Présentation de la production
L’Elisir d'amore est à Donizetti ce que Il Barbiere di Siviglia est à Rossini : son passeport pour l’éternité. À l’instar du chef-d’oeuvre comique de son glorieux aîné, la partition fut d’ailleurs achevée en moins de quinze jours. Le succès de l’entreprise n’allait cependant pas de soi : le compositeur venait en effet d’essuyer un échec cuisant à la Scala de Milan avec Ugo, conte di Parigi, et surtout, Alessandro Lanari, impresario du théâtre rival, n’avait guère mieux à lui offrir qu’« une prima donna allemande, un ténor qui bégaie, un buffo qui a une voix de chèvre et une basse française qui ne vaut pas grand-chose, mais à qui nous devons rendre honneur. » La musique du compositeur de Bergame, sa « ligne vocale tantôt brillante, tantôt vivante, tantôt colorée », entre autres éloges du critique de la Gazzetta di Milano, agirent-elles sur ces piètres chanteurs – mais l’étaient-ils vraiment à ce point ? – comme le fameux élixir du Docteur Dulcamara, en réalité une bouteille de Bordeaux, sur Nemorino ? Ou bien le public fut-il d’emblée conquis par cet alliage si justement dosé de comédie et de poésie qui, dans la romance du ténor, cette « furtiva lagrima » dont le charme n’a jamais cessé d’opérer, relève de l’alchimie ? Ivre d’amour pour l'Adina d'Aleksandra Kurzak, Roberto Alagna incarne l’un de ses rôles fétiches pour la première fois à Paris, dans la mise en scène de Laurent Pelly.