toute attente. La dernière trace en date de sa carrière est un enregistrement du Requiem de Verdi aux côtés du célèbre ténor Juan Diego Flórez (2001).
Né à Bakou en 1971, il entreprend très jeune des études de piano et de chant qui lui ouvrent les portes du Conservatoire de sa ville natale. En 1992, il poursuit ses études lyriques à l’Académie d’Osimo en Italie et poursuit son ascension en s’illustrant au cours de sélections de la direction artistique de La Scala qui lui ouvrent les portes de la classe de Carlo Bergonzi. Parallèlement, il débute au Théâtre de Trévise dans La Flûte enchantée (Mozart), puis chante un an plus tard au Théâtre de l'Opéra de Rome ainsi qu’au Théâtre Verdi de Trieste. Dans ces lieux, il multiplie les prises de rôles : c’est d’abord en incarnant le Pape (Benvenuto Cellini de Berlioz) qu’il s’illustre, puis en tant que Banco (Macbeth de Verdi), Sparafucile (Rigoletto), Timur (Turandot de Puccini), Colline (La Bohème) et Oroveso (Norma de Bellini). Eldar Aliev vient par trois reprises à l’Opéra de Paris, débutant en Raimondo Bidebent pour Lucia di Lammermoor de Donizetti en l’an 2000. Il revient les deux années suivantes, en Sparafucile de Rigoletto puis Banco de Macbeth. Ses engagements en Europe et au-delà sont multiples et il est acclamé tant à Londres qu'à Bruxelles, Jérusalem et Madrid.
Reconnu pour ses talents vocaux et ses grandes qualités d’interprète, demandé par les plus grandes maisons d’opéra, marié et père de deux enfants, rien n’explique les raisons de son choix soudain de tout abandonner. Les habitants du quartier où il a passé ses dernières années ont néanmoins tenu à honorer sa mémoire en entamant les démarches nécessaires au rapatriement de son corps dans son pays natal, l'Azerbaïdjan.