Argument
Acte I
Dans une forêt, le chevalier Gurnemanz, vigoureux malgré son âge, dort à l’ombre d’un arbre, accompagné de deux écuyers. Soudain, il se lève et éveille ses compagnons, et les invite à la prière. Puis, il les invite à se préparer à accueillir le Roi Amfortas venant prendre un bain pour tenter de soulager sa douleur (« He ! Ho ! Waldhüter ihr »).
C’est alors que paraît Kundry qui apporte un baume ramené d’Arabie spécialement pour le Roi (« Seht dort die wilde Reiterin ! »). Justement, celui-ci est amené sur une civière : il déclare espérer le "fou au cœur pur", seul à pouvoir soulager ses maux. En attendant, il est finalement porté dans son bain, où le baume de Kundry lui est appliqué (« Recht so ! Habt Dank ! »). Gurnemanz défend alors Kundry, qui rend de nombreux services à la confrérie, contre des écuyers qui la maltraitent, la prenant pour une sorcière. Il explique qu’en effet le ciel ne l’a pas encore pardonnée de terribles pêchés anciens (« Nicht Dank ! Was wird es helfen ? »). Il raconte également comment Amfortas s’est autrefois rendu dans le château du terrible mage Klingsor muni de la Sainte Lance, celle qui fut utilisée pour percer le côté du Christ en Croix : subjugué par une femme, il se l’est alors fait dérobé par le mage maléfique. Depuis, une blessure lui procure une intense souffrance. Las, protégé par le Graal, le Calice ayant servi au Christ lors de la Cène, il est immortel et reste depuis condamné à une douleur sans fin (« Oh, wunden-wundervoller »).
Interrogé sur Klingsor, il raconte également que le Graal et la Sainte Lance furent jadis confiés par des anges à Titurel, le père d’Amfortas, qui créa pour les protéger l’ordre des chevaliers du Graal. Seuls les justes peuvent rejoindre cet ordre. Ils reçoivent alors du Graal force et immortalité. Or, Klingsor fut exclu de l’ordre après s’être émasculé pour ne point céder au péché charnel. Il transforma alors le désert en jardin luxuriant où fleurissent des femmes aux attraits diaboliques, les femmes-fleurs, qui attirent les Chevalier du Graal pour les conduire au péché et en faire ses esclaves. A présent qu’il détient la Sainte Lance, Klingsor entend se rendre propriétaire du Graal (« Titurel, der fromme Held »).
Soudain, un cygne, animal sacré, tombe au milieu d’eux, blessé par une flèche. Un étranger est amené et reconnait être le parfait tireur qui abattit l’oiseau en vol. Devant le désarroi des chevaliers, l’homme se repend de son geste. Interrogé par Gurnemanz, il dit ne rien connaitre de son passé, pas même son nom (« Weh' ! Weh' ! Hoho ! Auf ! Wer ist der Frevler ? »). Il confie toutefois avoir une mère, Herzeleide. Kundry explique alors que son père, Gamuret, est mort au combat en Arabie. Pour lui éviter un tel sort, sa mère l’a élevé isolé, en faisant un Fou. L’homme ajoute qu’il a voulu un jour suivre des cavaliers. Mais les ayant perdus, il a quitté sa mère à leur recherche, développant une force surhumaine pour se défendre des attaques. Kundry lui apprend alors que sa mère est morte depuis. La rage s’empare de l’étranger : Kundry lui apporte de l’eau qui l’apaise, puis s’éloigne et est prise d’une grande lassitude. Elle s’endort, hors de vue (« Nun sag' : nichts weisst du, was ich dich frage »). Soupçonnant que l’étranger pourrait être l’élu, il l’invite à assister à la cérémonie du Graal (« Vom Bade kehrt der König heim »).
Dans le Sanctuaire du Graal où les chevaliers sont réunis, Gurnemanz entre, accompagné de l’étranger. Une procession apporte ensuite Amfortas sur sa civière ainsi que le Saint Graal, recouvert (« Nun achte wohl, und lass mich sehn »). La voix de Titurel, le père d’Amfortas maintenu en vie par la vue régulière du Graal malgré son grand âge, résonne, réclamant qu’Amfortas célèbre l’office. Ce dernier, bien que conscient cet office le maintient également en vie, prolongeant l’immense douleur provoquée par sa plaie irrémédiablement béante, s’exécute (« Mein Sohn Amfortas, bist du am Amt ? »). Il présente le Graal à l’assemblée, qui se courbe d’extase à sa vue (« Enthüllet den Gral ! »). Les chevaliers reproduisent les gestes de la Cène (« Wein und Brot des letzten Mahles »). Resté seul avec l’étranger à l’issue de la cérémonie, Gurnemanz constate que ce dernier n’a pas compris ce qu’il a vu. Voyant son espoir d’avoir trouvé l’Elu déçu, il le chasse. Une voix céleste lui rappelle alors la prophétie : "Pitié rend sage, le fou au cœur pur" (« Was stehst du noch da ? »).
Acte II
Dans une tour de son château, le mage Klingsor attend l’arrivée du Fou qui approche. Il éveille alors l’Innommée, qui fut les incarnations d’Herodias (mère de Salomé, responsable de la mort de Jean le Baptiste) puis Gundryggia (figure légendaire scandinave), à présent appelée Kundry. Son pouvoir l’a en effet attirée, endormie, afin qu’elle séduise le Fou comme elle a autrefois séduit et perdu Amfortas (« Die Zeit ist da »). Mais cette dernière résiste à l’ordre (« Ach ! Ach ! Tiefe Nacht... Wahnsinn... ») : Klingsor envoie donc ses chevaliers rendus esclaves par les charmes de ses filles-fleurs combattre le jeune homme qui approche. Du haut de sa tour, il observe cependant sa horde se faire défaire par cet homme seul. Finalement prisonnière du pouvoir du mage, Kundry part conquérir le jeune Fou (« Ho ! Ihr Wächter ! Ho ! Ritter ! »).
Dans les jardins, les filles-fleurs accourent, horrifiées par le sort des chevaliers mutilés par le Fou (« Hier war das Tosen »). Mais rapidement, elles cherchent à séduire le vaillant jeune homme, qui les repousse, embarrassé (« Komm ! Komm ! Holder Knabe ! »).
Kundry paraît, renvoie les filles-fleurs et appelle le jeune Fou par le nom que lui donnait jadis sa mère : Parsifal (« Parsifal ! Weile ! »). Kundry lui dit connaitre son passé et lui rappelle son enfance près de sa mère. Elle lui apprend que sa mère est morte de douleur lorsqu’il l’a quittée pour suivre les chevaliers (« Dies alles, hab' ich nun geträumt ? »). Alors que le remord et la culpabilité s’emparent de Parsifal, Kundry se montre réconfortante et l’embrasse (« Wehe ! Wehe ! Was tat ich ? »). Soudain, piqué par ce baisé et porté par la pitié qu’il ressent pour sa mère, selon la prophétie selon laquelle "Pitié rend sage, le fou au cœur pur", Parsifal a accès à la connaissance. Comprenant alors ce qui est arrivé à Amfortas, il rejette Kundry (« Amfortas ! Die Wunde ! »). Kundry confesse avoir vu le Christ alors que ce dernier, éprouvant la souffrance humaine, portait la croix, et avoir ri de lui. Elle réclame à Parsifal une heure d’amour afin de la libérer de la malédiction qui la poursuit depuis. Parsifal refuse, ne pouvant délaisser sa mission, ne serait-ce qu’une heure. Il offre la grâce à Kundry si elle lui indique le chemin le ramenant jusqu’à Amfortas. Folle de rage d’avoir été repoussée, Kundry refuse et révèle que la blessure d’Amfortas lui a été causée par Klingsor avec la Lance qu’il venait de lui subtiliser (« Grausamer ! Fühlst du im Herzen »). Elle maudit Parsilfal afin qu’il ne retrouve jamais trace d’Amfortas, et le livre à Klingsor. Ce dernier surgit et tente de percer le flanc de Parsifal de la Sainte Lance. Mais cette dernière s’immobilise dans les airs : Parsifal s’en empare et, d’un signe de croix, réduit en poussières le château et les jardins de Klingsor. Il part alors guérir la plaie d’Amfortas (« Vergeh, unseliges Weib ! »).
Acte III
Des années plus tard, dans la forêt, le jour du vendredi saint, Gurnemanz, marqué à présent par le poids des ans, vit tel un ermite. Un grognement retentit, attirant son attention : il découvre Kundry endormie à l’abri d’un buisson, et la réveille. Aussitôt, celle-ci se lève, répétant sans cesse le mot "Servir" (« Von dorther kam das Stöhnen »). C’est alors qu’un étranger s’approche. Après s’être exaspéré de n’obtenir de lui aucune réponse Gurnemanz reconnaît à la foi le Fou qu’il avait autrefois chassé, et la Sainte Lance (« Heil dir, mein Gast ! »). Après un moment de prière, Parsifal, vieilli également, explique avoir erré longtemps et avoir beaucoup souffert. Gurnemanz, de son côté, explique qu’Amfortas, las de stimuler sa douleur et son tourment, a cessé de présenter le Graal. Privés de la force du Saint Calice, Titurel est mort et les chevaliers ont perdu leur vitalité inépuisable. Parsifal s’accuse d’avoir tant tardé et s’effondre. Kundry s’empresse de lui apporter de l’eau (« Heil mir, dass ich dich wieder finde ! »).
Mais Gurnemanz refuse que Parsifal s’abreuve d’une eau quelconque : il puise donc de l’eau de la Source sacrée. Espérant se racheter, Amfortas a promis de présenter le Graal à l’occasion du vendredi saint : Gurnemanz y emmènera Parsifal. Pendant ce temps, Kundry lave les pieds de Parsifal, puis les oint de baume et les essuie avec ses cheveux. De son côté, Gurnemanz lui prodigue l’onction royale. Dès lors investi de fonctions sacrées, Parsifal puise de l’eau dans la fontaine et en baptise Kundry (« Nicht so ! Die heil'ge Quelle selbst »). Parsifal s’émerveille de la beauté renaissante des lieux, ce que Gurnemanz interprète comme le miracle du vendredi saint (« Wie dünkt mich doch »). Les cloches du château du Graal se faisant entendre, ils se rendent ensemble à la cérémonie du Graal (« Mittag : Die Stund' ist da »).
Dans le sanctuaire, l’office se prépare : Amfortas et le Graal recouvert sont amenés d’un côté tandis que le cercueil de Titurel est présenté de l’autre (« Geleiten wir im bergenden Schrein »). Amfortas laisse exploser son remord d’avoir laissé son père mourir, regrettant de n’avoir pas perdu la vie lui-même. Pourtant, refusant d’insuffler de nouveau la vie dans ses veines, il refuse de prononcer l’office comme il s’y était engagé (« Ja, Wehe ! Wehe ! Weh' über mich ! »). Parsifal paraît alors et touche la plaie d'Amfortas de la pointe de sa Lance. Aussitôt, la plaie se referme et la douleur disparaît, plongeant Amfortas dans une divine extase (« Nur eine Waffe taugt »). Parsifal expose alors le Graal. A sa vue, Kundry s’affaisse et meurt, purifiée et apaisée. Les chevaliers tombent à genoux et chantent la gloire du Rédempteur (« Höchsten Heiles Wunder ! »).