Randi Stene, une artiste succède à une artiste pour diriger l'Opéra d'Oslo
Impressionnantes coïncidences : Lilli Paasikivi gouverne non seulement le Walhalla (en chanteuse dans le rôle Fricka pour la nouvelle Tétralogie de Wagner en Finlande-notre compte-rendu), mais également l’Opéra d'Helsinki en tant que Directrice artistique (avec Gita Kadambi). Birgitta Svendén, ancienne Fricka également mais surtout Erda privilégiée à Bayreuth dans les années 1990 (dans les mises en scène de Harry Kupfer et de Klaus Kirchner), dirige depuis une dizaine d’années l’Opéra Royal de Stockholm. Et voilà un troisième pays nordique qui décide de confier son opéra principal à une Fricka expérimentée (gravée en DVD lors du Copenhagen Ring signé Kasper Bech Holten) : c’est la mezzo-soprano norvégienne Randi Stene qui assumera la fonction de Directrice de l’Opéra d’Oslo. John Fulljames à Copenhague et Steinunn Birna Ragnarsdóttir à Reykjavik sont donc les exceptions nordiques qui confirment la règle.
À Oslo dès le 1er août prochain, Randi Stene succédera à la metteuse en scène Annilese Miskimmon qui part à Londres pour diriger l’English National Opera.
Avant d’assumer en 2019 le poste de Directrice de l’Orchestre symphonique et de l’Opéra de Trondheim, troisième ville de la Norvège (et son lieu de naissance), Randi Stene a longtemps travaillé à l’Opéra Royal de Copenhague, déployant pendant trente ans son instrument vocal de mezzo-contralto dans un répertoire vaste et divers : des rôles dramatiques (Wagner, Strauss, Verdi) aussi bien que plus légers (Mozart, Gluck, Purcell), sans oublier le répertoire français (Pelléas, Werther, Carmen) ou celui du XXème siècle (avec un goût pour l’inédit). C’est par son Octavian au Théâtre du Châtelet (1993) qu’elle s’est fait connaître au niveau international. Suivirent ses engagements à New York et à Londres – notamment dans le rarement joué Palestrina de Hans Pfitzner – mais aussi en Allemagne, à La Monnaie et à Bastille – en scène comme en concert.
Elle participait en 2005 à la première représentation dans le nouvel opéra de Copenhague, en tant qu'Amneris aux côtés de Roberto Alagna, qui faisait alors ses débuts en Radamès (l'année précédant le fameux incident à La Scala de Milan).
Randi Stene envisage certes un haut niveau artistique mais surtout une coopération renforcée entre l’Opéra National d’Oslo et les autres institutions-compagnies d’opéra en province, pour faire monter en puissance la Norvège en tant que nation lyrique d'un haut niveau international. Reste à savoir en quoi consistera la saison prochaine – l’actuelle, avec Rigoletto, Onéguine et Les Maîtres-Chanteurs est déjà en cours – mais la Norvège espère que Randi Stene parviendra à maintenir à l'affiche l’étoile montante nationale Lise Davidsen entre ses engagements au Met et à Bayreuth.