Olivier Brault, Directeur de la Fondation Bettencourt Schueller : "Le chant a une très forte valeur sociale"
Olivier Brault, vous dirigez la Fondation Bettencourt-Schueller depuis la fin de l'année 2012. Pouvez-vous nous décrire cette institution ?
C'est une maison qui fait tout pour être une très belle fondation. Elle a été créée il y a environ 30 ans par une famille qui aime profondément son pays et qui a voulu contribuer à la réussite et au rayonnement de la France. Elle vise l'utilité publique, croit fondamentalement aux personnes. Elle est engagée dans trois grands domaines dont nous pensons qu'ils contribuent directement au bien commun : les sciences de la vie, les arts et la solidarité. Nous sommes à la recherche de personnes audacieuses, créatrices, enthousiastes, engagées, impliquées, qui cherchent à innover en permanence pour essayer de faire advenir des solutions nouvelles, efficaces et efficientes au regard du grand défi auquel notre pays est confronté. Nous essayons de rencontrer, d'accompagner et d'aider les personnalités talentueuses à aller plus loin, à développer leur projet, à franchir des caps et à donner plus d’ampleur et de reconnaissance à cette dimension vitale de notre pays. Nous faisons cela avec beaucoup de continuité : nous ne cherchons pas à faire des coups, mais à choisir des sillons et à les travailler longtemps. Le temps long est le temps de la vraie vie.
Pourquoi avoir sous-segmenté ces trois domaines d’activité ?
Nos domaines d’intervention sont trois mondes immenses dans lesquels nous pourrions nous perdre. Même si nous sommes une très belle fondation qui a été très bien dotée par une famille généreuse, nous sommes une petite structure privée qui veut apporter la contribution la plus grande à l'intérêt général. Pour cela, il faut absolument éviter la dispersion. Nous avons donc défini dans ces trois domaines des programmes dans lesquels nous pouvons avoir une action stratégique : des secteurs restreints, qui ont un début et une fin et dans lesquels il y a des acteurs spécialisés, des éléments de politique publique plus ou moins développés, des journalistes plus ou moins spécialisés et des partenaires. Nous pouvons dès lors comprendre quels sont les besoins et les tentatives déjà mises en œuvre. On peut essayer de trouver un positionnement complémentaire à ce qui existe déjà afin d'apporter notre contribution la plus grande possible. On peut également budgéter une action, la travailler dans le temps long.
Au sein de la culture, vous avez choisi de vous intéresser aux métiers d'art, aux films et documentaires et au chant choral. Pourquoi avez-vous choisi ces domaines-là ?
Chacun de nos programmes a son histoire au sein de la Fondation. Notre engagement dans les métiers d'art repose sur une conviction très profonde selon laquelle il n'est pas juste ni fondé que notre pays porte un regard dépréciatif sur les métiers manuels, que nous considérons facilement comme des métiers pour ceux qui ne sont pas assez brillants pour faire Polytechnique. Cela nous paraît infondé quand on considère l'extraordinaire trésor que représente l'héritage des savoir-faire traditionnels, artisanaux mais aussi d'excellence, poussés à des niveaux inouïs, lesquels sont enracinés dans notre histoire, territorialement ancrés un peu partout en France et correspondant à des activités parfois vitales pour certaines régions. Aussi, depuis une vingtaine d'années, nous sommes-nous engagés pour les mettre en lumière et essayer de changer le regard habituellement jeté sur ce secteur incroyable, et surtout pour récompenser les personnes qui ont le courage de choisir ces métiers-là. Plus nous basculons dans la société digitale, dans l'ère du clic, plus nous redécouvrons l'incroyable valeur portée sociologiquement par l'univers des métiers d'art. Il y a aujourd'hui une bascule à l’œuvre et nous sommes heureux d'y avoir modestement contribué.
Le deuxième programme dans la culture concerne les films et documentaires : pourquoi ?
C'est peut-être un peu moins structuré. Nous n’avons pas vocation à être des acteurs de l'industrie du cinéma : il y a des organismes publics et privés qui sont spécialisés dans ce domaine, des banques, des sociétés de financement. Tout cela est très bien structuré et il est moins pertinent qu'une fondation privée d'intérêt public comme la nôtre s'implique de façon structurelle et durable dans cet engagement-là. Nous avons dans l'histoire de la Fondation rencontré plusieurs fois des réalisateurs français d'immense talent, avec lesquels nous avons écrit des histoires. La plus belle est celle écrite avec Jacques Perrin, qui est un faiseur de rêves sans équivalent et qui a à plusieurs reprises rencontré la famille Bettencourt. Cette dernière a voulu soutenir plusieurs de ses productions, notamment Le Peuple migrateur, Océan, Microcosmos, ou encore Les Saisons, sorti il y a deux ans. Cette histoire s'est ensuite développée avec d'autres réalisateurs. Nous avons par exemple travaillé avec Nicolas Hulot, Luc Jacquet ou encore Yann Arthus-Bertrand. Tout cela nous a conduits, l'année de la COP21, à essayer de les rassembler dans le cadre d'un mini-festival ayant pour but de porter la voix de ces très grands réalisateurs français, qui avaient tous décidé, avec leur parti-pris esthétique, d'embrasser la cause écologique.
Venons-en au chant choral, votre troisième programme : pourquoi ce choix ?
Cela est là encore né d’une conviction que nous avons : le chant est une pratique artistique qui fait société. Quand on chante ensemble, on forme un groupe et on ne peut plus se taper dessus. Ce n'est pas un hasard si les équipes de football chantent leur hymne national avec les personnes qui viennent les encourager avant les matchs. Il y a un corps de valeurs autour de la pratique du chant qui est fantastique. Si nous analysons le chant, nous remarquons qu'il s'agit d'abord d'un art personnel, auquel chacun peut se frotter. Il y a une dimension épanouissante dans la maîtrise du souffle, de sa posture, de sa musculation, dans la performance vocale elle-même comme dans toute performance musicale. Or, la pratique vocale ne nécessite pas d'instrument : le corps devient lui-même l'instrument. Cette première valeur, qui est personnelle, s'enrichit d'un deuxième niveau qui est celui de la performance collective, où chacun doit apprendre non seulement à être un bon chanteur, mais aussi à être un bon chanteur de groupe. Il faut savoir selon les cas, selon les interprétations et ce que l'on chante, si l'on se fond dans le groupe, ou si, au contraire, on apporte sa contribution dans la polyphonie. Il y a là une magie absolue qui émeut particulièrement : le chant choral embrasse ainsi un troisième cercle, celui des gens qui écoutent. Le chant a ainsi une très forte valeur sociale, dont nous avons souhaité soutenir la vitalité.
Ce portefeuille de programmes est-il voué à évoluer dans le temps ?
Il évolue dans le temps long car lorsqu'on change d'avis tous les trois matins on ne fait pas grand-chose. La Fondation a trente ans et notre action pour les métiers d'art a commencé il y a vingt ans. Peut-être qu'un jour nous aurons l’impression d’avoir accompli notre mission et nous passerons à autre chose. Ainsi, nous avons pendant longtemps soutenu directement le patrimoine. Cependant, au début des années 1990 a émergé un acteur extraordinaire qui est la Fondation du patrimoine. Notre fondation l'a beaucoup aidée à se créer et à se développer. Nous en sommes encore maintenant un grand donateur : nous travaillons à présent avec eux et leur laissons ces sujets-là. Comme ils sont également dans les métiers d'art, il y a une sorte de complémentarité qui se crée entre eux et nous.
Comment évaluez-vous les projets que vous soutenez ?
Les projets sont le plus souvent pluriannuels. Lorsque l'on soutient une personne, une équipe, une organisation, c'est au minimum pour trois ans, quelquefois cinq ou plus encore. De plus, ce soutien peut être renouvelable. Chacun de nos soutiens est conventionné. Nous n’offrons pas juste de l'argent, mais d'abord une rencontre, et de cette rencontre naît un accord entre les deux parties sur ce qu'il s'agit de faire ensemble. Nous essayons de comprendre en profondeur où en est la personne ou l'organisation quand elle vient nous voir. Par exemple, le Centre International d'Art Verrier de Meisenthal est une ancienne maison de fabrique verrière qui s'est reconvertie dans la transmission des savoir-faire et dans l'encouragement à la création. Elle est maintenant en train de basculer dans un projet de passage à l'échelle avec un investissement considérable fait par les pouvoirs publics locaux. Nous attachons à ceux que l’on soutient des objectifs très précis et très concrets qui sont contractualisés et suivis dans le temps. Cela crée de la clarté pour tout le monde : notre aide est fléchée pour une cause particulière. Aussi, quand cette cause est atteinte, notre aide prend fin sans créer de dépendance, afin de ne pas faire de mal au passage.
Quels moyens mettez-vous en œuvre pour cela ?
Nous incitons beaucoup les gens à s'interroger sur leur propre impact et les invitons à faire des études d'évaluation. Nous les partageons avec eux et quelquefois nous les finançons parce que c'est également très positif pour notre organisation de s'interroger sur l'activité concrète qu'elle a, sur les gens avec lesquels elle s'organise. Enfin, quand les demandes de soutien se renouvellent, ce qui arrive quelquefois, nous avons recours à des évaluations de nos partenariats eux-mêmes. Nous demandons à une tierce personne de comprendre ce que notre soutien a produit en vérité. Cette démarche est très intéressante, parce qu'on y gagne tous. L'organisation y gagne et nous aussi. Cela nous fait progresser dans notre capacité à bien écouter, à bien comprendre l'autre et à bien nous positionner.
Dans le domaine du chant choral, vous co-organisez le prix Liliane Bettencourt qui lui est consacré. En quoi consiste ce prix ?
Le prix va connaître en 2018 sa 28ème édition. Il est le fruit d'une création commune entre la Fondation et l'Académie des Beaux-Arts. Il a connu deux grandes phases. La première a duré 25 ans, la deuxième a commencé en 2016 après une année 2015 au cours de laquelle nous avons redéfini notre stratégie. Nous nous sommes remis en cause afin d’apprécier le travail qui avait été fait, en voir les valeurs, mais aussi les limites et les pistes d'amélioration. Nous avons identifié ces pistes et nous avons amélioré le prix. Une nouvelle phase a donc commencé en 2016, laquelle nous donne pour l'instant une entière satisfaction. Ce prix veut soutenir à la fois le meilleur du chant choral français avec le développement des chœurs professionnels, mais en même temps des maîtrises et des formations pour les enfants. Nous nous sommes aperçus avec Thierry Escaich, qui est le président du jury, qu’il y avait quelque chose d'incorrect à intégrer à la même compétition les maîtrises d'enfants et les organismes professionnels. On ne peut pas non plus créer un Ensemble Pygmalion chaque année car cela finirait par bousculer le paysage vocal français : il faut laisser aux structures existantes un espace pour se développer et se structurer. Nous avons donc réservé l'édition de l'année dernière aux chœurs et aux maîtrises d'enfants.
Qu’en est-il de l’édition 2018 ?
L'année 2018 sera réservée aux chœurs professionnels. L'appel à candidatures démarre ce jeudi 11 janvier. Durant les mois de mai et juin, nous expertiserons ces candidatures afin de vérifier qu’elles sont recevables, car il faut naturellement que tout le monde soit traité de la même manière. A partir de cette étape, la Fondation n’est plus impliquée dans le processus : les candidatures sont transmises au jury qui opère un premier tour de pré-sélection, puis se réunit quelques semaines plus tard pour choisir le lauréat parmi les finalistes.
Y a-t-il des auditions des chœurs ?
Il n'y a pas d'audition en live parce que ce serait trop compliqué. Il n'est pas réaliste de faire venir une sélection de maîtrises, chacune composée de 45 enfants. En revanche, dans le dossier de candidature, nous demandons un CD ou quelque chose sous format numérique avec au moins une demi-heure de musique dans une variété de pièces, dont la moitié enregistrée en live, qui permet au jury de se faire une idée du répertoire, de la qualité de la prestation de l'ensemble. Il peut y avoir également un dossier écrit composé par les responsables des organisations candidates et qui explique le projet pédagogique, son ampleur, les partenariats que l'organisation a développés, la programmation des dernières années et de celles à venir. Naturellement, les membres du jury sont des personnalités du monde musical qui écoutent de la musique tout le temps. Il est rare que les candidats n'aient pas déjà été entendus par eux.
A titre d'exemple, combien de candidatures y avait-il l'année dernière ?
C'est merveilleux, il y en avait 33. Comme, lors des années passées, nous avions un concours qui mettait tout ensemble des chœurs professionnels et des maîtrises d'enfants, nous n'avions pas une vision très fine de la réalité maîtrisienne de notre pays. Leur réserver cette édition nous a permis de récolter de nombreuses informations sur cette réalité. Il est très intéressant de comparer les avantages et les inconvénients de chaque formule, entre les maîtrises de cathédrale, les maîtrises de conservatoire, les formations créées récemment, de voir quelles sont les grandes tendances dans la pédagogie, comment se gère le temps scolaire ou la relation à l'éducation nationale et de comprendre avec quoi il faut compléter l'enseignement des techniques vocales. Nous avons constaté que notre pays souhaite faire chanter davantage, notamment dans les écoles, ce qui est une très bonne nouvelle. On se dit que si on réalise comme cela, de manière régulière, un sondage sur la réalité de l'art vocal en France chez les enfants mais également au sein des chœurs professionnels, cela va affiner notre vision des choses.
Publierez-vous une synthèse de ces informations ?
Pour l'instant c'est assez neuf. Cela nous permet simplement d'accroître la pertinence de notre engagement. En revanche, si l'on arrive un jour à quelque chose de solide, nous le partagerons probablement.
Que gagnent les lauréats de ce prix ?
D'abord, ils gagnent 50 000 euros de dotation. Pour certains, c'est énorme, mais pour d’autres, ce n’est pas grand-chose : cela a forcément moins de valeur pour Pygmalion, étant donné son budget de fonctionnement, que pour une petite chorale. A cette dotation s'ajoute un accompagnement, qui est une deuxième enveloppe de 100 000 euros que nous leur donnons dans les deux à trois ans qui suivent, afin de mettre en œuvre leur projet de développement, qui peut être artistique, entrepreneurial ou encore de communication. On est dans le sur-mesure. Il y a ensuite une remise de prix qui se fait en deux temps, avec deux cérémonies. La première se fait sous la coupole de l'Institut de France à l'occasion de la séance de rentrée qui a lieu chaque mois de novembre [dont nous vous avons rendu compte ici, ndlr]. Puis, la Fondation organise un concert qui vise à valoriser le chant choral dans sa diversité et dans lequel nous laissons toujours une belle place aux lauréats du prix. La Maîtrise de Toulouse, lauréate du prix l'année dernière, s’y produira avec d'autres formations. La quatrième chose que gagne le lauréat, c'est un peu de notoriété. Notre ambition est que ce prix soit reconnu comme un label, qu'il ait de plus en plus de valeur pour ceux qui le gagnent. Il y a un joli palmarès, un jury de qualité, et nous essayons d'améliorer les choses en permanence. C'est un coup de projecteur qui fait du bien parce que le chant choral n'est pas la discipline la plus glamour et la plus fracassante.
Qui peut se porter candidat ?
Tout chœur professionnel peut déposer un dossier. Il doit simplement être français et n’avoir jamais reçu le prix de la Fondation.
Et comment les candidats doivent-ils procéder ?
Ils peuvent se connecter sur le site de la Fondation Bettencourt [ou suivre ce lien, ndlr] et se laisser guider. Il y a un formulaire qu'il suffit de remplir avant la date limite. Naturellement, notre équipe est à la disposition de toute personne désireuse d'être candidate et qui se pose la moindre question, dans le respect du strict principe d'égalité des candidatures.
Qu'attendez-vous du lauréat de cette année ?
D'abord qu'il soit candidat ! J’attends qu'il contribue à la régénération des chœurs professionnels. Il y a de très belles formations anciennes, y compris des maîtrises publiques professionnelles dans des radios ou des opéras, qui sont des piliers du paysage du chant choral français. Et à côté de cela, il y a de nouveaux ensembles, souvent créés par des musiciens qui, plutôt que de chercher une place individuelle dans le paysage musical, ont envie de créer la place de leur ensemble. Il ne faut pas qu'il y ait trop de compétitions, surtout dans une période historique où il y a des repositionnements aussi bien du côté de l’État que de celui des collectivités territoriales. Il ne faut pas fragiliser ce secteur. En même temps, il est bon d'entretenir la nouveauté, qui peut se manifester par de nouveaux parti-pris esthétiques, la redécouverte de tel pan du répertoire ou une relation nouvelle avec le public. Nous allons nous laisser surprendre puisque notre fondation ne choisit pas ses lauréats. Nous avons un jury très exigeant, et nous comptons sur lui pour choisir celui qui est digne d'obtenir ce Prix.
Après cinq ans à la tête de la Fondation, quels projets ont été les plus marquants pour vous ?
Il y en a énormément, d'autant que nous avons huit ou neuf programmes. J'ai donc en tête un kaléidoscope de projets fantastiques avec lesquels nous nous sommes engagés. Nous avons pris des initiatives parfois très importantes par leur ambition, notamment vis-à-vis des ressources que l'on engage, mais aussi par rapport à l'impact qu'elles peuvent avoir. Je pense notamment au domaine de la recherche biomédicale. Dans le domaine éducatif, nous avons également développé beaucoup de projets pour que notre société soit plus ouverte à tout le monde et que chacun puisse trouver sa place, en particulier l'acquisition des savoirs les plus fondamentaux, comme la lecture. Ensuite, il y a de très beaux programmes liés à l’insertion professionnelle et sociale, avec des projets comme l'Institut de l'Engagement, créé pour valoriser les jeunes qui ont donné six mois ou un an de leur vie pour les autres, notamment dans le cadre d'un service civique, et qui dans cette expérience ont démontré un talent que le système traditionnel n’a pas reconnu. L'Institut de l'Engagement veut être l'équivalent d'une grande école pour ces personnes. Il les récompense pour qu’elles reprennent soit un parcours d'étude, soit un parcours d'accès à l'emploi, soit encore de création d'activité, afin qu’elles développent leur talent et que la société puisse en profiter. Nous nous occupons dans tous les cas de l'Homme qui pense, qui cherche, qui crée, qui est en interrelation. La vision de la Fondation est optimiste et confiante : l'Homme est un être fantastique, plein de ressources, capable d'engagement, de passions, d'énormément de générosité, de courage, d'échecs et de résilience, de réalisations pour faire la différence de manière positive auprès des autres. C'est cette conviction profonde qui est à l'origine de la Fondation Bettencourt-Schueller, et que nous essayons de faire vivre au quotidien.
A titre plus personnel, quel rapport entretenez-vous avec l'art ?
J'ai chanté dans un chœur lorsque j'étais jeune. J'ai gardé un très fort souvenir de cette expérience. Ma femme et ma fille sont musiciennes professionnelles. Je retiens une expression fantastique de Michel Serres : « Un chœur, c'est le modèle avancé de la société idéale ». J'ai parfois fait chanter des comités de direction dans des organisations professionnelles. J'ai constaté que cela déclenche un investissement humain extraordinaire. Dans cette époque où la question du bien-être dans l'engagement professionnel est absolument fondamentale, où la qualité des relations est décisive pour la performance des organisations, c'est aussi quelque chose à retenir. Il ne s'agit pas d'instrumentaliser la musique. La musique ne fait pas qu’adoucir les mœurs, elle favorise le bien-être collectif. Puisque j'ai la chance de diriger cette fondation, j'essaye de donner le maximum d'impact à cette belle idée.